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Le syndic Georges Karlen s’en est allé
© Zsolt Sarkozi

Le syndic Georges Karlen s’en est allé

30 mars 2022

Enfant du village, l’élu était un homme très apprécié par ses concitoyens. Hommage.

«C’était plus qu’un copain, c’était comme un frère. Il avait une année de plus que moi, mais on s’est toujours bien entendus.» Assis à la table du salon, Philippe Martinet évoque les bons moments vécus en compagnie de Georges Karlen, parti dimanche dernier à l’aube de ses 59 ans.

Philippe Martinet évoque cette enfance, heureuse, dans un petit village tranquille, qui a été marquée par le début de la scolarité au petit collège et de nombreuses activités en commun: «On a fait des cabanes, des feux, et les soirées d’hiver, on se lugeait au Culaz, une rue pentue au cœur de la localité.»

Puis est venu le temps de l’adolescence, et des «exploits» propres à cette période de la vie. «On a tout le temps tout fait ensemble», ajoute cet ami proche. Et puis de se souvenir des fabuleux moments vécus dans le cadre des Jeunesses campagnardes: «On se retrouvait toute l’équipe à l’Hôtel de l’Ours et on partait pour participer à un événement des Jeunesses: bal, tour, giron.»

Entrés dans l’âge adulte, les deux amis ne se sont guère éloignés. Au contraire, au fur et à mesure de la naissance des enfants respectifs, les uns sont devenus les parrains des enfants de l’autre couple. «On a fait de nombreuses vacances ensemble. On s’est souvent retrouvés les deux familles pour les relâches aux Diablerets, mais aussi pour des vacances au bord de la Méditerranée, du côté de Perpignan.

Les deux familles se sont ainsi épaulées, pour la garde des enfants ou plus simplement pour passer de bons moments.

Et les deux amis sont restés proches de la Jeunesse du village: «Chaque fois, on participait au Tour de Jeunesse à l’enseigne des Pistards. On a encore gagné l’an dernier», explique Philippe, en désignant l’un des trophées qui trônent sur le haut de l’armoire.

Les deux agriculteurs partageaient une véritable passion pour les bons vins, les Bordeaux en particulier. Avec d’autres amateurs, ils se retrouvaient le dernier mercredi du mois chez l’un des participants et selon un tournus bien établi. «On dégustait à l’aveugle. L’épouse du précédent organisateur faisait la tournée avant la dégustation et l’épouse hôte ramenait tout le monde à la maison. Pour les remercier, on invitait les dames à un voyage tous les quatre ou cinq ans. L’été passé, nous sommes allés à Vérone. On est aussi allés au Portugal et à Bordeaux, bien sûr. C’étaient des bons moments.» Et hier soir, Philippe Martinet devait accueillir toute l’équipe…

Cet ami proche ne cesse de s’interroger, presque de se faire des reproches. Car vendredi dernier, avec d’autres amis, ils ont partagé des bons moments à la déchetterie, prolongés par un repas chez l’employé communal. Certes, le défunt se plaignait d’avoir perdu le goût à cause du Covid, mais ses proches se voulaient rassurants.

Le syndic de Vuiteboeuf aimait aussi les bons cigares, une passion peut-être héritée de son père Adrien, qui a aussi présidé l’Exécutif du village dans la deuxième partie du siècle dernier.

D’ailleurs, l’ancien syndic Jean-Luc Degiez, qui a accueilli Georges Karlen à la Municipalité lors de sa première élection, se remémore un voyage: «On est allés en course de Municipalité à Cuba. Nous avons été bien reçus grâce aux relations de Georges. Il connaissait beaucoup de monde.»

Et cet ancien syndic de poursuivre: «La nouvelle de sa mort a été un choc. C’était quelqu’un de solide, même s’il avait tendance à garder pour lui. Il a été un excellent municipal et un très bon syndic. C’était quelqu’un qui assumait ses responsabilités sans se plaindre. Et ajourd’hui, avec tous les papiers qui arrivent de Lausanne, c’est lourd. Je pense par exemple au PACom (ndlr: plan d’affectation). Le syndic est au front et il porte beaucoup. Et Georges n’a jamais manifesté la moindre faiblesse. C’est un homme qui assume et on lui doit beaucoup.»

«C’était un syndic très apprécié. Il a toujours été élu haut la main. Il était modeste et pétri de qualités», ajoute encore Jean-Luc Degiez.

Voisin, ami de jeunesse et collègue paysan, Gérard Roy rend aussi hommage à l’homme et à l’élu pour toute son action. «Il faisait bon d’échanger avec lui. Il participait à toutes les activités sociales, l’Abbaye, la société de gym, les pompiers. C’était un homme réservé, dont la présence rassurait.»

Il y a peu encore, le syndic Georges Karlen a participé à la commémoration des 65 ans des Paysannes vaudoises du village. Un moment que les participants se rappellent aujourd’hui avec une affection particulière et une immense empathie envers ses proches.

Car à côté du syndic et de l’homme public, il y avait un époux et père de famille. Avec Ruth, son amour de toujours, ils ont eu quatre enfants, unis dans ces moments de désolation.

Les obsèques auront lieu vendredi à 14h en l’église de Vuiteboeuf.

Isidore Raposo