Logo

Le judoka sans kimono devenu neuvième dan

7 avril 2014

Judo – Le Jurassien Eric Hänni, médaillé d’argent aux JO de Tokyo en 1964, est récemment devenu le premier et seul porteur suisse du neuvième dan. Itinéraire d’une légende qui a commencé sans un sou à se consacrer à sa passion.

Eric Hänni a conté son parcours devant les membres du Judo-Kwai, dont de jeunes fans (ci-dessous).

Eric Hänni a conté son parcours devant les membres du Judo-Kwai, dont de jeunes fans (ci-dessous).

Une médaille d’argent aux JO, médaille de bronze au championnat d’Europe, sept titres de champion de suisse en individuel, cinq titres par équipe, trois coupes de Suisse et…un neuvième dan. Rien qu’en regardant son impressionnant palmarès, on se rend compte qu’Eric Hänni n’est pas un judoka comme les autres. Cependant, malgré tous ses titres, ce grand champion, présent au dojo du Judo-Kwai d’Yverdon samedi, a raconté sa vie avec une grande simplicité. Né en 1938 à Delémont, ce Jurassien devait suivre les traces de son père. «Même si je m’intéressais plus à autre chose, comme le jardinage, mon papa était mécanicien et il voulait que je fasse comme lui.» Finalement, l’influence paternelle va se révéler déterminante : c’est un mécanicien expérimenté, chargé de le former, qui emmène pour la première fois Eric Hänni.

© Michel Duvoisin

© Michel Duvoisin

C’est en 1954 que le futur champion commence le judo. Sans kimono. «Je n’avais pas d’argent pour m’en acheter un. J’ai dû m’entraîner un an sans en avoir. C’est la mère d’un autre judoka qui a proposé de me donner le kimono de son fils, car il ne lui allait plus.» Pour son premier combat en compétition, Eric Hänni a déjoué les pronostics : «Il y avait une ceinture marron en face et moi je commençais la compétition avec la ceinture verte. J’ai quand même réussi à le projeter et à gagner par ippon !»

Un travail assidu et de l’entraînement, tels sont les secrets de la brillante carrière du judoka. «Lors de ma préparation pour les Jeux Olympiques de 1964, j’avais toujours des partenaires avec qui combattre au Judo-Club de Delémont. Au lieu d’aller au cinéma, ça coûtait 1,50 francs et on ne les avait pas, on allait au dojo. J’ai sacrifié quatre ans et demi de ma vie. J’allais au judo tous les jours. Je me suis toujours dit qu’un beau jour, ça paierait !»

En mai 1964, il apprend qu’il est qualifié pour les JO, mais il n’a, encore une fois, pas d’argent. «Je me suis dit que je ne pourrai pas y aller. Un journaliste du Démocrate a alors publié un article dans le journal en disant que des tirelires seraient dans les magasins et commerces pour récolter de l’argent pour moi. Avec ce que j’ai reçu, j’aurais pu y aller deux fois !» Eric Hänni, a raconté, un peu ému, le succès qu’il a connu dans sa ville natale après avoir remporté sa médaille à Tokyo : «25 000 personnes sont venues m’accueillir entre la gare de Delémont et l’hôtel de ville !»

Le neuvième dan, obtenu tout récemment, est donc la consécration de cette grande carrière. «C’est un honneur, je suis vraiment fier de l’avoir reçu et je pense l’avoir mérité.» Un exemple pour tous les enfants du Judo-Kwai présents lors de la conférence.

Gianluca Agosta