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Le Nord vaudois attire les projets éoliens

9 mai 2012

Le Conseil d’Etat met en consultation une planification directrice en matière de parcs éoliens. Dix-neuf projets ont été retenus, dix d’entres eux sous conditions. Ce qui représente une production potentielle de 27% de la consommation des Vaudois.

Sortie du nucléaire oblige, un grand nombre de projets sont à l'étude dans le canton, et notamment dans le Nord-Vaudois.

Un simple coup d’oeil à la carte suffit pour se rendre compte que, si éoliennes il y aura en terre vaudoise, la très grande majorité d’entre elles se dresseront dans l’arrière pays. La conseillère d’Etat Jacqueline de Quattro n’y voit cependant aucune volonté politique «d’y déplacer le problème». Ce que confirme Cornelis Neet, directeur général de l’environnement: «C’est la prise en compte d’une réalité physique. Il faut aller chercher le vent là où il se trouve et là où il est utilisable, à savoir le plus souvent sur les crêtes.»

La planification directrice en la matière intègre neuf sites, et dix autres sont retenus sous conditions. Dix de ces projets de parcs éoliens se trouvent complètement ou en partie dans le Nord vaudois (voir encadré), à savoir Bel Coster (Ballaigues, L’Abergement et Lignerolle), EolJoux (Le Chenit), Grati (Premier, Vaulion), Sainte-Croix, Tous-Vents (Essertines-sur-Yverdon, Orzens, Pailly, Ursins), Cronay, Grandevent (Bullet, Fontaines-sur-Grandson, Grandevent), Grandsonnaz (Bullet, Fiez, Fontaines-sur-Grandson et Mauborget), Mollendruz (Juriens, La Praz, Mont-la-Ville) et Provence, alors qu’à deux exceptions près, les autres turbines devraient être implantées chez nos voisins du Gros-de-Vaud. L’objectif du Canton est de produire, grâce au vent, entre 500 et 1000 GW/h, soit 12 à 25% de sa consommation en électricité d’ici 2035. Le potentiel théorique de l’ensemble des projets éoliens vaudois représente lui 27% de la consommation. Cumulé avec le potentiel hydroélectrique, plus de la moitié des besoins pourraient être couverts par une production locale, propre et renouvelable.

Le fort potentiel du canton

Jacqueline de Quattro souligne que le potentiel éolien dans le canton de Vaud est supérieur à la moyenne suisse. «Chaque région doit se focaliser sur des possibilités différentes en fonction de ses ressources», analyse-t-elle. Mais le point de mire est le même pour tous: la sortie du nucléaire agendée par le Conseil Fédéral pour 2035. Et si l’atome relève de la Confédération, les économies d’énergie et les différentes sources renouvelables sont de la compétence des cantons.

La planification directrice des parcs éoliens sera mise en consultation dans le courant de ce mois, avant d’être ajustée par le Conseil d’Etat en fonction des observations qui seront recueillies auprès des autorités communales, des associations de protection de l’environnement, des cantons voisins et du public.

Jacqueline de Quattro tient à préciser que ce n’est pas parce qu’un parc éolien figure dans la planification qu’il sera forcément réalisé. Chacun d’entre eux nécessitera une mise à l’enquête et la délivrance d’un permis de construire sur le plan communal. «Il est possible que d’autres projets viennent s’ajouter, même si cela me paraît difficile. Durant cette procédure, le territoire a déjà été sillonné par les spécialistes», précise Cornelis Neet. D’ailleurs, dix-huit projets ont été d’emblée rejetés pour manque de vent, dossier incomplet, implantation de machines en zone d’exclusion ou impact sur la navigation aérienne. En effet, le radar de l’aéroport de Genève peine à différencier le mouvement des avions de celui des hélices des éoliennes. «Mais ce point pourrait être corrigé dans le futur, avec un radar équipé d’une nouvelle technologie», espère la conseillère d’Etat.

 

Stade d’avancement des projets nord-vaudois

De très longues procédures

Le projet de Sainte-Croix, malgré ses nombreux rebondissements, reste le plus avancé. La conseillère d’Etat Jacqueline de Quattro souhaite d’ailleurs «remercier les Sainte-Crix qui ont accepté de devenir des pionniers». Impossible pour autant de prédire quand la première turbine vaudoise, qui devrait, selon toute logique, être dressée sur le Balcon du Jura, sera mise en fonction. Le plan d’affectation partiel de ce parc éolien n’a pas encore été avalisé par le Conseil d’Etat, lequel attendait le résultat de la votation populaire. Et cette validation de l’Exécutif cantonal ouvrira de nouvelles voies de recours, que les farouches opposants des éoliennes ne manqueront vraisemblablement pas d’épuiser jusqu’au bout…

Les projets de Bel Coster, Grati et Tous-Vents ont été intégrés à la planification. Tout comme d’ailleurs celui d’Eoljoux, qui doit cependant attendre l’accord de la Confédération, puisqu’il figure dans une zone répertoriée dans l’Inventaire fédéral des paysages.

Le projet du Mollendruz, parce que de nouvelles possibilités de réduire son impact sur le paysage doivent être encore étudiées, celui de Cronay, pour lequel Skyguide, entreprise qui assure la sécurité dans l’espace aérien suisse, n’a pas encore donné son feu vert, et ceux de la Grandsonnaz, Grandevent et Provence, qui nécessitent encore des opérations de coordination avec le canton limitrophe de Neuchâtel, ont été intégrés à la planification sous conditions. «Nous étudions des solutions pour éviter davantage la co-visibilité avec des éléments du patrimoine», confirme Anne-Claire Pliska, directrice d’Energie Naturelle Mollendruz SA. En attendant que la mise en consultation de cette planification directrice soit terminée, ces différents projets, à l’exception de celui de Sainte-Croix qui figure déjà au Plan directeur cantonal, sont gelés.