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Le directeur de Travys se lâche
Daniel Reymond a plaidé pour un lobbying constant à Berne. Dans le cas contraire, le Nord vaudois sera largué.

Le directeur de Travys se lâche

10 octobre 2024 | Texte: I. Ro. | Photos: Michel Duperrex
Edition N°3806

Le patron de la compagnie régionale a profité de la tribune du Forum Economie Nord vaudois (FENV) pour livrer son « testament ».

Il faut se méfier des eaux dormantes. C’est la réflexion qui vient à l’esprit après avoir entendu Daniel Reymond, directeur général de Travys, évoquer l’avenir des transports dans notre région. Après 27 ans de service et à quelques semaines de son départ à la retraite, le patron de la compagnie régionale a livré un message du cœur, évoquant le « Nord vaudois oublié » , un véritable testament.

A l’heure de son intervention, on aurait pu craindre quelque assoupissement dans l’asssemblée, eh bien Daniel Reymond a eu le mérite de réveiller les esprits. Il considère en effet que la «ligne du pied du Jura est la grande perdante » dans la stratégie des CFF. Et d’ajouter : « Avec 100 000 habitants, le Nord vaudois est le parent pauvre des transports publics dans ce canton. »

Les modifications d’horaire qui entreront en vigueur à mi-décembre auront des conséquences négatives, avec un rallongement des trajets. Et Daniel Reymond de désigner les adversaires, en présentant une photo de la CTSO (Conférence des transports de Suisse occidentale), qui met en scène un Valaisan et trois Fribourgeois. Et d’y ajouter, en guise de légende: «Il y a du travail à faire sur le plan politique.» Car de son point de vue, l’arbitrage a été fait en faveur de Fribourg et du Valais. Et d’inciter les élus de la région à s’engager dans une action de lobbying constante.

Cela rappelle une vieille histoire dans le domaine autoroutier. Valaisans, Fribourgeois et politiques de la Riviera avaient manœuvré, avec succès, pour que l’A12 soit construite avant l’A1…

Priorité aux marchandises

«Il n’y a pas de volonté de développer cette ligne pour les trains voyageurs » , avertit le conférencier. Dans la stratégie des CFF, la ligne du pied du Jura est destinée au transport des marchandises. Il faut dès lors se battre sans attendre pour défendre les intérêts régionaux à Berne.

Cela dit, dans l’horaire 2025, tout n’est pas négatif. Un étudiant de Sainte-Croix qui se rend sur le campus de Dorigny va gagner 30 minutes par trajet. Quant à la liaison Yverdon-Gorgier (NE), l’intervenant considère qu’il s’agit d’un sucre offert aux Neuchâtelois.

Alors que le raccordement d’Orbe au RER sera «plutôt pour le début 2027 » , Daniel Reymond incite à s’engager pour que la halte CFF d’Y-Parc soit réalisée dans les meilleurs délais. Au sujet de la nouvelle ligne Orbe-Chavornay, le premier coup de pioche sera donné le 11 novembre prochain.

En résumé, les concepts de développement se préparent longtemps à l’avance et il ne faut pas rater le train. On peut espérer que ce discours aura résonné dans les oreilles des politiques présents au Casino d’Orbe.

Cette position a permis d’alimenter le débat organisé en clôture du Forum, duquel il est ressorti que la mobilité, ce sont des choix politiques. Par ailleurs, il faut essayer d’équilibrer les investissements dans le canton.

La question de la gratuité des transports publics est venue de la salle. « On aura des problèmes de capacité » , prédit Daniel Reymond, plutôt favorable à des baisses de prix pour des catégories de voyageurs ciblées.


1500 collaborateurs dont 800 en équipe

Administrateur du Campus Nestlé d’Orbe, Thomas Suter a évoqué le plan de mobilité de l’entreprise, qui favorise clairement le covoiturage. Il faut dire que plus de la moitié des 1500 collaborateurs travaillent en équipe. Les horaires des différentes unités ont été conciliés afin d’élargir les possibilités de partage d’un véhicule. Avec à la clé, une place de stationnement garantie.