Marlene Dessarzin est devenue championne du monde des 40-44 ans de trail Xterra en distance semi-marathon, aux Etats-Unis. La coureuse de Montcherand ne s’y attendait pas du tout.
Tout a commencé avec le trail disputé le 8 octobre 2023 à la vallée de Joux. Marlene Dessarzin ne tient pas la forme, ce jour-là. Dans le dur, elle pense à abandonner, mais parvient à trouver les ressources pour rejoindre la ligne d’arrivée de son semi-marathon. Lauréate de l’étape combière l’année précédente dans sa catégorie, elle se classe cette fois in extremis au 3e rang, dans un chrono bien en deçà de ses capacités. Pas de quoi fanfaronner.
Pourtant, quelque temps plus tard, elle reçoit un e-mail rédigé en anglais labellisé Xterra. «J’ai d’abord cru à du spam et, au moment où j’allais le supprimer, je me suis rendu compte qu’il s’agissait d’une invitation pour les Mondiaux, pour lesquels je m’étais qualifiée», raconte celle qui, un peu moins d’une année plus tard, devient championne du monde sur la distance semi-marathon en 40-44 ans.
«Disputer les Championnats du monde, c’est quelque chose que tout athlète qui se donne de la peine dans son sport rêve de réaliser, lance la sportive de Montcherand. Ça a été une expérience géniale, tout y était: l’organisation, les émotions, l’ambiance et le résultat.» L’aventure rêvée.
La compétition s’est déroulée dans le Maine, aux Etats-Unis, cette année. Au cœur des montagnes de la station de ski de Sugarloaf, précisément. «J’y ai découvert le trail à l’américaine: si dans notre milieu alpin, on trouve de jolis sentiers, là-bas, le terrain était très technique, avec des gros cailloux glissants, des troncs au milieu du chemin. Beaucoup sont tombés, et avoir seulement la vitesse ne suffisait pas, il fallait avoir fait de la montagne pour s’en sortir.»
Alors que les parcours du marathon et du semi-marathon se séparaient en cours de trail, Marlene Dessarzin a longtemps craint de s’être trompée de route. «Je n’ai pas vu le panneau», sourit-elle, alors qu’apparemment certaines n’ont pas eu autant de chance ou de jugeote qu’elle.
Partie à la découverte, la Nord-Vaudoise n’imaginait pas du tout remporter le titre mondial de sa catégorie, tandis que deux Américaines ont complété le podium, à bonne distance de la gagnante. «Par contre, lorsque je me suis levée, j’ai tout de suite su que j’étais au rendez-vous ce jour-là, assure celle qui est rentrée en Suisse en fin de semaine passée. Je sentais mon corps en harmonie avec ma tête, tous les voyants étaient au vert.» Au bout d’une épreuve de 21 km durant laquelle il a fallu rester concentrée à chaque pas, elle a puisé dans son for intérieur pour aller au bout des trois derniers kilomètres, quand elle n’avait plus de jambes. «Je me suis dit: tu as fait le voyage, tu tiens jusqu’au bout.»
Sacrée aux Etats-Unis, Marlene Dessarzin a d’ores et déjà obtenu un dossard pour défendre son titre en 2025. Ce sera alors dans la catégorie des 45-49 ans, et au pays de Galles. Une aventure, même si la destination est un peu moins sexy, à laquelle la championne du monde a pris goût et qu’elle aspire à revivre pleinement. Aucun e-mail n’échappera à sa vigilance, c’est sûr.
Marlene Dessarzin a fait de sa passion son métier
Après avoir pratiqué beaucoup de sports dans sa jeunesse, puis avoir arrêté, Marlene Dessarzin a repris la course à pied à 30 ans. En 2017, elle prend le départ de Sierre-Zinal. «Je me demandais comment les gens arrivaient à courir comme ça en montant, lâche celle qui s’est ce jour-là éprise du trail. Je me suis dit: c’est mon environnement.»
Elle en a carrément fait son métier, il y a deux ans, après s’être formée dans le coaching sportif, spécialement dans la course à pied et avant tout le trail. «A 44 ans, je viens de vivre ma plus grande joie dans le domaine sportif, en plus de toute cette aventure du voyage pour les Etats-Unis, lance celle qui, au travers du sport, essaie d’amener une satisfaction personnelle à ses clients, via une performance ou une ligne d’arrivée, par exemple. On apporte aux autres, et eux nous apportent également.»
Son emploi du temps d’indépendante lui permet aussi de s’entraîner quasi quotidiennement. Un rythme soutenu pour celle qui reste une sportive amatrice, mais qu’elle adore: «J’ai beaucoup de plaisir à m’entraîner.» Que ce soit dans la région ou dans les Alpes, ses terrains de jeu.