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Le combat d’une vie en faveur des plus démunis

15 décembre 2016 | Edition N°1893

Yverdon-les-Bains – Désormais à la retraite, François Simonin aura été, pendant plus de vingt ans, le directeur emblématique du Foyer de la Thièle. Portrait d’un homme au grand cœur, qui poursuit coûte que coûte sa lutte pour la solidarité.

A la retraite, François Simonin partage son temps entre ses curatelles et son jardin. ©Michel Duperrex

A la retraite, François Simonin partage son temps entre ses curatelles et son jardin.

Rien ne prédestinait François Simonin à devenir le directeur du foyer situé au Quai de la Thièle n°16, si ce n’est un fort désir de lutter envers et contre toutes les injustices sociales. Désormais à la retraite, l’emblématique directeur aura marqué, pendant plus de vingt ans, les résidents et les collaborateurs du Foyer de la Thièle par son charisme et sa tolérance.

De Marseille à l’Afrique

Maçon de formation, François Simonin se syndicalise très tôt. «Ma mère avait la fibre sociale, c’est elle qui m’a inspiré dans mon militantisme », affirme-t-il. A l’âge de vingt ans, il se rend dans les bidonvilles de Marseille et intègre une organisation chrétienne, afin de soutenir les jeunes issus des quartiers pauvres dans leur formation professionnelle. «A l’époque, je voulais déjà aider les plus démunis, confie François Simonin. La pauvreté que j’y ai vue m’a profondément touché.»

Entre 1971 et 1976, il décide de tout quitter pour le Tchad, dans le cadre d’une mission d’entraide de Swissaid. «Mon retour en Suisse a été très difficile. J’avais laissé ma fille en Afrique, c’est elle qui a motivé mon deuxième voyage au Tchad (1983-1988), révèle ce père de quatre enfants.

A la tête du Foyer de la Thièle

En 1980, sa mère reprend la pension, située au Quai de la Thièle, qui hébergeait, à l’époque, des cheminots et des «cas sociaux», placés par le Service social régional. «A partir de 1992, on a commencé à accueillir des patients avec des troubles psychiques tels que des schizophrènes », explique François Simonin, qui reprend, en 1995, la direction de cette structure.

Au fil du temps, la prise en charge médicale de cet établissement psycho-social s’est développée. Aujourd’hui, le Foyer de la Thièle, reconnu comme fondation à but non lucratif par l’Office fédéral des assurances sociales, compte une infirmière, un assistant social, quatre éducateurs, quatre personnes pour le service hôtelier et une secrétaire pour s’occuper des dix-huit pensionnaires du foyer. «J’espère avoir été un directeur à l’image du foyer, chaleureux et humain, avec des valeurs bien ancrées», confie François Simonin.

De nombreux souvenirs

Durant sa carrière, François Simonin aura vécu toutes sortes d’événements, parfois heureux, parfois tragiques. «Un souvenir mémorable fut l’arrivée d’un jeune universitaire angoissé et en mal d’intégration sociale. Il a finalement réussi à s’en sortir et maintenant il chante du slam, s’émeut le jeune retraité. La fête des proches est également un événement important pour l’ensemble du foyer. Chaque année, les résidants peuvent inviter trois personnes de leur choix. Ce sont toujours des moments de rencontre très chaleureux et enrichissants, lors desquels le personnel fait la connaissance des proches.»

Aujourd’hui à la retraite, François Simonin ne compte pas arrêter son combat en faveur des plus démunis. Il s’occupe notamment de dix personnes placées sous curatelle. «De plus, je compte profiter de mon jardin, c’est une véritable passion», conclut-il en souriant.

Ateliers d’occupation au Foyer de la Thièle
Des résidants à l’oeuvre

Lancée en 2012, l’initiative des ateliers d’occupation pour les résidants du Foyer de la Thièle, reconnue par le Service de prévoyance et d’aide sociale (SPAS), a abouti à la création de nombreuses activités, telles que des cours de cuisine et de jardinage, la mise sur pied d’un bar à café, ainsi que l’atelier Art-Broc pour la rénovation des meubles anciens. «Après de nombreux échanges avec nos partenaires, nous avons constaté que les personnes souffrant de problèmes psychiques ne trouvaient pas d’activité correspondant à leurs compétences, affirme François Simonin. Les ateliers proposés au Foyer de la Thièle tentent de satisfaire les besoins de chacun, en respectant son rythme de travail. Nous encourageons l’esprit d’initiative, la responsabilité et la créativité de nos résidants.» Ces activités sont supervisées par trois maîtres socio-professionnels.

Valérie Beauverd