Le gymnasien face à des problèmes d’orientation
23 décembre 2009
La rupture n’est pas l’apanage des jeunes issus des filières dites moins exigeantes. A Yverdon, les ex-gymnasiens n’hésitent donc plus à frapper à la porte du Semestre de motivation. Face à ce problème de transition école-vie active toujours plus aigu, l’Orientation complète son offre dès janvier.
Début décembre, la directrice du Semestre de motivation d’Yverdon (SEMOY) partageait ses inquiétudes avec les chefs d’entreprises de l’équipe patronale du Nord vaudois: une trentaine de jeunes attendent pour intégrer le programme yverdonnois. L’institution a donc demandé au Service de l’emploi l’ouverture urgente d’une deuxième permanence Bilan-information-orientation (BIO). Claude-Anne Jaquier s’est également inquiétée d’accueillir toujours plus d’ex-gymnasiens pour qui le BIO s’avère justement bien adapté. Mais ces derniers, en rupture ou en échec, ont-ils vraiment le choix?
«Lorsque l’on sort de VSB ou de VSG, aller au gymnase nous évite de nous poser des questions, explique la directrice. Or, le gymnase n’est pas de tout repos. Les jeunes sans projet, et peut-être ainsi peu motivés, peuvent vite rencontrer des difficultés. En situation de rupture ou d’échec, le gymnasien n’a souvent d’autre solution que le SEMOY. Il n’a généralement aucun stage à son actif et s’avère souvent bien emprunté face à la recherche d’un emploi», conclut la responsable.
«Le jeune qui n’a qu’un diplôme de culture générale en poche se retrouve sur le marché du travail sans qualification métier, confirme Laurent Knecht, chef du Centre OSP Nord. Il y a quelques années, il pouvait encore espérer trouver une place d’employé de commerce ou se former sur le tas. Ces cas-là sont aujourd’hui exceptionnels.» Ce responsable relève encore une augmentation du nombre de consultations de gymnasiens. S’agit-il d’une hausse généralisée ou liée à des échecs et des ruptures? «Il n’existe aujourd’hui aucune statistique spécifique», répond Laurent Knecht.
Gymnasiens également touchés
«Depuis 5 ou 7 ans, les gymnasiens connaissent également des problèmes d’orientation, constate Séverin Bez, directeur général de l’enseignement postobligatoire. Pour eux, poursuivre des études n’est parfois pas un choix. Face à une rupture ou un échec, ils sont soudain acculés à se poser de vraies questions. C’est le risque de vouloir faire des études à tout prix, alors même qu’il existe bien d’autres bonnes formations.» Sans minimiser ces cas, le directeur n’y voit toutefois pas un problème systémique. A l’instar de Laurent Knecht, il rappelle que cette population est autrement armée que celle issue de filières moins exigeantes. «Une bonne partie de ces jeunes finissent par trouver une solution par eux-mêmes, informe Laurent Knecht. Une prestation individualisée, comme un soutien Start’Up, un suivi sous forme de coaching par un conseiller, suffira à aider un gymnasien sans problème particulier. Pour ce dernier, trouver une place d’apprentissage ne pose généralement pas trop de soucis.»
Face à ce passage école-vie active toujours plus douloureux, même chez les jeunes bien formés, la Confédération, et en cascade, les cantons, ont mis en place, depuis près de vingt ans, diverses offres de transition. Au niveau vaudois, le Conseil d’Etat a fait du «case management», un concept de repérage et de suivi de situations dites à risques, une priorité en créant la Direction interservices de la transition et en allouant des moyens au Service de l’enseignement spécialisé et de l’aide à la formation (SESAF), dont dépend l’Office cantonal d’orientation scolaire et professionnelle (OCOSP).
Nouvelle offre en janvier
Suite au vote du budget par le Grand conseil le 15 décembre dernier, les Centres d’orientation seront complétés de guichets régionaux de transition. Dès janvier, ils proposeront ce nouveau service de repérage et d’accompagnement. Les cases managers seront alors une ressource pour les établissements scolaires et pour les professionnels épaulant les jeunes en danger de non insertion. Un jeune sans solution à la fin de sa scolarité pourra, par exemple, bénéficier d’un bilan approfondi au Centre de bilan et d’orientation. La structure interviendra toutefois «à titre subsidiaire aux réseaux existants», précise la directrice de l’OCOSP, Isabel Taher-Sallés. Elle permettra «la coordination et la régulation des mesures existantes, afin de mettre le jeune en contact avec la bonne mesure», ajoute Séverin Bez.
Financée par une subvention fédérale et le Service de l’emploi, la nouvelle offre implique la création d’une dizaine de postes, informe Serge Loutan, chef du SESAF et président de la Direction interservices de la transition. Premier bilan dans une année.