Logo

Le thermalisme yverdonnois est à sec

25 juin 2012

Le thermalisme yverdonnois est à la croisée des chemins. Il faut 25 millions pour rénover le Centre thermal. La vente du Grand Hôtel des Bains est une option sérieuse.

Olivier Kernen et Paul-Arthur Treyvaud sont déterminés à se battre pour placer le Centre thermal au niveau de ses principaux concurrents.

Il n’est plus temps de tergiverser. Au terme d’une exercice 2011 aussi mauvais pour Cité des Bains S.A., société qui recouvre les activités du Centre thermal d’Yverdon-les-Bains, que pour le Grand Hôtel des Bains S.A., deux sociétés contrôlées par la Ville, le thermalisme yverdonnois a non seulement besoin d’être relancé, mais aussi d’une importante injection de capitaux.

Si les actionnaires du Grand Hôtel devront prendre des décisions cette semaine lors de leur assemblée, ceux de Cité des Bains S.A. ont pris connaissance du bilan de l’exercice 2011 vendredi dernier, et d’un rapport on ne peut plus clair de la fiduciaire.

Actionnaire principal des deux sociétés, la Ville d’Yverdon-les-Bains, qui doit par ailleurs consentir d’importants investissements dans d’autres domaines (AggloY, Fondation pour le logement, etc.), tient les clés de la solution.

Faire des choix

En fait, la Ville doit clairement opérer un choix en termes de priorités. «Nous tenons à conserver le Centre thermal dans le patrimoine de la Ville, car c’est le moteur du tourisme», ont expliqué vendredi, peu avant l’assemblée des actionnaires, Paul-Arthur Treyvaud, président de Cité des Bains S.A., et Olivier Kernen, administrateur délégué.

Or, le Centre thermal, dont la fréquentation a souffert l’an dernier des longues périodes de beau temps, a un besoin urgent de mettre ses installations à jour. En effet, depuis sa mise en service, la concurrence s’est sensiblement accrue dans ce secteur. Le seul Centre thermal de Lavey, à l’époque en décrépitude, cédé par l’Etat de Vaud au Groupe Eurothermes pour un franc symbolique, a accueilli l’an dernier 550 000 personnes!

25 millions de francs

Le Centre thermal a besoin aujourd’hui de cinq millions de francs pour la rénovation des installations techniques. «Cet investissement améliorera clairement les choses, mais le public n’y verra rien, puisque c’est caché», explique Paul-Arthur Treyvaud.

Pour augmenter l’attractivité du site, il faudra investir 10 millions de francs pour rénover l’immeuble -il a plus de trente ans et souffre de se trouver dans un milieu corrosif-, et 10 autres millions pour offrir au public des installations ludiques.

Le Canton de Vaud est prêt à mettre la main au portefeuille pour ce montant de 5 millions, destiné donc à rénover les installations techniques… à condition que la Ville d’Yverdon-les-Bains mette un premier million. La clé du problème et donc dans les mains du premier actionnaire, et plus précisément dans celles de la Municipalité, respectivement du Conseil communal.

Reste ensuite à trouver vingt millions. Aujourd’hui, la vente du Grand Hôtel des Bains est clairement évoquée dans les coulisses. Elle permettrait de dégager les ressources nécessaires au financement de la mise à jour de ce qu’Olivier Kernen nomme «le bateau amiral du tourisme yverdonnois». En effet, que serait Yverdon… sans les-Bains?

 

Les intérêts pèsent très lourd

Les problèmes du Centre thermal sont identifiés depuis longtemps. Il a y deux ans, le syndic Daniel von Siebenthal imaginait un partenariat public-privé pour le relancer. Il apparaît aujourd’hui que la Commune devra sacrifier une partie de son patrimoine. Elle a déjà participé à un assainissement douloureux du Grand Hôtel des Bains et il ne paraît pas raisonnable de s’engager sur deux fronts à la fois.

Depuis le début, le Centre thermal a fait avec un rapport fonds propres/fonds étrangers (emprunts) déséquilibré. «Cette démarche tenait du miracle», souligne Paul-Arthur Treyvaud. Avec pour résultat des charges financières qui représentent le 18% des charges totales. Le personnel (120 collaborateurs) pèse sur celles-ci à hauteur de 46,7%. L’an dernier, en raison d’un météorologie défavorable (pour le Centre thermal), la fréquentation des piscines à diminué à 242 000 personnes et les recettes totales de quelque 105 000 francs (7,5 millions de produits). Fort heureusement, d’autres secteurs, comme la remise en forme, marchent bien.

Le total du bilan se chiffre à 23,4 millions. Les différents emprunts totalisent 16,5 millions. L’exercice 2011 est péjoré par une réduction de moitié, à 200 000 francs, de la participation au Grand Hôtel, et d’une provision de 230 000 francs sur les abonnements.

Isidore Raposo