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Le Mage voit l’avenir d’Yverdon en grand

20 août 2015

Handball – Le plateau de la Lovats International Cup n’aura jamais été aussi relevé que pour sa quatrième édition, ce week-end, avec deux équipes participant à la Ligue des champions. L’essor du tournoi porte la marque de Zoltan Majeri, qui ne voit pas de limite à la progression de son club d’adoption.

Dans les salles de sport d’Yverdon, Zoltan Majeri est comme chez lui. Tout au long de la semaine, il a participé à un camp d’entraînement des jeunes de l’USY, lors duquel on bosse autant les fondamentaux qu’on cimente l’esprit du club. © Lionel Pittet

Dans les salles de sport d’Yverdon, Zoltan Majeri est comme chez lui. Tout au long de la semaine, il a participé à un camp d’entraînement des jeunes de l’USY, lors duquel on bosse autant les fondamentaux qu’on cimente l’esprit du club.

On l’appelle le «Mage» pour des raisons phonétiques. Mais la portée de ce surnom va au-delà du fait qu’il rappelle son patronyme: il y a bien de la sorcellerie dans la manière dont Zoltan Majeri porte l’USY Handball vers le haut depuis quatre ans, depuis que cet ancien gardien professionnel a posé ses valises dans la région. L’essor de la Lovats International Cup, le tournoi qui vivra sa quatrième édition ce week-end, à la salle des Isles, est la meilleure illustration de ce que l’homme apporte à son club d’adoption.

Cette année, deux équipes estampillées Ligue des champions (les Russes du Tchekhov Medvedi et les Turcs du Besiktas Mogaz) participeront à la compétition, en plus de plusieurs formations qui disputeront la Coupe d’Europe. Comme chaque année, les hommes de l’USY feront figure de Petit Poucet et seront là pour apprendre. «Quand on a commencé, il y a quatre ans, on était contents d’attirer des équipes de LNB, relève le président Yves Pfister. Aujourd’hui, on accueille sept équipes 100% professionnelles, qui jouent les premiers rôles dans leur championnat.»

Cette évolution vitesse grand V s’explique par le sérieux de l’organisation, par la vitalité du club qui la chapeaute et par l’implication des membres, toujours prêts à venir mouiller le maillot non seulement sur le terrain, mais aussi comme bénévoles. «Et puis, c’est grâce à Zoltan, assure Yves Pfister. Sans lui, il n’y aurait pas ces équipes. Il n’y aurait pas ce tournoi.» Grands semblent les pouvoirs du Mage.

Le principal intéressé revendique, en fait, des méthodes finalement assez prosaïques: un sens aigu de la débrouille, d’abord, et l’exploitation d’un carnet d’adresses patiemment rempli au cours d’une carrière au plus haut niveau longue de 22 ans, puis rigoureusement entretenu. Concrètement, pour attirer des équipes du calibre de Tchekhov Medvedi, il suffit donc à Zoltan Majeri de prendre son téléphone? Il sourit. «C’est un peu ça, oui. J’appelle directement au plus haut niveau et les bonnes relations tissées au fil du temps font leur effet. On n’attirerait pas de telles équipes en écrivant des e-mails.»

Faire plus avec moins

Mais le tour de force de celui qui, à l’USY, est «entraîneur, coordinateur, distributeur de sets de table, colleur d’affiches » (dixit le président Pfister) ne s’arrête pas là. Quand les équipes de niveau européen ne se déplacent que contre défraiement complet (au minimum) ailleurs, elles viennent à Yverdon gratuitement, où on a trouvé la formule pour faire plus… avec moins. Seul geste consenti pour les participants à la Ligue des champions: la gratuité de l’hébergement. «Et on va chercher les équipes à l’aéroport de Genève, en car, précise Yves Pfister. Ou à Zurich, puisqu’une formation s’est trompée en réservant ses vols (rires).»

La réputation de Zoltan Majeri a permis à la Lovats International Cup de devenir, en quatre ans, le meilleur tournoi de clubs en Suisse. Mais pourra-t-elle perdurer une fois que le Roumain ne sera plus là? «Bonne question, reconnaît- il. Mais si tout continue de bien se passer, que les équipes sont satisfaites lorsqu’elles viennent, le tournoi va acquérir sa propre crédibilité. Peut-être faut-il, pour cela, encore deux ou trois éditions.»

A l’heure actuelle, déjà, on refuse du monde au portillon. «Quand on a proposé à Wacker Thoune, tenant du titre, de revenir, les responsables nous ont dit qu’ils attendaient de voir quelles équipes nous allions réunir, raconte le président. En prenant connaissance du plateau, ils ont dit qu’ils voulaient être là. Eh bien, on leur a répondu qu’il n’y avait plus de place et qu’ils auraient dû nous faire confiance dès le départ…» De quoi penser que oui, si l’USY continue de faire tout juste, son tournoi pourrait être pérennisé, même orphelin de celui qui a grandement contribué à sa naissance et à son essor.

Viser plus haut

Du reste, il n’y a pas que la Lovats International Cup qui a pris de l’envergure depuis l’arrivée du Mage. Les deux équipes fanion du club évoluent désormais en 1re ligue, le nombre de membres est en augmentation et la relève marche d’un bon pas. Cette saison, l’USY sera représentée dans toutes les catégories de jeunes, chez les garçons comme chez les filles. De quoi voir l’avenir en grand. «On va encore me dire que je suis fou, mais je pense qu’à terme, les équipes d’Yverdon peuvent monter en LNB. Et dix minutes après avoir fêté la promotion, je dirai qu’il faut monter en LNA. C’est ça le sport, viser plus haut.»

C’est le paradoxe de l’ambitieux Zoltan Majeri, compétiteur devant l’éternel, qui reste fidèle à Yverdon malgré la pluie des sollicitations. «Chaque année, on m’appelle. Des équipes de LNA, des sélections nationales, des formations de première division d’autres pays», sourit-il. Et alors? «La tête aurait envie de dire oui, mais le coeur dit non. L’argent n’est pas mon moteur. Je suis venu ici pour construire sur le long terme. Sur console de jeux vidéo, je ne prenais pas le Barça, mais la petite équipe de troisième division à qui je faisais gravir les échelons», image-t-il. Et puis, il y a la stabilité. S’il a atterri à Yverdon, c’est aussi pour trouver une stabilité sur le plan familial. «L’autre jour, ma fille de 5 ans m’a dit qu’à Yverdon, elle se sentait à la maison. J’en ai eu les larmes aux yeux. Parce que c’est ce que je ressens aussi.»

 

Programme complet du tournoi

Samedi

9h30 Rihimäen Cocks (Finlande) – Forst Brixen (Italie)

10h45 Besiktas Mogaz (Turquie) – GC Amicitia Zurich

12h Yverdon – Saint-Otmar Saint-Gall

13h15 Nordsjaelland (Danemark) – Tchekhov Medvedi (Russie)

14h45 GC Amicitia Zurich – Riihimäen Cocks

16h Forst Brixen – Besiktas Mogaz

17h15 Yverdon – Tchekhov Medvedi

18h30 Saint-Otmar Saint-Gall – Nordsjaelland

 

 

Dimanche

9h30 Forst Brixen – GC Amicitia Zurich

10h45 Nordsjaelland – Yverdon

12h Saint-Otmar Saint-Gall – Tchekhov Medvedi

13h15 Besiktas Mogaz – Riihimäen Cocks

14h45 Finale 7e-8e places

16h Finale 5e-6e places

17h15 Finale 3e-4e places

18h45 Finale 1re-2e places

Lieu: salle des Isles.

Entrée: 10 francs pour tout le week-end; gratuit jusqu’à 16 ans. Plus d’infos: www.usyhandball.ch.

Lionel Pittet