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Le second tour d’Antoine Aebi

26 mai 2016 | Edition N°1750

Cyclisme – Le Sécheron de 17 ans revient au Tour du Pays de Vaud -dès aujourd’hui- plus fort et plus expérimenté qu’il y a une année.

Antoine Aebi va se retrouver sur ses routes d’entraînement ces prochains jours. © Michel Duperrex

Antoine Aebi va se retrouver sur ses routes d’entraînement ces prochains jours.

D’une année à l’autre, à quel point un jeune cycliste, un jeune homme, a-t-il pu se construire? Antoine Aebi aura sa réponse dimanche, à la fin de son deuxième Tour du Pays de Vaud (TPV) consécutif.

Le Sécheron de 17 ans était arrivé comme un «bleu», l’an passé, sur les routes du TPV. «J’avais souffert de mon manque d’expérience des courses internationales, avec de grands pelotons. J’étais impressionné, sur mon nuage, content d’être là, souvient-il. Participer à une telle course avait été la bonne surprise de ma saison, car j’étais vraiment à la limite pour être sélectionné.»

Relégué en fond de classement il y a douze mois, le coureur du VC Orbe avait parfois souffert. «Un jour, je m’étais fait bousculer par deux Russes. Sur le moment, j’étais parti sans rien dire. Je n’aurais pas dû. Il ne faut pas être gentil sur le vélo, dans un peloton», lance celui qui, aujourd’hui, a pu se frotter plus régulièrement à l’élite des juniors et est prêt à faire sa place dans la course: «Si je suis toujours un petit sur un plan mondial, je suis moins un petit que l’année passée!»

Le Nord-Vaudois avait, alors, pu mesurer la distance qui le séparait encore du niveau international moyen. Un écart qu’il tâche de combler depuis. Son début d’année 2016 est prometteur. Sous les couleurs de l’équipe Roth, il rivalise, désormais, avec les meilleurs Suisses de sa catégorie -il est actuellement 2e au Maillot d’Or, classement des courses nationales principales-, les devance même, régulièrement. De plus, il participe, avec la sélection nationale, à diverses courses en Europe. «Ce sont des résultats que je ne pensais pas obtenir. Pas si tôt», reconnaît celui qui, s’il n’a pas encore gagné, a souvent terminé sur le podium, cette saison.

Sa collaboration avec Christian Brechbühl a rapidement porté ses fruits. Son nouvel entraîneur lui a apporté le cadre dont il avait besoin pour réussir à mener de front sa carrière sportive et sa première année d’apprentissage dans le domaine de l’assurance. «Avant, je décidais moi-même si j’allais rouler ou non. A présent, je n’oserais pas ne pas prendre le vélo, reconnaît Antoine Aebi. A mon retour à la maison, même quand je n’avais pas envie de m’entraîner, je suis souvent content d’y être allé.»

Plus que le simple fait de le pousser, le planning personnalisé qu’il suit lui a permis de progresser plus rapidement qu’imaginé. «Avant, je m’entraînais comme un cyclosportif. A présent, je le fais comme un coureur», glisse ce roi des phrases choc.

Lui qui court avec le fils de Laurent Dufaux, a même eu droit aux éloges de l’ancien vainqueur du Tour de Romandie. «Il m’a dit que j’avais franchi un voire deux paliers», murmure Antoine Aebi, le sourire traversant son visage.

Plus fort, plus expérimenté, plus serein, le cycliste de Suchy aborde son deuxième TPV d’une manière totalement différente. Il a appris et désire, cette fois, en être véritablement un acteur. Durant la course de quatre jours, il visera un top 15 sur l’une ou l’autre des étapes au programme. Surtout, en tant que membre de la seconde formation suisse engagée -composée principalement de talents romands-, il aura le champ libre. «C’est une vraie opportunité pour moi, pour jouer ma carte, car je n’aurai pas besoin de travailler pour Marc Hirschi, le leader de l’équipe phare», estime-t-il, même s’il aurait apprécié de porter le tricot national sur ses routes d’entraînement.

Coureur au profil polyvalent, mais sans réelle spécialisation, Antoine Aebi va trouver un terrain propice à l’expression de ses qualités, lors de cette 48e édition du TPV, avec des étapes (vendredi et dimanche) vallonnées, ni trop dures ni trop faciles, qui peuvent éliminer les sprinters sans trop avantager les grimpeurs. «Globalement, cette année, le parcours est moins exigeant que l’an passé, où il y avait plus de montées, analyse-t-il. Même l’étape de montagne du samedi, avec un passage au sommet aux Rochats, assez loin de l’arrivée à Orbe, ne permettra pas à coup sûr aux meilleurs de faire la différence.»

En plus de participer pour la deuxième fois à l’épreuve, manche de la Coupe des Nations -il se retrouve face aux six meilleurs cyclistes de chaque pays en lice-, Antoine Aebi roulera véritablement à domicile: demain, le peloton passera par Suchy (vers 16h), son village; tandis que samedi, il se retrouvera à Orbe, la localité de son club. Deux raisons de plus de montrer l’étendue de ses progrès.

Etapes régionales

Le Tour du Pays de Vaud (qui se déroule entre aujourd’hui et dimanche) passera deux fois dans le Nord vaudois. Demain, lors de l’étape entre Bofflens (15h30) et Apples, ainsi que samedi, avec l’étape Ballaigues- Orbe (9h – 11h) et le contre-la-montre entre la Cité aux deux poissons et Orny (14h30 – 17h). A noter que, samedi, Orbe sera aussi le théâtre de la cyclosportive Forcethon TPV (départ à 8h, parcours dans la région)

Perturbations

En raison du passage de la course cycliste, de nombreuses perturbations sont à prévoir sur les axes routiers du canton jusqu’à dimanche. Sur l’ensemble du parcours, le trafic inverse à la course sera stoppé par tronçon au fur et à mesure de l’avance des coureurs. Les usagers sont instamment invités à faire preuve de prudence, à tenir compte des restrictions imposées et à se conformer à la signalisation mise en place, comme aux ordres donnés par les services de sécurité (plantons et motocyclistes d’escorte).

La fête à Bofflens

Les localités nord-vaudoises qui accueillent le TPV ont prévu de mettre sur pied des animations pour l’occasion. C’est notamment le cas à Bofflens. Demain, s’y déroulera un petit marché de produits du terroir, de 11h à 17h. Dès midi, il sera possible de se restaurer. Le public y trouvera de la musique et pourra y déguster du vin et des pâtisseries. Si le les cyclistes s’en iront à 15h, de la place sur Chaumy, la fête continuera jusqu’au soir.

Manuel Gremion