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Le retour au pays du petit-fils de «Bourvil»

20 novembre 2014

Etabli depuis treize ans en Belgique, Gilles Gonin est revenu «humer l’air local» lors de la Revue de Thierrens, dont il est le metteur en scène.

Gilles Gonin a quitté son domicile belge depuis octobre pour Orzens et les besoins de la Revue. © Nadine Jacquet

Gilles Gonin a quitté son domicile belge depuis octobre pour Orzens et les besoins de la Revue.

La rue des Fontaines, à Orzens. L’endroit est bien choisi pour un retour aux sources. Sur la terrasse de la maison de son enfance pour saluer comme il se doit l’apparition du soleil, Gilles Gonin ne semble pas totalement dans son assiette. La soirée a été longue du côté de Thierrens, où la fièvre des préparatifs de la Revue débouche généralement sur un final convivial.

A deux jours de la première, le nouveau metteur en scène est confiant. Tout sera prêt le jour J, assure-t-il, conscient de son avantage de ne pas être arrivé en terrain inconnu. Né dans une famille attirée par les planches, son paternel, son grand-père, que l’on surnommait «Bourvil», et ses oncles jouaient, notamment, dans des pièces de théâtre villageoises à Orzens, Gilles Gonin a assisté, dans sa jeunesse, à de nombreuses Revues de Thierrens. L’édition de cette année peut d’ailleurs compter, une fois encore, sur la participation de son père.

Contacté par Christian Crisinel, pour qui le cumul des casquettes s’avérait difficilement gérable, le Nord-Vaudois, expatrié en Belgique, a donc accepté de relever le challenge. «Je me suis dit que c’était une belle occasion de participer à un projet que je connaissais. C’est la première fois que je réalise une mise en scène aussi conséquente», observe-t-il, content de pouvoir ajouter une nouvelle corde à son arc artistique.

Une passion découverte à petits pas

Venu au monde à Yverdon- les-Bains, Gilles Gonin a vécu sa jeunesse à Orzens, dans la maison familiale construite en 1971. Il a quitté le cocon pour Lausanne à l’âge de 24 ans, après avoir effectué sa formation universitaire en sciences sociales. Le théâtre occupait déjà certaines de ses soirées, mais cela ne lui suffisait pas.

Il décide de faire le grand saut, tout en officiant comme plongeur temporaire dans une cuisine. Il rencontre Sai Kikjima, dont le travail corporel et théâtral sur scène le fascine, et se forme plusieurs années à ses côtés, tout en envisageant de s’inscrire dans une école pour «avoir le métier dans les mains».

Des portes se ferment à cause de son âge trop avancé. Celles de l’Institut national supérieur des arts du spectacle et des techniques de diffusion (INSAS) demeurent closes au stade de l’examen d’admission. Mais la Belgique finit par lui sourire, par le biais du Conservatoire royal de Liège, où une amie l’encourage à poursuivre son parcours.

Plusieurs activités

Treize ans plus tard, c’est à Bruxelles que Gilles Gonin continue son bonhomme de chemin. Son quotidien allie performances de clown en milieu hospitalier, projets théâtraux, massages shiatsu et formation en psychothérapie. Un exercice de jonglage peu banal entre des activités auxquelles il établit un point commun au prix d’un numéro d’équilibriste. «Ce qui m’anime, c’est d’aider les gens à trouver plus de liberté», déclare-t-il.

L’«art clownesque», qu’il a découvert à travers un stage avec la Genevoise Martine Bührer, est sa prédilection. «Le clown joue avec nos parts d’ombre. Il accepte et explore les faiblesses et les imperfections de l’être humain», explique-t- il, soulignant le paradoxe avec une société régie par le rendement et l’efficacité. Sans oublier d’évoquer avec amertume la mauvaise plaisanterie des faux clowns auteurs d’agression.

Changement d’air

L’épisode de la Revue permet à Gilles Gonin d’«humer l’air local», de s’imprégner de cette nature qui lui manque beaucoup, et de savourer la «fraîcheur» des acteurs du rendez-vous incontournable de Thierrens. «Je leur fait faire, entre autres, des exercices d’échauffement pour travailler l’écoute, la connexion avec les autres. Cela bouscule sans doute leurs habitudes, mais ils sont très réceptifs», indique celui qui fêtera ses 40 ans lors de l’événement.

Que les inconditionnels de la Revue se rassurent. Si la préparation diffère, semblet- il, quelque peu, cette année, le spectacle thierranais conserve sa lecture irrévérencieuse de l’actualité. Un grand écart allant des conséquences du vote du 9 février à la morosité du Comptoir suisse en passant par la surpopulation carcérale. A découvrir dès demain!

 

La Revue du FC Thierrens («Liberté et poitrine!»), de demain au 6 décembre (sauf les lundis et mardis) à la grande salle. Toutes les infos sur www.larevuedethierrens.ch

Ludovic Pillonel