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Le lait suscite toujours la controverse

17 janvier 2011

Les entreprises telles que Cremo ou Camille Bloch, grands transformateurs de lait helvétique, demandent encore et toujours aux producteurs de lait de produire plus, à des prix encore plus bas. La colère gronde, forcément.

 

Les vaches suisses devraient produire toujours plus de lait, à des prix encore plus bas, selon les entreprises de transformation.

Les vaches suisses devraient produire toujours plus de lait, à des prix encore plus bas, selon les entreprises de transformation.

En marge des concours lors desquels les plus belles vaches du pays s’affrontent, Swiss’Expo propose de nombreuses animations, mais aussi quelques espaces de réflexion sur le monde agricole et ses problématiques. Ainsi, une matinée a-t-elle été consacrée à la deuxième édition du Forum du lait, organisé par la Fédération suisse des producteurs de lait (FSPL), de laquelle dépend par exemple Prolait, à Yverdon, organisation régionale faisant office de lien entre la FSPL et les les producteurs.

 

Le thème de ce Forum? «Plus-value pour le lait suisse», tout simplement. Le lait produit par les vaches suisses est en effet au coeur de la polémique depuis des années, son prix d’achat au producteur ne cessant de baisser, sans que le coût d’une brique de lait pour le consommateur ne baisse. La faute à qui? A la concurrence venue de l’étranger, principalement, et à l’ouverture progressive des frontières, sans oublier les marges des grands distributeurs, lesquelles ne faiblissent pas.

Rester concurrentiels

Les transformateurs présents lors de ce Forum, Cremo et Camille Bloch, se rejoignent sur un point, très sensible, à savoir que «pour rester concurrentiels et utiliser pleinement leurs capacités et développer leurs ventes à l’exportation», ils ont besoin d’un lait meilleur marché.

Pour l’obtenir, deux conditions. Tout d’abord, «pour pouvoir surmonter à l’export le handicap de la matière première», les transformateurs encouragent fortement la Confédération à maintenir le financement de la Loi chocolatière, laquelle garantit une certaine équité, en compensant la différence de prix des matières premières entre le marché suisse et ceux de l’exportation. Sa disparition, fortement envisagée, serait un choc pour les transformateurs et, donc, pour les producteurs. Tous deux n’en veulent pas.

Les producteurs ne se retrouvent par contre pas dans la deuxième partie de l’argumentation des transformateurs, lesquels demandent aux premiers de produire encore plus, à des prix encore plus bas, et ceci afin de rester compétitifs.

La formule choc trouvée par Peter Gfeller, président de la FSPL, résume à elle seule finalement très bien la situation: «Un bateau ne peut avancer si chacun rame à son rythme.» Un bateau qui tangue et ne sait pas quel cap suivre, voilà en effet à quoi fait penser le marché du lait en Suisse, au début de l’année 2011. Le potentiel du bateau est certain, les qualités techniques sont là, mais les nuages dans le ciel n’encouragent pas à l’optimisme, ni à une croisière tranquille.

La plus-value en question

Les acteurs du marché s’activent pour trouver des solutions, et la plus-value pourrait être une de celles-ci à l’avenir. En effet, la création de valeur ajoutée, au coeur des réflexions lors du Forum, permettrait de se différencier des acteurs standards du marché. En clair, fabriquer des ingrédients laitiers spécifiques destinés à l’industrie alimentaire. Par exemple, l’extraction de diverses substances de valeur peut avoir une influence bénéfique sur les propriétés de denrées alimentaires transformées, comme les produits carnés, la glace ou la pâtisserie. Pour les fabricants de denrées haut de gamme, il est intéressant d’intégrer ces substances naturelles tirées du lait à leur formule de fabrication.

Voilà un axe de réflexion intéressant, notamment pour les transformateurs, lesquels comptent d’ailleurs en plus sur l’excellente image et la qualité du lait suisse. De quoi demeurer positif?

Timothée Guillemin