Jamais à court d’énergie, Julien Ming est impliqué dans presque tout ce qui touche à une raquette, et bien plus encore, à Yverdon-les-Bains.
Au tennis de table, il pourrait disputer à lui seul une «table tournante», endossant tour à tour ses costumes d’organisateur, d’arbitre, d’entraîneur et de joueur. C’est qu’à 35 ans, le président-entraîneur-joueur du CTT Yverdon a plein d’énergie à revendre, énormément à donner. «J’ai beaucoup d’endurance, lance-t-il, sourire aux lèvres. J’aime le fait de mener des projets à bien, c’est vraiment la passion qui me guide.» Avec Julien Ming, on reste néanmoins bien loin d’un empereur mégalo à la Kuzco: «Si j’ai du plaisir à faire tout cela, c’est parce que je suis bien entouré.»
«Tout cela», ce n’est pas seulement diriger le club de tennis de table basé aux Quatre-Marronniers. Julien Ming est également président de l’entente vaudoise de la discipline et, de fait, vice-président de l’Association Vaud-Valais-Fribourg. Il fait aussi partie du comité du tournoi international Top 16 de Montreux, où il a déjà arbitré. Voilà pour le ping-pong.
L’aventurier
Car l’Yverdonnois ne se contente pas que d’un seul sport. Quand il ne travaille pas ou ne fait pas de politique, cet amateur de parapente, de ski, de randonnée, d’alpinisme et de peau de phoque passe son temps à bouger. Depuis des années, il cumule les expéditions de plusieurs semaines ou mois à travers le monde (1200 km à pied et en solitaire en Mongolie, la traversée de l’Islande en une cinquantaine de jours, plus de deux mois à vélo de la Bolivie à la Patagonie, ou encore une équipée en traîneau au Spitzberg, dans l’océan Arctique, pour citer les plus marquantes). D’où son activité au sein du Club alpin d’Yverdon-les-Bains, dont il est chef de course, ce qui lui permet de conduire des groupes en montagne. «J’ai toujours aimé varier les sports», glisse Julien «multitâches» Ming.
Le touche-à-tout
Le racketlon a, par conséquent, immédiatement séduit ce curieux. Le Nord-Vaudois a découvert la discipline aux quatre raquettes (tennis de table, badminton, squash et tennis) alors qu’il était à l’armée. «Je me suis retrouvé en caserne avec le président de la fédération suisse. Je me suis intéressé à son sport, parce que j’avais déjà pratiqué un peu de tennis enfant et que je jouais de temps à autre au badminton avec un copain de cours de l’Ecole d’ingénierie, Cédric Küenzi.»
Les débuts n’ont pas été évidents: «À notre premier tournoi en Suisse alémanique, on s’est fait écraser au squash, et même au bad. Mais cela n’a pas suffi à nous démotiver.» Les deux amis ont d’abord créé une équipe d’interclubs, se sont entraînés, puis ont mis sur pied un premier tournoi dans la Cité thermale, qui a attiré une cinquantaine de participants. Voilà comment il s’est, de fil en aiguille, retrouvé à la tête du Racketlon Yverdon, club fondé en 2014 et dont Julien Ming est toujours président et joueur.
Le pongiste
Le tennis de table demeure son sport de base. Il l’a commencé à 8 ans à l’école, à Berne, où il a grandi. «Je cherchais un club où m’inscrire mais, à cette époque, aucune structure pour les jeunes n’existait près de chez moi, se souvient-il. On m’avait dit de faire les cours Migros…» S’il s’est essayé au judo entre-temps, il a bien fini par dénicher un club de ping-pong à ses 16 ans.
Arrivé à Yverdon-les-Bains à 21 ans, dès ses débuts, il a remporté «contre toute attente» la Coupe de Noël du CTTY. «Avec tout le public qui était pour mon adversaire, puisque personne ne me connaissait», rigole Julien Ming, qui est devenu entraîneur dès sa deuxième année au club. Une tâche qu’il a adorée. «Beaucoup de jeunes de mes premières volées jouent encore», se réjouit celui qui a ensuite entrepris les cours d’arbitrage dans l’idée de devenir juge-arbitre, afin de pouvoir organiser des tournois, dont les Championnats vaudois. «Un gros évènement que je n’avais encore jamais vu à Yverdon-les-Bains depuis mon arrivée.»
Jamais à court d’idées, l’Yverdonnois prévoit d’accueillir les Championnats romands 2020 à la salle des Isles. Puis, par ailleurs, de trouver un peu de temps pour un autre projet, le plus grand de tous: «À terme, l’idée est de mettre de l’énergie pour fonder ma famille.»
Le jour où il a arbitré l’ex-n° 1 mondial
Arbitre national, Julien Ming a eu la chance de diriger l’élite de la discipline à quelques reprises, dans le cadre du Swiss Open de Lausanne et du Top 16 de Montreux, tournoi qui réunit les meilleurs pongistes du continent.
Le Suédois Jörgen Persson, ancien n° 1 mondial et quadruple champion du monde, fait partie de ces vedettes. «C’était un vrai gentleman, je n’avais pas eu besoin d’intervenir», se souvient Julien Ming, qui tient son patronyme – probablement chinois – d’un ancêtre venu s’établir à Lungern, dans le canton d’Obwald, au 16e siècle.
Il n’y a toutefois pas que des anges dans le milieu. Ainsi, le directeur de jeu s’est aussi retrouvé à veiller à la bonne tenue d’une rencontre du bouillant Russe Alexander Shibaev. «Deux semaines plus tôt, il avait renversé une table après s’être énervé, raconte l’Yverdonnois. Le match que j’arbitrais était diffusé en direct sur internet et s’était bien passé, mais j’avais eu comme consigne de ne pas être trop sévère sur le service, qui est toujours un peu critique au tennis de table, alors que Shibaev était réputé pour avoir des engagements à la limite de la régularité. Je m’étais plié aux instructions, même si cela ne m’avait pas franchement plu.»