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Le Marathon de New York pour ses 60 ans
Brigitte Cuérel fait partie des quelque 50 000 coureurs à avoir pris le départ du Marathon de New York 2022. 

Le Marathon de New York pour ses 60 ans

17 novembre 2022

Brigitte Cuérel s’est offert un dossard pour la mythique épreuve et un séjour dans la Grosse Pomme en cadeau d’anniversaire. Elle raconte son expérience «énorme».

Un exemplaire du New York Times du lundi 7 novembre est posé sur la table à manger de Brigitte Cuérel. Le nom de la Tapa-Sabllia figure au cœur du cahier dédié au Marathon de New York, au milieu de celui des autres participants ayant franchi la ligne d’arrivée la veille. Au-dessus du journal américain trône la médaille-souvenir reçue par la coureuse au terme de son effort, que la Nord-Vaudoise ne sait pas encore où accrocher. «Mais quelque part en évidence», sourit-elle.

Le marathon, lui, a commencé bien avant le jour de la manifestation, afin d’obtenir une place. «J’avais cette course dans un coin de ma tête depuis longtemps, parce qu’il s’agit d’une épreuve mythique. Du coup, je me suis dit que j’allais me l’offrir pour mes 60 ans, que j’ai fêtés cette année. Je m’étais inscrite l’an passé, car il y a une liste d’attente, via une agence. Celle-ci m’a appelée en mars dernier pour m’informer qu’il y avait un dossard pour moi!»

Si elle était déjà venue à bout des 42,195 km il y a cinq ans (lire encadré), Brigitte Cuérel n’a pas pris sa préparation à la légère. «Je cours tous les mercredis avec un groupe, et notre coach prépare un programme pour ceux qui veulent s’aligner sur des distances plus conséquentes. J’ai participé à quelques courses en première partie d’année, comme les 20 km de Lausanne et le Tour du lac de Joux. Puis, j’ai fait une pause, avant de me lancer dans ma vraie préparation, les trois mois qui ont précédé l’échéance.»

Durant celle-ci, la sexagénaire s’est tenue à ses quatre entraînements hebdomadaires, peu importe la météo, biffant les séances de son planning au fur et à mesure qu’elle les avait effectuées. «Ma plus longue session a eu lieu une semaine où il a fait mauvais tous les jours. Je suis donc allée courir 2h15 sous la pluie. Il suffit de s’habiller en conséquence», lance celle qui a beaucoup foulé la grève entre Yvonand et Yverdon, essuyant même un orage.

Rentrée la veille des États-Unis, où elle s’est rendue avec son mari, l’un de ses fils et l’amie de celui-ci, Brigitte Cuérel a les yeux qui pétillent lorsqu’elle évoque son aventure: «J’avais décidé de ne rester que du jeudi au lundi sur place, avec le marathon le dimanche, car je savais que j’aurais besoin de repos, avant et après la course. Et quand on visite une ville, on parcourt beaucoup de kilomètres. Je m’étais dit que si New York me plaisait, je reviendrais en tant que touriste. Dès le premier soir, j’ai su que ce serait le cas. On est passés par Times Square après être allés chercher mon dossard, c’était fou! J’aime bien courir dans la nature, alors le contraste était total, mais New York est incroyable.» Et dire que celle qui avait notamment visité la Californie et l’Australie avec son mari, avant d’avoir des enfants, pensait ne plus tellement avoir envie de voyager…

Levée aux aurores le jour J, Brigitte Cuérel a, comme les autres participants, dû attendre de longues heures dans la zone de départ du marathon. «On est obligés de s’y rendre très tôt, parce qu’ensuite, toute la zone est bouclée.» Si on l’avait prévenue qu’elle risquait de geler pendant cette longue attente assise, il n’en a rien été: le mercure était bien plus élevé que la moyenne saisonnière, cette année. «II a fait un temps exceptionnel, avec des températures qui ont dépassé les 20 degrés. C’était agréable, mais ça a eu un impact sur les chronos, plus lents que d’habitude. L’air était très humide.»

À 11h30, est enfin venu le tour de Brigitte Cuérel de s’élancer. «Le départ est un véritable show à l’américaine, avec notamment un chanteur qui entonne l’hymne national. Ça donne les frissons! Je me suis sentie bien dès le début, avec tous ces gens qui nous encourageaient au bord du parcours. J’arrive à me mettre dans une bulle quand je cours, mais là, il y avait tellement d’ambiance que j’en sortais parfois. Ce qui est bien, car il faut aussi vivre la course! On dit qu’il y a environ deux millions de spectateurs le long du tracé.»

Un chiffre impressionnant, qui ne l’a pas empêchée de voir ses supporters personnels parmi la foule, aux trois endroits où ils lui avaient dit qu’ils se posteraient. «C’était incroyable de pouvoir à chaque fois les repérer. Ils ont sillonné la ville en métro pour m’encourager à plusieurs places, ils ont été top!» Au final, malgré les cinq grands ponts réputés pour casser les jambes des coureurs, Brigitte Cuérel a réussi à éviter le fameux mur du marathon, soit la baisse d’énergie qui survient généralement autour du 30e kilomètre, et a pu franchir la ligne d’arrivée, à Central Park, après 5h07’38 d’effort. Il lui a cependant fallu marcher encore… une heure pour regagner son hôtel, avant de pouvoir savourer un apéritif bien mérité sur l’un des célèbres rooftops de New York.

«J’ai fait très attention à mon alimentation, durant la période qui a précédé le marathon. Cela a sûrement contribué au fait que je me sente aussi bien tout au long de la course, hormis quelques crampes», relève la sexagénaire. Mais, maintenant que la mythique course est derrière elle, celle qui officie comme vendeuse dans l’une des confiseries Schneider d’Yverdon se réjouit d’une chose: «Pouvoir remanger des mille-feuilles!»

 

Des courses populaires aux marathons

 

Cela fait désormais quelques saisons que Brigitte Cuérel termine régulièrement dans le trio de tête de sa catégorie dans les courses populaires de la région. «Je me suis mise à la course à pied à 50 ans, une fois que mes trois enfants étaient un peu hors de la maison. J’avais plus de temps pour moi, et ma sœur participait à des épreuves populaires. J’ai d’abord commencé par juste m’entraîner, puis je me suis alignée sur des 10 km. J’ai progressivement augmenté les distances, et cela me plaisait beaucoup.»

La sportive d’Yvonand apprécie notamment la simplicité de la discipline: «On met les baskets, on sort de la maison, et on court dans la nature. Cela fait aussi du bien pour la tête.» Pour ses 55 ans, elle décide de se lancer dans un premier marathon, et jette son dévolu sur celui de Vienne. «C’était vraiment joli, et une super expérience.»

Le Covid a ensuite contraint l’ancienne skieuse – qui a fait partie du cadre régional du canton de Saint-Gall, où elle a grandi – à se contenter d’entraînements, jusqu’à ce que les manifestations sportives reprennent normalement. Une pause forcée de compétition qui ne l’a en rien dissuadée de recourir un marathon, cinq ans plus tard.

Muriel Ambühl