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Le voyage de la domestique et du cocher

12 octobre 2015

Valeyres-sous-Rances – Les récits de Jeannette Tanner et Louis Lambercy lors d’un périple avec leurs maîtres, au milieu du 19e siècle, font l’objet d’un nouveau livre passionnant, présenté à l’endroit même d’où ils étaient partis.

Des descendants de diverses générations des deux auteurs, de g. à dr.: Gérard, Lucile et Violette Baudraz, Christine Dolfus, Françoise Baudraz et Suzanne Bournoud. © Roger Juillerat

Des descendants de diverses générations des deux auteurs, de g. à dr.: Gérard, Lucile et Violette Baudraz, Christine Dolfus, Françoise Baudraz et Suzanne Bournoud.

Le 23 septembre 1847, une calèche part de Valeyres-sous-Rances avec quatre personnes: Valérie et Agénor de Gasparin, les maîtres du Manoir, une domestique, Jeannette Tanner, et un cocher, Louis Lambercy. Ceux-ci s’embarquent dans un long voyage de découvertes avec différents moyens de locomotion, de l’Italie à la Grèce, pour débarquer, ensuite, en Egypte, descendre et remonter le Nil, rejoindre le Sinaï jusqu’à Jérusalem, puis aller en Galilée, avant de s’en retourner, via Beyrouth et Marseille.

Une sacrée expédition pour l’époque, pleine d’imprévus et de difficultés, de rencontres et de fascination. Chaque jour, qu’ils soient en bateau ou sous tente, à cheval ou à dos de chameau, Jeannette et Louis tiennent leur livre de bord et racontent tout ce qu’ils découvrent. Ce sont ces récits et impressions que les Editions d’En bas et Ethno Doc viennent d’éditer dans «Mes yeux n’étaient pas assez grands pour voir», reprise d’une phrase de Jeannette.

Le manuscrit original des récits de Jeannette Tanner, tout écrit à la main et à la plume. © Roger Juillerat

Le manuscrit original des récits de Jeannette Tanner, tout écrit à la main et à la plume.

«Le livre a un caractère totalement inédit et a pu se faire grâce aux manuscrits originaux qui ont été retrouvés dans une malle», a souligné Denise Francillon, membre du groupe Ethno Doc, lors du vernissage au Manoir de Valeyres-sous-Rances.

Des extraits du Journal de voyage, publié en 1848 par la maîtresse Valérie de Gasparin, y figurent également.

La démarche spirituelle

Corinne Tallichet-Blanc, syndique du village, a remis l’histoire dans son contexte de l’époque, alors que Christine Dolfus, arrière-arrière-petite-fille de Louis Lambercy, en a relaté quelques faits au niveau familial. Quant à Jean-Pierre Bastian, qui signe une des préfaces, il a parlé de la démarche spirituelle des auteurs, qui mettent continuellement en avant la subjectivité de leur univers religieux.

Le livre des Editions d’En bas et Ethno Doc. © Roger JuilleratPour terminer, reprenons cette phrase d’une constatation faite à Alexandrie par Jeannette: «Depuis la croisée, je m’amusais à regarder les passants, surtout les femmes qui ont une mise extraordinaire. Elle se cache tout le corps, excepté les deux yeux. Celles du peuple s’habillent ordinairement avec une espèce de blouse bleue, de larges pantalons de couleur, un grand linge jeté sur la tête, etc…» Et un peu plus en avant: «Il y en a quelques-unes en blanc, dont la robe dessous est rose. Je trouve cette mise horrible…»

 

«Mes yeux n’étaient pas assez grands pour voir, Voyage au Levant, 1847-1848». Editions d’En bas, collection Ethno Doc. En librairie depuis jeudi dernier.

Roger Juillerat