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Le philanthrope amoureux du Nord vaudois

21 août 2014

Cette année correspond aux 100 ans de la mort de William Barbey, une personnalité qui a laissé plusieurs traces dans la région.

Reinhard Scholz, qui a officié 30 ans comme chef de gare à Sainte-Croix, possède un exemplaire du livre «Généalogie de la famille Barbey de Chexbres et la descendance complète de William Barbey, 1842-1914», publié par Pierre-Yves Favez aux éditions Rod, de Rolle, en 1984.

Reinhard Scholz, qui a officié 30 ans comme chef de gare à Sainte-Croix, possède un exemplaire du livre «Généalogie de la famille Barbey de Chexbres et la descendance complète de William Barbey, 1842-1914», publié par Pierre-Yves Favez aux éditions Rod, de Rolle, en 1984.

La ligne Yverdon-Sainte-Croix et ses retombées pour le tourisme et l’industrie de la région, une vision pionnière en matière de protection de la nature et du patrimoine, plusieurs endroits baptisés à son nom. William Barbey, mort il y a cent ans, a, c’est le moins que l’on puisse dire, marqué de son empreinte le Nord vaudois, une région dans laquelle il a été amené par une histoire de coeur.

Parti à New York rejoindre son frère après avoir interrompu ses études d’ingénieur à Paris en raison de problèmes de santé, le jeune homme, né à Genthod (GE), rencontre Caroline Boissier, celle qui deviendra sa femme, lors d’un de ses voyages en Europe. Leur mariage est célébré le 17 septembre 1869, faisant de l’illustre botaniste Edmond Boissier, alors propriétaire du manoir de Valeyres-sous-Rances, son beau-père. Le point de départ d’une passion pour les végétaux, cause de nombreux voyages et travaux, ainsi que de la volonté de préserver l’héritage d’Edmond Boissier, qui habitera William Barbey toute sa vie durant.

Dévotion pour la région

William Barbey est mort le 18 novembre 1914 à Chambésy.

William Barbey est mort le 18 novembre 1914 à Chambésy.

«C’était un philanthrope généreux, attaché à la région », déclare l’historien Christian Schül. À propos du parrain de la ligne Yverdon-Sainte-Croix. Une voie de chemin de fer aujourd’hui exploitée par la société Travys dont il a financé la construction moyennant quelques conditions (lire encadré).

«Le premier coup de pioche a été donné le 3 août 1892 et la ligne a été achevée le 17 novembre 1893. C’est extraordinaire car le chantier a été mené avec des outils comme des barres à mine, des brouettes, des wagonnets et de la poudre», déclare Reinhard Scholz, ancien chef de gare à Sainte- Croix féru d’histoire qui a publié un ouvrage sur la ligne.

«La voie ferroviaire reliant Yverdon à Sainte- Croix a contribué au développement touristique et industriel de la région», tient à rappeler Christian Schül..

D’autres manifestations de la générosité et de l’engagement de celui qui a prêté son nom à une rame d’ICN, se retrouvent dans les différents documents qui lui sont consacrés. Une publication du Bulletin de la Société vaudoise des sciences naturelles relève qu’il est, dans la région d’Orbe, «l’un des premiers à s’être occupé de la protection de la nature». Un intérêt illustré par le rachat de tous les blocs erratiques que la Commune de Valeyres-sous-Rances avait vendues à un granitier.

Habitant de Valeyres

Le livre «Généalogie de la famille Barbey de Chexbres et la descendance complète de William Barbey, 1842- 1914» lui attribue, entre autres, la création, à Valeyres, où il vivait en alternance avec Chambésy, d’une bibliothèque, d’une école privée, d’un établissement de bains et d’une place de jeux. On lui devrait aussi une importante distribution de maïs aux habitants de la région lors de la sécheresse de 1893. Député libéral au Grand Conseil vaudois de 1885 à 1909, William Barbey était une personnalité influente dans ce canton comme à Genève.

Ligne Yverdon-Sainte-Croix

Sauf le dimanche

William Barbey était animé d’une forte conviction chrétienne. Aussi, dans le souci de respecter un repos dominical absolu, a-t-il exigé, comme condition au financement de celle-ci, que la ligne Yverdon-Sainte-Croix ne soit pas en activité le dimanche. Sa requête, visible au bas à droite du document ci-contre, lui a été accordée sur une période de 25 ans, soit de 1893 à 1918. «Membre de l’église libre vaudoise, William Barbey se voua avec sollicitude aux missions, notamment, la Mission romande et aux Ecoles du dimanche ; afin d’assurer une diffusion de la Bible à un prix modique, il fit imprimer à ses frais la version du Dr Louis Segond », apprend-on dans la biographie du livre consacré à la généalogie de la famille Barbey.

Ludovic Pillonel