Le Grand Hôtel et le Centre thermal seront vendus
8 juin 2015Yverdon-les-Bains – Une page s’est tournée dans la Cité thermale, jeudi soir, au moment où le Législatif a voté le désengagement de la Commune de ses deux fleurons touristiques.

L’ensemble, dont la Commune est l’actionnaire majoritaire, sera vendu 32 millions de francs à un fonds immobilier du Credit Suisse, pour le compte du Groupe Boas, qui exploitera le site.
Personne n’a voté contre. Aucun conseiller ne s’est levé pour y s’opposer. Le Législatif yverdonnois a, jeudi soir, approuvé la vente du Centre thermal et du Grand Hôtel des Bains à un fond immobilier du Credit Suisse, un ensemble qui sera dès lors exploité par le groupe vaudois Boas. Un vote sans histoire, pour un scrutin historique. Près de quarante ans après avoir relancé le thermalisme et trente ans après avoir réhabilité le Grand Hôtel (respectivement en 1976 et 1986), la Commune va se désengager de ses deux fleurons touristiques. Une opération que le Conseil communal avait longtemps refusé d’envisager, jusqu’en novembre 2012. Alors lassé de colmater les brèches, le Législatif acceptait alors une motion du PLR Dominique Viquerat, demandant que la Ville mette tout en oeuvre afin de trouver un repreneur.
«Tout vient à point à qui sait attendre», s’est réjouit, jeudi soir, ce même Dominique Viquerat, rappelant que l’idée d’un désengagement avait été émise, pour la première fois devant le Conseil, en 1991, déjà. «Que d’énergie et de millions dépenser pour convaincre les Municipalités successives que politique et affaires ne font pas toujours bon ménage», a-t-il conclu.
Transparence demandée
Enfin, la municipale Gloria Capt, pour des raisons de protection de la sphère privée, a rejeté la demande de l’écologiste Cédric Pillonel, qui souhaitait connaître les montants touchés par le Conseil d’administration: «La population a le droit de savoir quelle part des sommes réinjectées par la Commune ont servi à payer des rémunérations.» Mais c’est sans débat que les conseillers ont accepté l’opération, non sans une pointe d’amertume, comme l’a souligné Pascal Blum, président de la commission des finances. Le socialiste a relevé qu’il ne resterait rien du montant de la vente, 32 millions, engloutis par les dettes et les pertes d’exploitation 2014, sans compter un droit de superficie (2,6 francs le m2) largement inférieur à celui escompté. Mais ces arguments ne pesaient pas lourd face au soulagement d’avoir trouvé, après deux ans de recherche, un repreneur solide.
Le Conseil accepte l’achat de deux parcelles «Aux Parties»
L’application de la LAT suscite des craintes
Le secteur «Aux Parties», sis le long de l’avenue Kiener, est hautement stratégique pour le développement d’Yverdon. Pour rappel, il doit accueillir différents services de la Ville, ainsi que les entreprises de transport CarPostal et Travys, ce qui permettra de libérer la zone «Gare-Lac», en vue de la construction d’un nouveau quartier. Ainsi, le Conseil communal a accepté, à l’unanimité, l’achat de deux parcelles «Aux Parties», pour un total de 2,1 millions de francs.
S’il est favorable à cet achat sur le fond, le président du parti socialiste Pierre Dessemontet a néanmoins tiré la sonnette d’alarme. Il a rappelé que l’une des parcelle, achetée au prix fort, avait été déclassée par décision de justice, le 22 août 2012, et qu’elle se trouvait donc aujourd’hui en zone agricole. Ce qui ne poserait pas de problème, si, quelques mois plus tard, le peuple n’avait pas accepté la Loi sur l’aménagement du territoire (LAT), dont la période transitoire oblige à compenser chaque m2 de terrain agricole.
La municipale de l’urbanisme, Gloria Capt, s’est voulue rassurante: il n’y aurait pas, selon le Canton, d’obligation de compensation immédiate dans le cadre d’un projet d’agglomération, car «stratégique». Mais par précaution, la Ville a listé des parcelles qu’elle pourrait dézonner au besoin, dans les secteurs du manège, du parc de Pierre-de-Savoie ou encore du cimetière.
Nouvelle politique en matière de stationnement et de mobilité
La gauche se pose des questions
Le remaniement de la politique de stationnement et de mobilité de la nouvelle majorité municipale, présentée mercredi dernier (La Région du 4 juin), a, comme attendu, provoqué des questions de la part de la gauche. Ainsi, Elisabeth Descamps (Les Verts) s’est inquiétée de la sécurité des piétons, suite aux déplacements annoncés des arrêts de bus de Saint-Georges et du Pont du Buron. L’écologiste s’est aussi interrogée sur le fait que, avec cette modification, les voitures pourront dépasser les bus à l’arrêt, ce qui, selon elle, posera des problèmes en matière de respect des horaires. Au contraire, la Municipalité estime que ces dépassements permettront de fluidifier le trafic.
Parking souterrain
De son côté, le président du parti socialiste, Pierre Dessemontet, a posé des questions au sujet du sondage sur le besoin de places dans le futur parking souterrain de la place d’Armes, organisé par la Municipalité, au travers l’envoi de quelque 1300 courriers, et ceci alors qu’un appel aux candidatures en vue de la construction avaient été lancé il y a dix-huit mois déjà. Il craint de nouveaux retards. Le syndic Jean-Daniel Carrard a promis que le projet serait finalisé à la rentrée d’automne, soulignant, non sans un brin d’humour, que la discussion autour du nombre de places offrirait, ainsi, un parfait sujet de discussion pour la campagne électorale à venir.
Valérie Jaggi Wepf annonce se battre contre un cancer
Intense moment d’émotion, jeudi soir, en fin de séance du Conseil. A l’heure des dernières communications, la nouvelle municipale Valérie Jaggi Wepf a demandé à prendre la parole. Par souci de transparence envers la population qui l’a élue à l’Exécutif en décembre dernier, elle a annoncé, à l’assemblée, souffrir d’un cancer du sein, un mal diagnostiqué le 22 mai dernier. La magistrate libérale-radicale entrera aujourd’hui à l’hôpital pour y subir une opération chirurgicale. Elle devrait être absente une dizaine de jours. S’ensuivra une chimiothérapie.
Soutien de ses collègues
Le syndic Jean-Daniel Carrard a assuré sa collègue du plein soutien de toute la Municipalité. Valérie Jaggi Wepf continuera de travailler et conservera la tête de son dicastère regroupant la police, les pompiers et la mobilité, secondée, pour cette période, par la municipale Gloria Capt, sa suppléante, ainsi que par le syndic, qui avait dirigé ce dicastère durant douze ans avant elle.
«Je me battrai, je vous le promets, je ne lâcherai pas», a promis, très émue, Valérie Jaggi Wepf, à la fin d’une intervention vivement applaudie par l’ensemble du Conseil communal.