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Le quotidien de jeunes à la dérive vu de l’intérieur

28 mai 2014

Collaborateur au Centre communal pour adolescents de Valmont, Claudio Vallone livre un témoignage poignant sur cette structure communale lausannoise et ses pensionnaires. Son livre, «Qui sont ces ados qu’on enferme ?», est disponible en librairie dès aujourd’hui.

Après un stage préalable, Claudio Vallone a travaillé 18 ans au Centre communal pour adolescents de Valmont, six en tant qu’éducateur, puis douze comme enseignant spécialisé.

Après un stage préalable, Claudio Vallone a travaillé 18 ans au Centre communal pour adolescents de Valmont, six en tant qu’éducateur, puis douze comme enseignant spécialisé.

Immergé une vingtaine d’années dans l’univers du Centre communal pour adolescents de Valmont, l’Urbigène de 43 ans Claudio Vallone a ressenti le besoin de «couper le cordon ombilical » au moment de quitter cet endroit si particulier pour un nouveau défi professionnel. Son livre «Qui sont ces ados qu’on enferme ?», publié aux Editions Mon Village, de Sainte-Croix, est disponible dès aujourd’hui dans les librairies.

Cet ouvrage évoque les histoires de jeunes passés par Valmont entre 1995 et 2000. Des adolescents cabossés par la vie que l’auteur a divisé en trois catégories. «Il y a ceux qui sont installés dans la délinquance. Ils ont commis des délits plus ou moins graves et on les revoit régulièrement jusqu’à leurs 18 ans», indique Claudio Vallone.

Pour d’autres, le centre de Valmont fait figure «d’électrochoc ». Ils reprennent leur route après un, voire deux passages. Enfin, il y a «les jeunes qui flirtent avec la délinquance. Des poissons qui glissent entre les mains des travailleurs sociaux». Quelle que soit la durée de séjour, le directeur du centre Daniel Javet l’estime à dix à quinze jours en moyenne, avec d’importantes fluctuations selon les individu, tous se retrouvent dans un espace fermé, face à leurs problèmes. Et aux éducateurs. Cette situation de «corps-à-corps», sans échappatoire, la tête libérée de toute substance, est la caractéristique de Valmont, relevée par les intervenants associés à la structure (voir encadré). Dans son livre, Claudio Vallone retrace l’histoire de 18 jeunes pensionnaires du centre lausannois qui l’ont marqué. Leurs prénoms et les lieux de vie ont été modifiés. Pour la plupart, l’auteur ne sait pas ce qu’il est advenu d’eux. De «Pascal, le provocateur attachant » à «Tania, la violence à l’état pur», tous laissent leur empreinte à ce témoignage inédit.

Dédicaces vendredi 13 juin, 16h-18h, chez Payot, à Yverdon et samedi 14 juin, 11h- 14h, Le Cerf Livres, à Orbe.

Établissement de détention pour mineurs «Aux Léchaires»

L’ouverture de Palézieux change la donne

Inauguré en décembre dernier, l’ Établissement de détention pour mineurs «Aux Léchaires », à Palézieux, accueille ses premiers occupants depuis une dizaine de jours. Sa création a une incidence directe sur le centre de Valmont, qui s’acquittait jusqu’ici de toutes les missions civiles et pénales pour cette frange de la population.

Concrètement, les mineurs faisant l’objet d’une mesure de détention préventive ou devant exécuter une peine seront désormais dirigés à Palézieux. En d’autres termes, le nouvel établissement consiste en une prison adaptée aux adolescents, alors que Valmont sera dévolu aux mesures éducatives et civiles à l’attention de ce même public. La complémentarité des deux structures va impliquer de mettre en place une collaboration efficace entre elles, un enjeu soulevé par plusieurs intervenants lors de la conférence.

Des professionnels apportent leur éclairage dans le livre

La parole aux acteurs de Valmont

Le Centre communal pour adolescents de Valmont ne se limite pas, loin s’en faut, aux mineurs et aux éducateurs. La deuxième partie de l’ouvrage «Qui sont ces ados qu’on enferme ?» permet aux autres acteurs d’apporter leur point de vue. Parmi eux, Christophe Bornand, chef du Service de protection de la jeunesse, a tenu à saluer la démarche de Claudio Vallone : «On ne raconte pas assez le quotidien dans ce domaine professionnel.

Je pense que l’on peut compter sur les doigts d’une main les personnes qui ont pris ce risque.» Pour sa part, le docteur Philippe Stefan, chef du Service universitaire de psychiatrie pour l’enfant et l’adolescent, qui se rend à Valmont depuis 17 ans en tant qu’externe, a souligné que «ce côté interdisciplinaire fait la force de l’établissement».

Ludovic Pillonel