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Le sapeur-banquier ne compte pas ses heures
Jonathan Gombert sera bientôt le nouveau commandant du SDISPO. © Zsolt SARKOZY

Le sapeur-banquier ne compte pas ses heures

27 décembre 2021

Futur commandant du SDISPO, le responsable de l’agence BCV d’Orbe Jonathan Gombert s’appuiera sur son expérience managériale pour relever les défis qui l’attendent.

Jonathan Gombert, pourquoi vous être présenté pour le poste de commandant du Service de défense incendie et secours (SDIS) de la plaine de l’Orbe?

C’est l’occasion pour moi d’amener d’autres compétences pour le SDIS que la formation, dont je suis en charge depuis 2019. En tant que directeur de l’agence de la Banque cantonale vaudoise d’Orbe, j’ai développé des compétences managériales. Vous savez, être commandant c’est un peu comme être chef d’une PME. Il y a tout l’aspect pilotage d’entreprise, de la gestion du budget au suivi des projets en cours.

Ça, c’est ce que vous pouvez apporter au SDIS. Mais qu’est-ce qui vous a attiré personnellement?

D’un point de vue personnel, c’est un nouveau challenge pour moi. Mais ce n’était pas prévu, c’est vraiment le hasard du calendrier qui a fait que cette opportunité est arrivée au bon moment. Il y a pas mal de défis qui attendent le SDIS et les volontaires qui le composent dans les prochaines années.

Quels sont-ils?

Le point critique, c’est de trouver des officiers et des sous-officiers. Former des cadres, en résumé. Aujourd’hui, pour avoir un sapeur formé et parfaitement fiable sur le terrain, il faut compter entre quatre et cinq ans. Donc pour accéder à des fonctions à responsabilité, c’est évidemment encore plus long. Or quand on sait que la carrière moyenne d’un pompier en Suisse est de sept ans… Le résultat est vite obtenu, ça devient difficile d’avoir des cadres.

Mais il y a aussi d’autres challenges pour le SDISPO, non?

Oui, on parlait de la formation pour les cadres, mais bien former tous nos membres est essentiel. Le défi, c’est que tout ce qui a trait à la sécurité devient très technique. Les manières de faire évoluent et il n’y pas 36 façons d’apprendre: cela passe par la formation.

Comment êtes-vous arrivé dans une caserne?

Un peu par hasard. Mon beau-père était pompier et ce monde m’intriguait. Par curiosité, je me suis rendu à la caserne d’Orbe, j’ai frappé à la porte… et je ne suis jamais reparti! Une fois qu’on est dedans, tout s’enchaîne, on s’engage et la passion prend de plus en plus de place.

Quel est votre parcours de sapeur?

J’ai débuté au sein du détachement d’appui d’Orbe, en 2007. J’ai commencé par la base, comme tout le monde. Je suis ensuite passé au détachement de premier secours (DPS), toujours à Orbe, environ deux ans plus tard. J’ai gravi les échelons les uns après les autres et suivi à peu près toutes les spécialisations possibles. En 2019, j’ai passé le brevet d’instructeur fédéral, à la suite de quoi j’ai intégré l’état-major du SDIS, pour m’occuper de la formation.

Comment avez-vous réagi lorsque vous avez appris que vous seriez le nouveau commandant?

J’ai été très honoré. C’est une grande fierté de pouvoir continuer à mettre mon temps au service des pompiers. Le SDIS de la plaine de l’Orbe est un corps extraordinaire, avec un magnifique potentiel. La base est fantastique, il faut juste continuer à façonner cet édifice.

Vous êtes responsable de l’agence BCV d’Orbe. Comment allez-vous rendre cela compatible avec votre nouvelle tâche au sein du SDIS?

Des discussions sont en cours avec le Codir pour que le poste de commandant soit reconnu comme un 20%, soit une fonction qui prend un jour temps-plein. Cela me permettrait de réduire légèrement mon pourcentage à la banque. Mais je sais bien que ça pourra déborder. Lorsqu’on est pompier volontaire, il y a forcément une part de don de soi. J’ai aussi une bonne capacité à absorber le travail. La pression positive me motive.

Lors de la revue du corps où vous avez été annoncé comme futur remplaçant de Pascal Turin, vous avez fait venir votre épouse sur scène pour lui souhaiter bonne chance. Ce n’est pas un cadeau que vous lui faites en prenant les rênes du SDISPO…

Ah, elle sait pourquoi je lui ai demandé de venir (il sourit). Lorsque j’ai postulé, c’était une décision que nous avions prise ensemble. On est obligé d’impliquer la famille dans ce genre de choix si on veut que ça fonctionne. L’appui du conjoint est particulièrement essentiel. Si mon épouse m’avait dit qu’elle ne souhaitait pas que je prenne une responsabilité supplémentaire, je n’aurais pas postulé.

Comment gérer une vie familiale en plus de tout ça?

La famille est primordiale, c’est un refuge. C’est très important d’avoir des soirs et des week-ends consacrés à ma femme et mes enfants. C’est une question d’organisation. Après, il n’y a pas de miracle… Ce poste représente beaucoup d’heures les soirs et les week-ends.

Et vos enfants, apprécient-ils le monde des pompiers?

Les deux ont fait partie des Jeunes sapeurs-pompiers et le plus petit y est encore. Mais ce n’est de loin pas une obligation. Un jour, ma fille est venue vers moi, presque désolée, pour me dire qu’elle voulait arrêter. Je lui ai dit que ce n’était vraiment pas un souci! Qu’il ne fallait pas faire «comme papa». Après, en tant que commandant, je dois dire que les JSP sont une super activité, qui facilite aussi la relève pour le SDISPO.