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Le Gîte du Passant proche de la fermeture

17 septembre 2020

Le lieu d’accueil le plus accessible de la ville a été frappé de plein fouet par la pandémie.

 

Si aucun cas de Covid n’y a été officiellement détecté, le Gîte du Passant, à Yverdon-les-Bains, pourrait bien succomber à la pandémie. L’exploitant, Jean-Pierre Grimaître, déjà affecté par les conséquences économiques résultant d’un véritable chapelet d’annulations, est manifestement ébranlé par la mise en demeure reçue du Service des gérances de la Ville d’Yverdon-les-Bains, cette dernière étant propriétaire de l’immeuble. «J’ai pris un coup sur la tête», lâche l’ancien avant-centre du CP Yverdon qui a fait les beaux jours du HC Fleurier en LNB, en brandissant la mise en demeure de la Ville.

Cette action est certes justifiée, administrativement -il n’a pas payé le loyer des trois derniers mois-, mais intervenant après des mois de fermeture et des dizaines d’annulations, c’est un peu la goutte qui fait déborder le vase. Au point que ce battant songe même à jeter l’éponge.

Suite à l’annulation de la réservation d’un camp de vacances agendé en octobre, Jean-Pierre Grimaître a d’ores et déjà décidé de fermer à la fin de ce mois.

A l’instar d’une foule de commerçants et d’artisans, il s’interroge sur ce que sera le futur, avec des mesures sanitaires, certes nécessaires, mais aux conséquences énormes. «J’ai dû fermer les dortoirs. Je n’ai pu exploiter que les chambres à deux, quatre ou six personnes. Et lorsque un hôte arrive seul, et que les chambres à deux et quatre lits sont occupées, je dois le placer dans une pièce à six…»

Autant dire que la capacité de la structure, fixée à 80 places, a été considérablement réduite. Un fait d’autant plus déplorable que l’été qui s’achève a été marqué par une forte affluence touristique. Et le Gîte du Passant est pratiquement le lieu d’accueil le meilleur marché de la ville -il enregistre 6000 nuitées par année-, situé de surcroît à deux pas du lac.

Dès son ouverture, au début du printemps, le Gîte accueille de nombreux camps verts organisés par les écoles. Et les fins de semaine, ce sont les groupes et clubs sportifs qui prennent le relais, notamment à l’occasion des tournois nationaux de judo, de basketball, d’unihockey, et de hockey, pour n’en citer que quelques-uns.

A de rares exceptions près, tous ces événements ont été annulés. Seule l’école de langues, qui vient avec des enfants au printemps, en été et en octobre, a maintenu le camp estival. Mais c’était bien insuffisant pour sauver une saison désastreuse. Les écoles, malgré le déconfinement, ont renoncer à organiser des camps. Al’appui de son propros, le tenancier brandit une liste de cinquante réservations, sanctionnées par autant d’annulations, marquées en rouge. Et à tous ces gens-là, il faut rembourser les acomptes. De quoi broyer du noir…

Jean-Pierre Grimaître ne cache pas que la Ville a fait un geste en passant l’éponge sur trois mois de loyer. La mise en demeure, avec menace de résiliation du bail, concerne juillet, août et septembre.

Le tenancier ne voit aucune perspective d’amélioration dans l’immédiat. Le Gîte est ouvert huit mois par année. Dans ces circonstances, s’il doit encore assumer les loyers jusqu’en avril prochain, il préfère mettre la clé sous le paillasson à fin septembre. Ce serait la fin d’une aventure familiale, commencée par son ex-épouse, il y a trente ans.

Affecté, le tenancier se sent un peu abandonné. Certes il a bénéficié des RHT de mi-mars à fin mai, mais depuis, plus rien, si ce n’est un maigre chiffre d’affaires. «Je suis un peu dégoûté», avoue-t-il, en montrant la liste des démarches entreprises. Il a notamment sollicité la conseillère d’Etat yverdonnoise Cesla Amarelle. Cette dernière, en charge de la formation, et donc des écoles, a demandé un rapport.

Jean-Pierre Grimaître déplore l’absence d’une «task force», sur l’exemple de celle constituée par le Canton du Jura, qui traite toute la problématique ressortant de la pandémie.

 

«J’ai demandé des rappels, pas des mises en demeure»

Contactée mercredi après-midi, Gloria Capt, municipale en charge de l’urbanisme et des bâtiments (URBAT) concède que l’intitulé de la lettre envoyée à Jean-Pierre Grimaître est une maladresse. «J’ai demandé d’envoyer des rappels, pas des mises en demeure. Ce monsieur sera contacté cet après-midi même et la démarche sera confirmée par écrit. Ce sera aussi l’occasion de parler avec lui. Lorsque les gens sont en difficulté, il leur appartient de nous contacter. Nous vivons une période délicate et nous savons bien que certains sont confrontés à des difficultés.»

Cela dit, la municipale yverdonnoise précise qu’il faut respecter l’égalité de traitement: «Même si c’est de ma compétence, je fais valider tout arrangement par la Municipalité.»
Gloria Capt ajoute encore: «Le Gîte du passant a bénéficié d’investissements, le dernier en date concerne le chauffage. Nous avons même accepté d’isoler un mur à la demande du tenancier. Nous lui avons donné ce coup de main sur notre budget.» •

Isidore Raposo