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Le forcené à l’huile bouillante en prison

9 avril 2014

L’individu ayant brûlé deux représentants des forces de l’ordre en août 2011 à Orbe a été condamné hier à une année ferme de peine privative de liberté par le Tribunal correctionnel de l’arrondissement du Nord vaudois.

Appelés en renfort du côté d’Orbe le 23 août 2011, les gendarmes du groupe d’intervention de la Police cantonale (DARD) étaient loin d’imaginer le type d’attaque à laquelle ils allaient devoir faire face. Engagés dans la cage d’escalier menant à l’appartement où le prévenu, un jeune âgé alors de 25 ans en conflit avec son épouse, restait retranché, deux représentants du DARD se sont vus verser environ 4 litres d’huile bouillante par ce dernier. Les brûlures au deuxième degré qu’ils ont subies auraient été d’une toute autre ampleur sans leur équipement de protection conséquent.

Dans son réquisitoire, le procureur a tout d’abord tenu à souligner le caractère inédit de cette pratique digne du Moyen Âge : du jamais vu en Suisse, voire bien plus loin à la ronde selon l’un des deux gendarmes, au bénéfice de treize ans d’expérience dans les groupes d’intervention.

«Cette riposte était totalement disproportionnée. Il ne s’agissait pas d’assaillants qui venaient dans le but d’éventrer et d’éviscérer le prévenu mais de policiers voulant établir un dialogue», a signalé l’avocat de l’accusation.

Mais comment en est-on arrivé là ? Sa femme ayant décidé de quitter le domicile conjugal, le prévenu était revenu de son travail dans le but de l’empêcher de partir. Alertés par l’assistante sociale qui devait accompagner l’épouse dans un foyer, les policiers arrivés sur les lieux ont essuyé des insultes de la part du prévenu et fini par appeler le DARD en renfort, avec les conséquences évoquées plus haut.

Après avoir fait bouillir l’huile pendant une heure et demi (sa femme a profité du moment où il mettait la casserole sur le feu pour fuir) et l’avoir déversée sur les deux représentants du groupe d’intervention de la Police cantonale, le prévenu est sorti de son appartement par le toit, s’est engouffré dans l’immeuble voisin par une fenêtre ouverte et a voulu s’éclipser au volant de sa voiture. Interpellé par un brigadier qui a cherché à l’arrêter, le prévenu a pousuivi sa route, manquant de le renverser. Le jeune homme a finalement été arrêté en France le jour suivant.

Sans nier l’«extrême gravité des faits», la défense a évoqué, dans sa plaidoierie, plusieurs éléments à décharge, dont notamment : le stress du prévenu le jour J, lié à son travail et à la situation conflictuelle avec sa femme, son immaturité, identifiée par une expertise psychatrique sans que cette dernière n’enlève la responsabilité «pleine et entière» de son client, ainsi que la volonté d’être suivi par un psychologue. Dans son jugement, le Tribunal s’est aligné sur le réquisitoire du Ministère public, en prononçant une peine privative de liberté de trois ans, dont douze mois ferme, assortie d’une amende de 1500 francs pour contravention à la Loi fédérale sur les stupéfiants.

Ludovic Pillonel