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Le cri des oubliés

11 mai 2020 | Edition N°2730

Orges - Le patron d’Art Show Communication hausse le ton.

«Nous sommes très peu d’entreprises à œuvrer dans le domaine de l’événementiel, mais ce n’est pas une raison pour nous ignorer!» Patron d’Art Show Communication, Thierry Despland a vu, en l’espace de quelques semaines, tous ses mandats résiliés. Passé les effets d’annonce, il s’attendait à ce que les autorités s’intéressent à son domaine. En vain. Pourtant, ce sont une bonne vingtaine d’emplois qui sont en jeu.

«En Suisse romande, nous sommes une poignée de sociétés à travailler dans l’événementiel. Nous sommes laissés de côté», déplore Thierry Despland, rencontré vendredi dans ses bureaux d’Orges.

Malgré l’annulation de tous ses mandats, notamment ceux liés aux festivals de musique de Verbier et de Gstaad, qui représentent un chiffre d’affaires de plusieurs centaines de milliers de francs, une petite équipe travaille à préparer l’avenir. Graphiste et décoratrice construisent des maquettes qui permettront de mieux vendre les multiples services de la société. «L’an dernier, j’ai eu jusqu’à vingt-cinq employés. Suite à la crise, j’ai licencié une partie du personnel et une quinzaine de personnes sont au chômage technique. En licenciant, je laisse partir du savoir-faire. J’espère que les personnes dont j’ai dû me séparer seront encore libres lorsque la reprise sera là», poursuit le patron.

Car Thierry Despland n’est pas homme à se laisser abattre. L’attribution du Marché de Noël d’Yverdon-les-Bains pour une nouvelle période de trois ans (La Région de vendredi) a eu un effet motivant. Les organisateurs du festival de musique de Verbier, qui avaient signé un partenariat de trois ans depuis cette année, sont prêts à le reconduire.

Tenir jusqu’à la reprise

Mais ce qui fait souci au patron d’Art Show Communication, ce sont les mois à venir: «Nous avions de nombreux jubilés et anniversaires qui réunissent plusieurs centaines d’invités. À fin juin, nous avons un mandat qui représente 600 000 francs. Si les restrictions actuelles sont prolongées, il faudra y renoncer.»

La société de Thierry Despland a obtenu un crédit Covid, mais il ne lui donne qu’un petit sursis: «Avec un crédit qui représente le 10% du chiffre d’affaires et 50% de charges, il reste 40% à combler…»

Et d’ajouter: «On peut tenir deux ou trois mois comme ça, mais après…» Thierry Despland fonde un certain espoir sur son expérience. Lors des précédentes crises financières, il régnait une volonté de faire repartir les affaires.

Sa crainte avec le Covid, c’est que la peur des gens ne prenne le dessus. Dans tous les cas,
les collaborateurs encore présents et le patron multiplient les opérations de communication, mettant en évidence tous les services, le matériel – mobilier et chalets – ou encore des partenariats en cours de développement avec les offices du tourisme. «Pour vanter ces concepts, nous avons misé sur le visuel», conclut Thierry Despland.


Les faîtières montent au filet

La Fédération patronale vaudoise, la Chambre vaudoise du commerce et de l’industrie, la Chambre immobilière vaudoise et Prométerre ont écrit au Conseil d’État afin qu’il prenne des mesures supplémentaires pour soutenir les entreprises, y compris les plus petites, qui contribuent à dynamiser le tissus économique du canton.

Les organisations faîtières de l’économie cantonale saluent l’annonce de la mise à disposition de 400 millions de francs dans le cadre du bouclement des comptes 2019, mais elles craignent que ce montant ne suffise pas à éviter la catastrophe.

Elles suggèrent au Gouvernement d’augmenter l’indemnité RHT limitée à 3320 francs pour les propriétaires de sociétés anonymes à 5880 francs, soit le même plafond que celui des indépendants bénéficiant des APG (assurance perte de gain). Une autre proposition consiste à verser une compensation financière aux employeurs qui ont du personnel dit vulnérable, d’octroyer une compensation financière à ceux qui occupent du personnel au-delà de l’âge légal de la retraite, et de créer un fonds spécial pour les cas de rigueur.

Outre ces propositions concrètes, les organisations patronales proposent des mesures fiscales afin de favoriser la survie des entreprises, et des emplois qui leur sont liés. Elles demandent aussi un soutien à celles qui engagent un apprenti en août prochain sous la forme de la prise en charge de la moitié du salaire de l’apprenti durant la première année, et des mesures de promotion pour le secteur de la viticulture.

Isidore Raposo