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L’élu qui veut défendre le lait à Berne

8 décembre 2015

Rovray – A l’image de ses collègues producteurs de lait, José Durussel est très préoccupé par l’avenir de la filière. Son initiative figure au menu du jour du Grand Conseil.

José Durussel voit la gestion des volumes laitiers comme la solution. © Duperrex -a

José Durussel voit la gestion des volumes laitiers comme la solution.

Gestion de son domaine oblige, le député de Rovray José Durussel n’était pas parmi les près de 10 000 paysans à avoir fait, le 27 novembre dernier, le déplacement de la capitale fédérale, pour manifester contre les économies annoncées par la Confédération, tant en ce qui concerne le budget 2016 que la politique agricole pour la période 2018-2021. Il espère, toutefois, s’y rendre prochainement pour défendre son initiative demandant la gestion des volumes laitiers, pour mieux contrôler la fluctuation du prix. Le Grand Conseil vaudois traitera cet objet aujourd’hui dans l’après-midi, voire mardi prochain.

Tout comme bon nombre de ses collègues actifs dans la production laitière, José Durussel n’est pas satisfait de la configuration qui prévaut depuis 2009, date de la fin du contingentement laitier (lire La Région Nord vaudois du 26 novembre). «L’Interprofession du lait n’est pas capable de gérer la situation de manière convenable. Les producteurs sont désarmés face aux acteurs de l’industrie. De plus, l’Europe a abandonné les quotas laitiers en avril dernier. Des nations comme les Pays-Bas et le Danemark ont, depuis, augmenté leur production de 5 à 8%! La Lituanie est, en outre, le plus grand exportateur de fromages à cuire», s’alarme l’agriculteur de Rovray.

Concurrence inquiétante

Cet afflux de matière première sur le marché inquiète beaucoup celui qui exploite, avec son frère, un domaine d’où sortent, chaque année, environ 350 000 litres de lait. Il ne cache pas que, sans son fils motivé par l’élevage, il aurait pu envisager une reconversion, l’option prise par de plus en plus de ses collègues.

Reconversion tentante

«Dans le cas de notre exploitation, les installations de détention du bétail permettraient de rejoindre rapidement la filière de la viande. L’agriculteur est travailleur et obstiné: s’il ne s’en sort pas dans le lait, il va chercher à se tourner vers d’autres productions, ce qui risque, à terme, d’impacter ces dernières», commente José Durussel.

Et l’élu d’évoquer la menace sur l’équilibre des sols qu’entraînerait une mauvaise répartition des vaches, partant de l’hypothèse que seuls de grands élevages capables de produire de très grosses quantités de lait parviendraient à survivre si le statu quo en matière de prix -un kilo de lait commercial se vend environ 50 centimes actuellement- devait perdurer.

«La meilleure option est la maîtrise des volumes. De nombreux agriculteurs seraient prêts à produire moins à un meilleur prix», conclut-il.

 

Six ans après

Avant José Durussel, le député Jacques Nicolet, aujourd’hui conseiller national, avait déposé, en 2009, une initiative demandant de «confier à l’organisation faîtière des producteurs de lait la gestion des volumes de la production laitière, avec force obligatoire». Cette dernière avait convaincu la majorité du Grand Conseil malgré un préavis négatif du Conseil d’Etat et de la commission chargée d’étudier le texte. L’initiative n’avait, toutefois, pas passé le cap à Berne.

Ludovic Pillonel