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Le saut de l’ange à 4000 mètres d’altitude

31 juillet 2019
Edition N°2551

Yverdon-les-Bains – La Région a profité d’un bon bol d’air au-dessus des nuages, à l’occasion du jubilé du Para-Club Valais. Sensations à couper le souffle.

Alors que le président du Para-Club Valais, Jérôme Jeanneret, était prêt à filmer mes exploits, j’avais envie de hurler: «Maman au secours!» © Michel Duperrex

Équipée d’une combinaison de parachutiste rouge et d’une paire de lunettes qui me donne l’impression d’avoir un visage de hamster, j’écoute attentivement les instructions de Patrick Rod, moniteur de parachutisme au Para-Club Valais, qui célèbre ses 50 ans d’activités du 1er au 5 août à l’aérodrome d’Yverdon-les-Bains (lire encadré). Les deux pieds bien ancrés au sol, il m’explique le comportement que je dois adopter dans les airs, mais également à l’atterrissage. Il s’agenouille ensuite devant moi: «Ce n’est pas une demande en mariage, mais je suis obligé de serrer les sangles.» Un peu plus loin, mon collègue photographe observe la scène en s’esclaffant: «Un petit sourire pour les lecteurs, Valérie!» Crispée, j’ai le rire nerveux.

À cet instant, je me demande quelle idée saugrenue m’a traversé l’esprit pour vouloir me lancer dans cette aventure. Je n’ai pourtant jamais été avide de sensations fortes, si ce n’est peut-être lors d’un vol en parapente. Le saut de l’ange à 4000 mètres d’altitude? Jamais.

«Avant de monter dans l’avion, est-ce que vous avez des dernières volontés?», plaisante Jérôme Jeanneret, président du club. Et là, je me dis: «Tu n’as plus le choix ma fille, tu ne vas pas te dégonfler maintenant.» Hop, je m’installe sur un siège et l’engin décolle. Le visage toujours crispé et coincée comme une sardine parmi sept parachutistes expérimentés qui trépignent d’impatience à l’idée de s’envoyer en l’air, je m’efforce de sourire face à l’objectif de mon collègue, assis à côté du pilote.

Aucun radar en vue à 190 km/h

Au moment de s’élancer dans le vide, à 4000 mètres d’altitude, je sens une montée d’adrénaline. J’essaie de respirer tant bien que mal, mais j’ai déjà les pieds hors de l’avion. La tête collée contre l’épaule de mon tandem, je ne peux plus revenir en arrière. Sans avoir le temps de réaliser ce que je m’apprête à faire, je suis propulsée dans les airs, la tête la première. Je hurle à tel point que je dois effrayer les oiseaux qui, eux, ont l’habitude de tutoyer le ciel.

Une caméra GoPro sur la tête, Jérôme Jeanneret me fait signe pour que je regarde l’appareil. En vain, je suis obnubilée par le sol qui se rapproche. On vole à 190 km/h et aucun radar à l’horizon. Je n’ai plus aucune notion du temps. Pourtant, quarante-cinq secondes ont défilé avant que le parachute s’ouvre. Soudain, je me sens soulevée et portée par les courants. Un sentiment de liberté totale m’envahit. Je flotte en apesanteur. Patrick Rod m’explique ensuite comment guider la voile destinée à ralentir la descente. Un petit coup à gauche, un petit coup à droite. Je soulève mes jambes à l’atterrissage. Je dois avouer que je suis soulagée à l’idée que mes pieds touchent le sol.

À l’heure où j’écris ces lignes, j’ai encore des étoiles plein les yeux en me disant que cette aventure était complètement folle, mais que ce bol d’air frais à couper le souffle m’a fait le plus grand bien.

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Un jubilé qui se célèbre en plein air

Créé en 1969 par des passionnés, le Para-Club Valais est l’un des premiers clubs de parachutisme de Suisse et compte désormais près de 160 membres. L’été, les sportifs partent depuis l’aérodrome d’Yverdon-les-Bains pour faire le grand saut et, en hiver, depuis Sion. Mais que l’on ne s’y trompe pas, cette activité exige de la technique et de la rigueur. «C’est un sport de fou, mais il y a quand même des règles à respecter», souligne Jérôme Jeanneret. L’association à but non lucratif forme aussi de nouveaux parachutistes jusqu’à ce qu’ils obtiennent leur licence. Du 1er au 5 août, il est possible de s’inscrire auprès des organisateurs pour effectuer son baptême de l’air. Prix: 410 francs.