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Le guerrier devenu patient
Benoît Thévenaz. © Michel Duperrex

Le guerrier devenu patient

19 décembre 2022 | Edition N°3355

Parcours de vie - L’ancien pilote de motocross Benoît Thévenaz vient de terminer l’écriture de son deuxième livre, qu’il présentera le vendredi 23 décembre à Yverdon.

Pour échapper au froid du Nord vaudois qui l’éprouve particulièrement depuis qu’un accident de BMX l’a laissé paralysé, il y a dix-sept ans, Benoît Thévenaz est parti se réfugier en Espagne. Un pays où il se rend régulièrement, et où il a écrit une bonne partie de son deuxième ouvrage, La patience du guerrier.

«Mon premier livre, La blessure du guerrier, évoquait mon accident, le choc, le fait d’assumer ce qui s’était passé. Celui-ci parle des voyages que j’ai effectués pour tester différentes méthodes, afin d’essayer de récupérer certaines capacités, de la thérapie de coordination et aussi de la modification de mon alimentation».

Le Bullaton s’est tourné vers l’instinctothérapie, un régime à base d’aliments crus et le moins transformés possible. Et qui, comme son nom l’indique, repose sur le choix de sa nourriture à l’instinct, en fonction de ce dont le corps a besoin.

«Depuis que je m’y suis mis, et que je fais également des jeûnes, cela a soulagé les tensions que j’avais dans le dos et le ventre. Je dors et je bouge également mieux. On parle beaucoup de la rééducation physique et du mental, mais l’alimentation joue aussi un rôle important. J’aurais voulu l’apprendre vingt ans plus tôt, et j’ai notamment écrit ce deuxième livre pour pouvoir partager ce que j’ai découvert au fil de mes voyages et de mes recherches. C’est important de pouvoir aider les gens, de leur faire gagner du temps.»

S’il s’autorise des «écarts» alimentaires dans le cadre de sa vie sociale, Benoît Thévenaz note les payer dans les jours qui suivent à l’entraînement, lui qui entretient la mobilité qu’il a pu récupérer à raison de trois sessions hebdomadaires d’une heure et demie et de deux séances de squats de 30 minutes par jour.

«Avec mon accident et la tétraplégie qui en a découlé, ma vie sociale a beaucoup changé. Je suis passé du gars qui réussit, qui avait prévu de partir aux États-Unis, à un mec qui ne peut plus bouger, qui a tout le temps besoin d’aide. Au début, quand je tombais de ma chaise, je crisais et je m’énervais, sur moi et sur mon entourage. J’ai progressivement appris à être patient et à remercier ceux qui m’aidaient.»

Seul devant son écran
Benoît Thévenaz a également fini par trouver un équilibre entre son besoin d’être entouré et de se retrouver seul. «Après ma séparation, avec mon ex-copine, en 2010, je ressentais beaucoup le besoin de sortir, d’être avec des amis. Il y a trois-quatre ans, j’ai compris que, même si les humains sont à la base faits pour être en groupes, en tribus, je pouvais vivre seul. Ça a été une libération.»

Il a ainsi apprécié les moments passés à écrire son livre, seul devant son écran d’ordinateur, son téléphone coupé. Après l’avoir recommencé trois fois, demandé l’avis de certains amis et avoir réduit l’ouvrage de 800 à 512 pages, le guerrier devenu patient présentera la version finale au public vendredi 23 décembre à Yverdon.

 

L’espoir d’une opération en Chine
Depuis son accident, en 2005, Benoît Thévenaz a parcouru les quatre coins de la planète pour tester diverses thérapies, avec la volonté de récupérer un maximum de facultés motrices, notamment.

«À 20 ans, mon but ultime était de pouvoir refaire des courses. Je me suis battu comme un fou pour cela. Mais à un moment donné, après tout ce temps, il y a une certaine fatigue, de la lassitude qui s’est installée. Si je peux aller en Chine, ce sera mon dernier voyage, ma dernière thérapie, assure-t-il. J’ai envie de passer à autre chose, de pouvoir profiter de la vie, pas seulement m’entraîner et souffrir.»

Le Bullaton espère pouvoir s’y rendre grâce à l’association Neurogel en marche – qui a pour projet de trouver un traitement contre la paraplégie et la tétraplégie –, afin de bénéficier d’une opération comprenant l’injection de cellules adipeuses. «Elles subissent une manipulation avant d’être injectées dans la moelle épinière. Cette graisse activée, comme cela s’appelle, permet sa régénération», explique Benoît Thévenaz.

Plusieurs patients ayant bénéficié de cette méthode sont ensuite venus au Max Régénération Center, institut fondé par l’ex-pilote à Bullet dans le but de permettre aux personnes atteintes d’un handicap de récupérer certaines capacités physiques.

«Ils ont tous réalisé des progrès réguliers, avec notamment des améliorations au niveau de la vessie et des intestins. Car les gens voient le fait qu’on est assis dans une chaise, mais ce n’est pas le seul handicap des paraplégiques et tétraplégiques. Après, chaque patient est différent. Mais certains ont réussi à lever un pied, à faire des choses assez folles.»

Le Nord-Vaudois compte sur les recettes de La patience du guerrier pour financer une partie de l’opération, s’il s’avérait qu’il peut lui aussi en bénéficier. Et il espère récupérer de la mobilité au niveau des mains et des doigts, pour continuer à repousser les limites de sa tétraplégie.

 

Infos pratiques
Livre: La patience du guerrier, en précommande sur le site www.benoit-thevenaz.ch jusqu’au 25 décembre au prix de 21 francs, puis disponible au prix de 28 francs, également en librairie.
Présentation: vendredi 23 décembre au Cheval blanc, restaurant du Centre équestre d’Yverdon, à 19h. Ouverte à tous.

Muriel Ambühl