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Le professionnel

15 août 2014

Football – 1re ligue – L’international guinéen Mamoudou Mara s’est engagé avec Yverdon Sport pour relancer sa carrière. Un objectif qu’il entend atteindre en travaillant dur, tout simplement.

© Pittet

© Pittet

«Parce que c’est le travail de papa.» Cette phrase, Mamoudou Mara aura sans doute à la répéter. Quand, après un jour ou deux avec sa famille, il sera l’heure de reprendre la route qui sépare Dijon d’Yverdon. Quand il sera temps de quitter sa femme, Fanny, et que ses jumelles de 3 ans, Siyata et Saran, lui demanderont pourquoi il doit partir si loin et si longtemps pour jouer au football.

C’est un véritable professionnel qu’a dégoté Yverdon Sport, en fin de semaine dernière. Au-delà de son pedigree plus qu’intéressant pour une équipe de 1re ligue, puisqu’il compte sept sélections en équipe nationale de Guinée, le défenseur central témoigne d’un esprit dont rêvent tous les entraîneurs. «Je suis quelqu’un de simple et je n’ai jamais d’embrouille, glisse-t-il. Il n’y a que sur un terrain que je peux m’énerver. Je ne supporte pas qu’on y manque de sérieux. C’est un boulot. On n’est pas là pour plaisanter.»

Pourtant, c’est au sein d’un club amateur que Mamoudou Mara va évoluer ces prochains mois. Après avoir résilié son contrat à Arles-Avignon, en Ligue 2, où il n’entrait plus dans les plans de l’entraîneur, il a failli trouver de l’embauche en deuxième division turque. «Mais cela fait longtemps que je n’ai plus joué en compétition, je dois retrouver le rythme, reconnaît-il. Le club a pris un autre joueur, qui était prêt tout de suite.»

C’est à ce moment que son agent lui parle d’YS. Le défenseur de 23 ans y voit une opportunité idéale de reprendre ses marques. Un choix qui implique des efforts sur le plan financier. «Je ne suis pas là pour l’argent, mais pour jouer au football. Je voulais une équipe, un terrain. Pour le reste, je me débrouille», assure-til. C’est qu’il envisage le Nord vaudois comme un tremplin. «Je me suis engagé pour une année et je ne cherche plus à gauche-à droite, mais j’espère qu’on me repère. Ce qui est sûr, c’est que je vais me donner à fond ici. Je veux faire de belles choses. Le club est ambitieux, je veux l’aider.»

Et tant pour briller aujourd’hui que pour rebondir demain, Mamoudou Mara ne se repose pas dans la Cité thermale. En plus de participer aux entraînements de l’équipe, il s’astreint à un solide programme de condition physique : course à pied, gainage, musculation, le tout quotidiennement.

Si la plupart de ses nouveaux coéquipiers ont quelque chose à côté du foot (des études, un travail), lui mène une vie de véritable sportif d’élite. Une rigueur individuelle qu’il a développée depuis ses débuts, dans le petit club guinéen du FC Bah. «Si tu veux aller loin, il faut travailler dur, c’est tout.»

Pas qualifié samedi dernier (il ne le sera pas encore demain contre Naters), Mamoudou Mara a assisté du bord du terrain à la victoire de sa nouvelle équipe contre Guin. «J’ai vu des choses intéressantes, des duels bien disputés», estime-t-il. Il n’a pas regardé le match de haut : «Il ne faut pas sous-estimer ce football amateur. Je le connais, j’y ai joué plusieurs saisons à Dijon.»

La sélection pour le moral

C’est là-bas, en Bourgogne, que Mamoudou Mara a débarqué de Conakry, capitale de sa Guinée natale, en 2007. «Je suis venu chez mon oncle pour tenter ma chance dans le foot», se souvient-il. Son travail acharné a payé, puisqu’en plus d’y fonder une famille, il a touché à la Ligue 2 et il a pu revenir au pays avec le statut d’un footballeur convoqué en équipe nationale. Une fierté pour lui, comme pour ses parents, qui a atteint son paroxysme lorsqu’il a marqué un but contre le Maroc en amical. «Quand cela n’allait pas en club, j’ai toujours pu compter sur mes performances en sélection pour garder le moral», glisse-t-il.

En septembre, les qualifications pour la Coupe d’Afrique des nations commenceront toutefois sans lui, en attendant qu’il retrouve du temps de jeu, du rythme. Ça le démange : «En regardant mes potes contre Guin, j’avais l’impression de jouer, d’être dans le match.» En bon professionnel, il n’aspire qu’à pouvoir bien faire son boulot.


«Le virus Ebola m’inquiète»

La Guinée est un des pays les plus touchés par le virus Ebola. «Ça m’inquiète beaucoup, dit-il. J’ai appelé mes parents pour leur dire d’être prudents, mais ils vivent en ville et il paraît que les villages sont plus touchés. Ceci dit, vous savez, un Guinéen atteint, c’est comme quelqu’un de ma famille.» A noter que la sélection ne pourra pas jouer ses prochains matches au pays, à cause des risques liés au virus.

Lionel Pittet