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«Le premier client est arrivé à 6h30!»
Nati, serveuse au Duo, et la patronne Evelyne ont eu plein de boulot dès le matin.

«Le premier client est arrivé à 6h30!»

19 avril 2021

« Tu t’es désinfecté les mains à la table là-bas? Oui? Alors tu peux venir! Un café? » Evelyne Wild était attentive au moindre détail en ce lundi matin, demandant à chaque client de s’enregistrer au moyen de l’application « social pass ». Et pour ceux qui ne sauraient pas le faire, la patronne du Duo Bar écrit les données à la main et le fait pour eux. Une vraie tenancière « à l’ancienne », proche de ses clients, qui se réjouissait sincèrement de les retrouver en ce lundi matin.

Et ils ne l’ont pas faite attendre, puisque le premier est arrivé à… 6h30! « J’avais prévu d’ouvrir à 7h30. D’habitude, c’est bien plus tôt, mais là, vu que c’est seulement en terrasse, je me disais que 7h30 était une bonne heure », souriait-elle. Raté, puisqu’il a fallu anticiper un peu, donc. « Je n’allais quand même pas lui dire non! » Le premier courageux a donc eu son café à 6h30 avant de partir au travail et les clients suivants sont vite arrivés, afin de profiter du premier jour de la réouverture des terrasses.

A 8h30, une dizaine de personnes se trouvaient en effet sur la terrasse du Duo, malgré un frisquet 3 degrés enregistré à ce moment-là. Au total, Evelyne Wild et la serveuse Nati ont disposé 9 tables, pour un total de 28 places. Les gens ont un peu froid en ce lundi matin, mais, vêtus d’une bonne veste, ils lisent le journal, discutent entre eux et sont simplement heureux de retrouver un peu de lien social après quatre mois de fermeture.

A l’intérieur du Duo, les croissants et les petits pains attendent les clients, mais pas question d’aller les chercher soi-même: Nati et Evelyne les apportent, en même temps que le café. 8h43, première plainte: « Evelyne, tu peux pas mettre une sono dehors? On n’entend pas la radio! » La patronne se marre: « Tu veux pas une danse du ventre non plus? » Mais la tenancière réfléchit: « C’est vrai que la radio à l’intérieur, ça ne sert pas à grand chose. Tant pis! »

Deux gendarmes, venus du poste juste en face, passent sur le trottoir, jettent un oeil sans s’arrêter. Tout est en règle. Et les clients viennent, de plus en plus nombreux. « Je n’étais pas inquiète, notre clientèle est super. Les gens jouent le jeu, ils sont heureux de nous voir! Et nous aussi! », continue Evelyne Wild, qui n’a jamais arrêté de cuisiner à l’emporter depuis décembre. « Ca nous a au moins permis de payer les charges, le loyer, l’électricité… », glisse-t-elle, alors que les aides se font parfois attendre et qu’il est difficile de se projeter vers l’avenir.

En attendant, Evelyne et « ses filles », comme elle appelle avec tendresse son équipe de serveuses, sont tout simplement heureuses d’avoir retrouvé un peu de vie au Duo, ce lieu emblématique de la vie de la plaine de l’Orbe.

Au Duo, on trouve en effet de tout, dès 5h chaque matin, entre ceux qui se réveillent et partent au travail, ceux qui ont fini leur « shift de nuit » dans les usines des Ducats, chez Nestlé ou chez Sicpa, et viennent prendre un verre avant de rentrer se reposer, ou encore les fêtards qui viennent finir leur soirée et croisent dans un joyeux mélange ceux qui débutent leur journée. Le Duo, c’est toute une atmosphère, une certaine idée de la vie et du lien social, au coeur du village. Un dernier bastion collectif dans une société de plus en plus individualisée.

Chavornay l’a donc retrouvé, pour l’instant uniquement en terrasse. Déjà un pas en avant.

Rédaction