Le feu sacré des sœurs forgeronnes
12 août 2014En quelques années, Amélie et Emma Pietrzykowska sont devenues des figures incontournables du Musée du fer de Vallorbe. Rencontre avec deux jeunes femmes qui n’ont pas eu peur de se lancer dans un métier d’homme.
Les sœurs Pietrzykowska ont, pour ainsi dire, toujours baigné dans le monde de la forge, puisque leur père exerce cette activité depuis sa jeunesse. C’est dans l’atelier de celui-ci, aux Clées, qu’elles ont apprise à forger. Outils, limes et couteaux n’ont donc plus aucun secret pour ces deux jeunes femmes pétillantes et dynamiques. Cela fait respectivement huit et quatre ans qu’Emma et Amélie Pietrzykowska travaillent aux Grandes Forges du Musée du Fer. «C’est grâce à notre père que nous sommes venues ici, car il animait déjà le musée en tant que forgeron, souligne Amélie Pietrzykowska, la benjamine. C’est une activité ludique et amusante».
Les Grandes Forges de Vallorbe existent depuis 1495 et sont classées monument historique. C’est dans l’avant-dernière salle du musée que le visiteur curieux peut admirer ce savoir-faire ancestral. «Ici, c’est la scène vivante du musée. C’est toujours intéressant de pouvoir discuter avec les gens tout en fabriquant nos pièces forgées», s’enthousiasment les deux soeurs.
Une journée à la forge de Vallorbe commence, dès le matin, par actionner les six roues à aubes du canal qui font fonctionner toutes les machines des ateliers. Seule une roue alimente l’atelier de la forge. Après avoir allumé le feu dans le foyer, Emma et Amélie se préparent à frapper l’acier. «Physiquement, ce n’est pas une activité pénible. Quand il fait mauvais temps dehors, c’est même très agréable de travailler ici», affirme Amélie Pietrzykowska.
Dans l’atelier familial des Clées, Amélie et Emma travaillent essentiellement sur commande. Elles créent des barrières, des portails et des garde-corps personnalisés. «Avec la forge, on peut quasiment tout faire. On crée aussi des tirebouchons, des bougeoirs et des bijoux » déclare Emma Pietrzykowska. Ces objets forgés sont ensuite vendus à l’entrée du musée. Chaque année, elles participent à la Foire aux Sonnailles à Romainmôtier et à la fête du Vacherin Montd’Or aux Charbonnières : «C’est l’occasion pour nous de montrer notre savoir-faire».
Quant au fait d’être une femme dans un milieu d’habitude réservé à la gent masculine, Amélie et Emma y sont indifférentes : «Aux Grandes Forges, il y a trois femmes et trois hommes qui se relaient chaque semaine. C’est donc l’équilibre parfait. En général, les gens sont étonnés de voir des forgeronnes. C’est peut-être plus difficile pour les anciens de reconnaître qu’une femme est aussi capable de forger». Le plus important pour ces deux jeunes femmes est de vivre leur passion pour cet artisanat ancestral et de perpétuer ce savoir-faire.