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Le Suchet comme toit du monde
Mélanie Reymond-Fusco (à g.), ici au côté d’Ilenia, a gravi et dévalé la pente du Suchet durant 24 heures, fin septembre, afin de récolter de l’argent pour l’Association ilenia MyLife.

Le Suchet comme toit du monde

20 octobre 2022

Mélanie Reymond-Fusco a couvert un dénivelé positif équivalent à l’altitude de l’Everest en réalisant des allers-retours le long de la montagne nord-vaudoise. Soit 24 heures d’effort, afin de lever des fonds pour l’Association ilenia MyLife.

 

Les trails longue distance, Mélanie Reymond-Fusco adore ça. Depuis quelques saisons, celle qui s’est mise à la discipline en 2015 s’aligne sur des courses d’une centaine de kilomètres, soit des efforts d’une vingtaine d’heures. «À la base, je suis plus une montagnarde qu’une coureuse. J’aime la nature, me promener, explorer, mais aussi me dépasser. Les courses courtes vont trop vite pour moi. Plus c’est long, plus tu as le temps de profiter! Et une vingtaine d’heures, ça représente une seule nuit blanche, donc c’est gérable.»

En septembre 2021, lors d’une compétition, la sportive de Lignerolle réalise un bout de parcours aux côtés d’un homme qui lui explique courir au profit d’une association. «J’ai trouvé l’idée vraiment bonne. Je me suis dit que, moi qui courais tout le temps, je devrais le faire pour quelqu’un ou quelque chose, plutôt que juste pour moi. Que ce serait un but hyper-cool.»
Au printemps dernier, Mélanie Reymond-Fusco décide donc, pour concrétiser ce projet, de planifier un Everesting au Suchet fin septembre, pour clôturer sa saison. «Le Suchet, c’est mon sommet de cœur, mon terrain de jeu, d’entraînement. J’y vais toutes les semaines, j’y grimpe depuis tous les côtés, c’est chez moi. Il est hyper-symbolique pour moi, d’autant plus que j’y étais encore le jour de mon accouchement», rigole celle qui est maman d’une petite fille de 2 ans.

Elle choisit de dédier sa performance à l’Association ilenia MyLife, qui porte le nom d’une jeune fille de Pomy atteinte du syndrome de Kleefstra (lire encadré), dont elle connaît les parents. «Je suis davantage touchée par les causes concernant les enfants depuis que j’en ai moi-même une», glisse la Nord-Vaudoise, qui s’est entraînée tout au long de l’été en vue de cet objectif.

Le jour J, soit le vendredi 30 septembre, l’enseignante est encore allée travailler le matin, avant de démarrer son défi à 16h. «J’avais estimé que je mettrais une vingtaine d’heures pour gravir l’équivalent des 8848 m de dénivelé positif de l’Everest. Donc je me suis dit que c’était bien de terminer le samedi dans la journée, pour que les gens puissent être là à l’arrivée. J’ai effectué les deux premières montées seule, ce qui était bien pour me mettre dedans et prendre mon rythme. Puis, cadeau de la vie, j’ai des amis qui se sont relayés pour être avec moi durant toutes les autres montées. C’était incroyable!»

Mélanie Reymond-Fusco avait prévu de grimper de La Mathoulaz au sommet du Suchet en marchant et de redescendre en courant. Mais, étant donné les conditions venteuses et pluvieuses le samedi matin, elle s’est rabattue sur son plan B durant quelques allers-retours, effectuant ceux-ci plus bas, entre les Mélèzes et La Mathoulaz. «Mais j’ai refait la dernière montée en entier, symboliquement. Durant celle-ci, avec la fatigue, j’ai commencé à avoir des hallucinations. J’ai vu une tortue, j’avais l’impression que les cailloux étaient tagués, des choses comme ça. On a bien ri avec mon mari, avec qui j’ai fini mon défi, après 88 km et 24h08 d’effort.»

En dehors de cela, celle qui a grandi à Treycovagnes n’a connu qu’un seul coup de moins bien, à 7h du matin, alors que la nuit s’était bien passée. «Je me suis rendu compte que j’avais peu mangé, donc je me suis fait une petite tartine et c’était reparti! Au final, c’est la plus belle aventure sportive et humaine que j’aie jamais vécue. Pourtant, j’ai effectué beaucoup de courses. Mais là, ce n’est pas seulement moi qui ai réussi, c’est tout le monde. Sans les gens autour de moi, je n’aurais jamais réussi.»

Et Mélanie Reymond-Fusco l’assure, les deux tours d’horloge passés sur les pentes du Suchet n’ont en rien atténué l’affection qu’elle porte au sommet nord-vaudois.

 

En chiffres

 

 

20 C’est le nombre de montées effectuées par Mélanie Reymond-Fusco pour réaliser son défi. «Au début, quand je suis partie, je me suis dit qu’en faire autant allait peut-être être compliqué. Au final, je n’ai rien vu passer!»

2800 Soit le montant, en francs, déjà récolté par Mélanie Reymond-Fusco pour l’Association ilenia MyLife. Les dons sont toujours possibles sur le compte de l’association à la Banque Cantonale Vaudoise. IBAN: CH67 0076 7000 H547 5547 6.

 

Avec sa fille sur le dos

 

Course, vélo, crossfit, ski-alpinisme: Mélanie Reymond-Fusco multiplie les activités au fil des saisons. «J’ai des entraîneurs qui me font un planning, car j’ai besoin d’être un peu cadrée pour gérer. Je fais cinq à six séances par semaine. Avec ma fille en bas âge, c’est… sport, mais j’y arrive. J’ai essayé d’aller courir avec la poussette, mais je n’ai pas du tout apprécié. Par contre, j’ai énormément fait de marche en montagne avec elle sur le dos. Cela constitue un excellent entraînement! Mais je récupère plus difficilement qu’avant», relève la Nord-Vaudoise, qui ne cache pas que son mois d’octobre sera avant tout axé sur le repos.

 

Une maladie orpheline

 

Désormais âgée de 11 ans – elle les a fêtés le 19 octobre –, Ilenia connaît des difficultés cardiaques et pulmonaires dès sa naissance, et doit être nourrie par sonde naso-gastrique. Alors que sa sœur jumelle Moïra évolue comme attendu, le retard de croissance d’Ilenia est visible. À l’été 2012, après un test génétique, le verdict tombe: elle est touchée par le syndrome de Kleefstra (dû à une délétion du chromosome 9q34), une maladie orpheline qui compte à l’heure actuelle environ 450 cas répertoriés dans le monde.

Le syndrome de la Pomérane n’étant pas pris en charge par l’assurance-invalidité, ses parents font une demande auprès de l’Office fédéral des assurances sociales, en 2014, pour que ce syndrome soit inscrit dans la liste des infirmités congénitales. La requête est refusée. Ilenia est donc reconnue pour ses problèmes cardiaques, pulmonaires, de surdité, ainsi que de vue, mais son retard de développement global important n’est pas pris en charge. L’Association ilenia MyLife a ainsi été créée afin de soutenir la jeune fille et ses proches, de même que les enfants et leurs familles partageant un quotidien semblable.