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Le confinement a favorisé la vocation de pêcheur
Les obstacles sur le lit du Talent, qui en compte encore une vingtaine, vont être assainis. Photo: Michel Duperrex

Le confinement a favorisé la vocation de pêcheur

5 mars 2021

En pleine pandémie, la demande de permis à la journée à explosé.

Après la longue pause hivernale, les pêcheurs vont sortir leurs gaules dimanche au lever du jour. L’ouverture fait partie des rites. C’est aussi l’occasion de s’entretenir avec Guy-Charles Monney, président de la Société vaudoise des pêcheurs en rivières (SVPR), et son principal interlocuteur à l’Etat de Vaud, Frédéric Hofmann, chef de la Section chasse, pêche et surveillance à la Direction générale de l’environnement (DGE).

A l’aube de la nouvelle saison, il vaut la peine de tirer le bilan de la précédente, qui n’a rien de comparable avec les autres. En effet, la pandémie du Covid et le semi-confinement ont suscité d’importants changements dans la vie en général. Au chapitre des plus positifs, on relèvera, au bénéfice de l’environnement en général, l’effondrement du trafic aérien. Evidemment, avec des conséquences économiques notables: l’Aéroport de Genève a conclu l’exercice 2020 avec des pertes colossales.

Le semi-confinement, le télétravail, et l’impossibilité de se réunir, ont contribué de manière générale à un retour à la nature. Les balades à pied et en vélo ont remplacé les fins de semaine dans les capitales européennes. La pêche a bénéficié de ce retour à la nature. En effet, pas moins de 6727 permis journaliers ont été acquis, majoritairement en ligne, contre 4168 l’année précédente! «Il paraît évident que la pandémie a incité les gens à renouer avec la pêche. On y va même pour deux heures», commente Frédéric Hofmann, en révélant la statistique.

Au-delà de ce succès, la gestion de la pêche est étroitement liée à la qualité de l’eau et de l’environnement. Et depuis quelques années, le Canton de Vaud consent de gros efforts dans le domaine de la renaturation. Il est vrai que ces actions sont fortement encouragées par la Confédération, qui en assume une part importante des frais financiers. Et si les résultats de ces opérations – la renaturation du Bey, du Nozon, ou encore de la Brinaz, sont en cours ou en voie d’achèvement dans notre région – sont rapides à l’œil parce que la nature se les approprie rapidement, il faut attendre quelques années en ce qui concerne la faune piscicole.

«Il se pêche moins de truites dans nos cours d’eau qu’auparavant. Parmi les nombreux facteurs incriminés, la quantité, mais aussi la qualité de l’eau, ont une influence certaine», explique Frédéric Hofmann. D’où les importants investissements consentis dans le domaine de l’épuration, à l’image de ce qui se passe en ce moment dans la capitale nord-vaudoise et ses environs. Il faudra donc faire preuve de patience avant d’assister à une véritable reconquête des cours d’eau par la faune piscicole.

En attendant, les opérations de repeuplement permettent d’assurer la pérennité des populations de truites dans les tronçons dégradés… et de satisfaire les demandes des sociétés de pêche, qui participent activement à ces opérations, tant dans l’élevage des alevins que lors des opérations de réintroduction.

Le partenariat autorités-SVPR contribue aussi à une meilleure formation des pêcheurs. Il est passé le temps où n’importe qui s’adonnait n’importe comment à la pêche. La formation SANA, nécessaire pour obtenir le permis annuel, permet de sensibiliser les nouveaux pêcheurs à toutes les particularités de la faune piscicole et, plus largement, à son environnement.

D’ailleurs, la DGE réfléchit à développer des cours en ligne, pour la partie théorique bien entendu. Pour la pratique, les candidats se retrouveront en salle ou sur le terrain. En parallèle, les sections de la SVPR ont développé des écoles de pêche, qui permettent aux jeunes et aux moins jeunes de découvrir cette activité.

Président de la Société vaudoise des pêcheurs en rivières – 40 sections et 1400 membres –, Guy-Charles Monney partage bon nombre des préoccupations de Frédéric Hofmann. Le seul point de tension concerne la truite arc-en-ciel. Les pêcheurs vaudois souhaitent repeupler les cours d’eau avec cette espèce, parce qu’elle résiste mieux aux effets du réchauffement climatique.

«La réglementation fédérale sur la pêche ne permet pas d’introduire des espèces non indigènes. C’est une concurrente potentielle pour nos truites fario, notamment sur les surfaces de frai. On ne soigne pas le mal à la source en introduisant une espèce exotique», explique le représentant de l’Etat.

Cela dit, l’arc-en-ciel est introduite dans certains plans d’eau totalement fermés, notamment dans certains lacs de montagne. Excepté cette divergence, les relations entre la SVPR et ses interlocuteurs de la DGE ne sont contaminés par aucun virus.

Isidore Raposo