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Le tennis lui a ouvert l’Amérique

30 juillet 2015

Tennis – Fiona Curty construit son avenir au Kentucky grâce à ses talents une raquette à la main. C’est son sport qui permet à l’Urbigène de financer son cursus universitaire dans un pays qui l’a charmée.

Fiona Curty passe l’été à Orbe, chez elle, avant de repartir pour les Etats-Unis, à la mi-août. © Michel Duperrex

Fiona Curty passe l’été à Orbe, chez elle, avant de repartir pour les Etats-Unis, à la mi-août.

Lorsqu’elle a arrêté ses études dans le domaine de la santé, en janvier 2014, comprenant que ce n’était pas sa voie, Fiona Curty ne savait pas de quoi pourrait être fait son avenir. Tandis qu’elle enchaînait les petits boulots, le rêve américain est né. «Plusieurs amies étaient allées poursuivre leurs études aux Etats-Unis», se souvient-elle. Grâce au sport.

Classée R1, la joueuse de tennis d’Orbe a choisi d’utiliser ses talents pour lui permettre d’intégrer une université outre-Atlantique. Elle a ainsi préparé tous les papiers nécessaires et, surtout, réalisé une vidéo de ses compétences raquette à la main. Rapidement, elle a reçu une quarantaine d’offres. Au final, à quelques jours de l’échéance, elle s’est décidée pour le Lindsey Wilson College, sis à Columbia, une petite bourgade de 4000 habitants du Kentucky qu’elle a rejoint l’hiver passé. On était alors bien loin de l’idéal californien de la Nord-Vaudoise: «Ce n’était pas du tout ce que j’espérais. Pourtant, au final, je suis ravie.»

Avant de revenir dans la Cité aux deux poissons depuis la fin du mois de mai, la jeune femme de 20 ans a passé un semestre qu’elle adoré, charmée par l’accueil reçu. «Il y a deux ans en arrière, je n’imaginais pas me retrouver aux States», dit celle qui souhaite, désormais, y terminer son bachelor, pour le moment entamé en communication. «Je n’exclus pas d’y faire ma vie, plus tard. Tout est plus pratique, làbas. Les magasins sont ouverts tout le temps. En Europe, on critique beaucoup les Américains. Moi, j’y ai rencontré des gens toujours là pour l’autre. Je n’avais jamais vu ça.» Elle envisage, d’ailleurs, déjà un transfert, l’été prochain. Prioritairement en direction du chaud, en Californie…

C’est le tennis qui lui a ouvert ces nouvelles perspectives. Son niveau de jeu lui a permis d’être recrutée. Elle finance ainsi ses études en bonne partie grâce à la bourse qu’elle reçoit, nourrie et logée sur le campus de 2200 étudiants. Accueillie par le coach dès son arrivée, en janvier dernier, Fiona Curty a vécu au rythme des cours, le matin, puis des entraînements de tennis, à raison de deux heures chaque après-midi. «Les premières semaines n’ont pas été faciles. On avait alors pas mal de temps libre et, sans voiture, il n’y a rien à faire. Tout est loin. Ce d’autant plus qu’on soupe entre 17h et 18h, là-bas, raconte-t-elle. Quand on pense aux Etats-Unis, on imagine les grandes villes… Columbia est située un peu au milieu de nulle part.» A deux heures de route de Louisville, au nord, et autant de Nashville, Tennessee, au sud-est.

L’Urbigène a, pourtant, vite trouvé ses marques, partageant le principal de son temps avec les autres joueurs de tennis. Quasiment tous hispanophones chez les garçons; du Brésil, de Colombie, d’Espagne, de Géorgie et des Etats-Unis chez les filles. «Il y a de nombreuses équipes de sport dans ces collèges et, par conséquent, beaucoup de nationalités, souligne la Suissesse. Les joueurs sont recrutés un peu partout dans le monde.» Rapidement, les compétitions ont débuté, face à des équipes d’autres collèges de la région… à trois ou quatre heures de bus. Ce qui, du coup, laisse moins de temps libre.

Le tennis se joue, bien sûr, sur dur. «On a eu, une fois, une rencontre sur terre. C’est tout, précise-t-elle. On joue beaucoup de doubles, Je pense avoir fait des progrès à la volée et en puissance. Mais on a souvent affronté des adversaires plus faibles. Il est alors plus dur de progresser en match.» Le niveau de son équipe -elles sont six filles- est assez homogène. Elle joue en numéro 3. Dans le même temps, elle a réussi son premier semestre avec aisance et s’est faite aux particularités culinaires locales. «C’est souvent bon, mais très gras. Du coup, je mange beaucoup de salade, et j’essaie d’aller de temps en temps au fitness du collège.»

Revenue en Suisse alors qu’il faisait onze degrés, contre trente au Kentucky, Fiona Curty en a profité pour retaper la balle sur la terre battue qu’on trouve si souvent en Suisse. Avec un certain succès à Vevey, où elle a remporté le tournoi. Mais, déjà, elle a l’esprit tourné vers les Etats-Unis, où elle repartira à la miaoût. «On va d’abord faire quatre jours à New York, avec ma maman et mon frère, avant que je ne retourne à Columbia.» Où elle restera, cette fois, durant une année complète. De quoi jauger si son avenir, à plus long terme, sera bel et bien américain.

 

Championnes de conférence

Fiona Curty a trouvé des partenaires de jeu d’un excellent niveau, aux Etats-Unis. Ses camarades du Lindsey Wilson College et elle ont été sacrées championnes de conférence de la NAIA (la ligue universitaire dans laquelle elles évoluent), durant le printemps. Après avoir survolé la première phase, elles ont dominé leur conférence. Finalement, elles ont échoué en demi-finale du championnat national, disputé à Mobile, en Alabama, avec les 24 meilleures équipes de la ligue. «C’est la troisième année de suite que l’équipe perd en demi-finale», regrette Fiona Curty, qui a pu lire toute la déception sur le visage de certaines de ses coéquipières, plus anciennes. Ce d’autant plus que la rencontre s’est conclue sur le score de 5-4. Il faudra attendre de longs mois pour se refaire: l’automne est consacré aux tournois individuels.

Manuel Gremion