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Le cœur de Lousy était accroché au football et à Yverdon Sport
Jean-Louis Bornoz, dit Lousy, l’an dernier. ©Michel Duperrex

Le cœur de Lousy était accroché au football et à Yverdon Sport

7 octobre 2021

Molondin - Ancien joueur d’élite, Jean-Louis Bornoz s’est éteint la semaine dernière dans sa 86e année, après avoir vibré pour Yverdon Sport.

«C’était un Yverdonnois pur sucre et il l’est resté toute sa vie. Il a vécu pour et par le football. Il aimait la vie. Lui aimait sortir et moi j’étais plutôt casanière. On se complétait bien. Il était très agréable à vivre.» En quelques phrases, Bluette Bornoz-Peytrignet résume et rend hommage à l’homme de sa vie, Jean-Louis Bornoz, décédé vendredi dernier.

Car Lousy, comme l’appelaient affectueusement ses proches et amis, mais aussi tous ceux qui fréquentaient le Stade municipal, était un visage, un sourire, qu’il faisait bon rencontrer.

Le football a occupé une grande place dans sa vie, jusqu’au dernier moment. Alors qu’il était affaibli, il demandait à son épouse de placer près de son lit la photo de l’équipe championne de Suisse de 1re ligue en 1956, un titre dont il était particulièrement fier, et qui l’a propulsé plus tard au Lausanne-Sport, en Ligue nationale A.

Né à Yverdon, dans une famille qui tenait le Café de la Promenade, rue des Jordils, Lousy est resté viscéralement attaché à sa ville. Même s’il s’était établi depuis de nombreuses années à Molondin, le village de son épouse. Celle-ci l’a rencontré en 1955, lorsqu’elle a été invitée par une amie à Yverdon. Le courant est passé entre les deux jeunes gens et ils se sont mariés en 1957, s’installant peu après dans la capitale vaudoise, lorsque Lousy a rejoint le LS.

 

«Le stade, c’était un peu sa maison. Je ne sais pas pourquoi, mais on avait des affinités. Il m’a pris en sympathie et moi aussi.» Vito Bevilacqua, ancien entraîneur d’YS

 

De cette période, Lousy a gardé un souvenir lumineux et une grande fierté. Il a notamment disputé une finale de Coupe de Suisse contre Bellinzone, que les Vaudois ont remportée 4-0 après prolongations, dans l’ancien Wankdorf de Berne, garni de 23 000 spectateurs. Entré en cours de match, Lousy, milieu de terrain, a eu une action déterminante dans ce succès.

Des quatre saisons passées au LS, avec une brève incartade au FC Sion, l’Yverdonnois a gardé un souvenir lumineux, qui a contribué à son image dans le petit monde du football nord-vaudois.

Le défunt avait une formation de menuisier mais, très rapidement il a fait valoir son entregent et sa facilité de contact en devenant représentant. Il a notamment œuvré durant plus de trente ans pour les Cafés Villars.

Une finale de Coupe de Suisse

«Je l’ai connu jeune footballeur et j’ai le souvenir de cette finale de Coupe contre Bellinzone. Je devais avoir 10 ans et j’étais en admiration», témoigne Mario Comisetti. Ce dernier a retrouvé Lousy bien des années plus tard, lorsqu’il a pris les rênes de la première équipe d’YS en 2e ligue.

A cette époque, le club était présidé par Jean-Claude Lassueur, et Jean-Louis Bornoz en était le vice-président. C’était le début d’une véritable «remontada», marquée par un match d’appui gagné 1-0 face à Stade Payerne – but de Monnard, parti à la limite du hors-jeu – sur le terrain de La Tour-de-Peilz, et qui a abouti, au début des années 90, à la promotion en LNA, sous la direction de Bernard Challandes, qui avait été précédé par un autre entraîneur à succès, Daniel Debrot, sous la longue présidence de François Candaux.

A son club de cœur, Lousy a donné beaucoup de temps, s’occupant de multiples tâches. «Je l’ai eu comme entraîneur, alors que j’étais junior. C’était une époque où la première équipe inspirait le respect», se souvient Michel Fleury, instructeur ASF.

L’amicale des anciens

Homme de contact, ayant toujours le mot pour rire, Jean-Louis Bornoz a souvent donné des coups de main aux dirigeants de son club de cœur. Encore sous la présidence de Paul-André Cornu, il passait régulièrement au Stade municipal pour soutenir les responsables du marketing, qui lui confiaient certaines tâches.

L’ancien joueur et entraîneur d’YS Vittorio Bevilacqua en garde un souvenir ému: «C’était un malade d’Yverdon. C’était un ami et je suis triste de le perdre. Lorsque j’étais entraîneur, il venait régulièrement suivre les entraînements. Le stade, c’était un peu sa maison. Je ne sais pas pourquoi, mais on avait des affinités. Il m’a pris en sympathie et moi aussi.»

A une époque, les deux hommes avaient pris l’habitude de se retrouver chaque semaine au Restaurant de la Plage, où ils partageaient un moment avec le tenancier Michel Collaud, lui aussi supporter du club yverdonnois.

L’ancien entraîneur d’YS a aussi eu l’occasion de partager des moments avec Lousy à Molondin: «Il nous avait invités avec Smajic. C’est à cette occasion que j’ai fait la connaissance de son épouse Bluette, une personne adorable. Je suis triste pour elle et les enfants.»

L’Amicale et le Panathlon

Lousy aimait aussi fédérer et voir les gens heureux autour de lui. C’est ainsi qu’il était à l’origine de l’Amicale des anciens joueurs d’Yverdon Sport, qui se retrouvaient une fois l’an pour partager un repas, ainsi que leurs souvenirs.

A Molondin, son village d’adoption, Lousy n’est pas resté inactif. Bien intégré, il a participé, des années durant, à l’organisation du Cross des Wasimolo.

Mais c’est au Stade municipal, son port d’attache, qu’il se sentait comme un poisson dans l’eau. Sa passion pour le football avait d’ailleurs été à l’origine de son entrée au Panathlon-Club d’Yverdon-les-Bains, club service formé des représentants des sports, qu’il a également présidé et dont il a été un membre assidu, et un animateur apprécié lors des événements.

Véritable boute-en-train, aimant la vie et la rigolade, Lousy a été un homme fidèle en amitié. Et sans doute l’un des plus solides supporters de son club de cœur, dans les périodes de succès comme dans les moments les plus sombres.

Jusqu’à un passé récent, il venait régulièrement suivre les matches de son équipe favorite. Même si, lors de ses derniers déplacements, il demandait à son épouse de venir le chercher à la mi-temps. En raison de la dégradation de sa santé, il ne supportait plus le bruit.

Il faut dire que Lousy a vécu les dernières années de sa vie comme un véritable miraculé. Il avait surmonté des affections cardiaques et des AVC. Et chaque jour passé était pour lui un jour de gagné. «Parfois il me disait, en levant les bras en signe de victoire: tu vois, treize opérations et je suis toujours là!», témoigne Vito Bevilacqua.

Le cercle restreint des proches et des amis lui a rendu un dernier hommage hier à Molondin. Mais cette vie bien yverdonnoise rappellera certainement plein de souvenirs à plusieurs générations de footballeurs et supporters du club yverdonnois

Isidore Raposo