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Léna Böhi, Yverdonnoise engagée
Léna Böhi a également répondu aux questions de «Check», projet pilote de l’Etat de Vaud qui a pour objectif d’intéresser les jeunes Vaudoises et Vaudois à l’actualité locale.

Léna Böhi, Yverdonnoise engagée

17 mars 2025 | Textes: Jérôme Christen | Photos: Sacha Christen
Edition N°3911

Huitante Vaudois se sont essayés à l’exercice de la démocratie lors de la session cantonale des jeunes en abordant quatre thèmes: le harcèlement, le système de santé, l’alimentation et le logement pour les jeunes. Léna Böhi, gymnasienne de 18 ans, membre de la commission cantonale des jeunes depuis quatre ans, également active dans une association qui lutte contre le gaspillage alimentaire, nous explique l’intérêt de la démarche et ses attentes.

L’ouverture de la session a eu lieu samedi matin en présence du conseiller d’Etat Vassilis Venizelos dans les locaux de la HEP et s’est terminée dimanche dans la salle du Parlement vaudois. Léna Böhi, qui y a joué le rôle de médiatrice, a répondu à nos questions.

Quel est l’intérêt de cette session cantonale des jeunes?

De permettre aux jeunes d’exprimer leurs avis et préoccupations, qu’ils puissent échanger leurs points de vue avec d’autres jeunes qui s’intéressent aux mêmes thématiques. De faire entendre leur voix. De leur donner un accès à l’exercice des droits démocratiques. C’est une belle expérience pour comprendre comment fonctionne la politique en Suisse et avoir un aperçu de ce que font les députés.

Quels sont les obstacles que rencontrent les jeunes pour se faire entendre dans notre société?

La politique est principalement menée par des personnes plus âgées qui n’ont pas les mêmes préoccupations. Forcément, il y a un décalage entre ce que les jeunes souhaitent et les décisions prises par des personnes plus âgées. Il y a également la lenteur du système.

Les conseils et commissions de la jeunesse sont-elles un bon moyen pour les jeunes de faire entendre leur voix?

La Commission des jeunes du Canton de Vaud a un impact très fort, grâce à son caractère institutionnel, en lien direct avec la Direction générale de l’enfance et de la jeunesse et le conseiller d’Etat Vassilis Venizelos qui la pilote. Ils peuvent nous consulter en tout temps, nous pouvons donner notre avis sur des décisions à venir. C’est efficace. Il y a aussi des aides via la plateforme jaiunprojet.ch qui permet à des jeunes de réaliser des projets à l’échelle locale qui leur tiennent à cœur. Les conseils de jeunes communaux permettent également aux groupes de jeunes de mener des projets.

Les jeunes peinent à participer à l’exercice démocratique, quelles sont les barrières?

Exposer son opinion et prendre part à des projets est un exercice qui demande beaucoup d’engagement et d’investissement en temps et en énergie. Tous les jeunes n’ont pas cette envie. Il y a également un manque d’information. Et il n’y a pas de conseil ou de commission des jeunes dans toutes les communes, ce qui limite l’accès aux débats et à l’engagement politique.

Est-ce à dire aussi que l’école vous prépare insuffisamment à l’exercice de la démocratie?

Absolument, je n’ai eu qu’un demi-semestre d’éducation civique. Il faut plus sensibiliser les jeunes à l’importance de la démocratie mais pour cela, il faut qu’ils en comprennent le fonctionnement.

Les réseaux sociaux jouent-ils un rôle dans la capacité des jeunes à s’exprimer autour des causes qui leur tiennent à cœur ?

Ils ont forcément une place importante surtout chez les jeunes car nous sommes nombreux à les fréquenter. C’est aussi un biais par lequel on s’informe de plus en plus. De nombreux influenceurs s’y expriment et ont un impact réel sur les opinions de beaucoup de jeunes. De nombreux échanges sont possibles, mais il faut faire attention car ils restent une bulle d’algorithmes un peu fermée qui empêche un débat ouvert avec toutes les tendances politiques, comme on peut le faire de vive voix ici.

Pouvez-vous donner un exemple de situation où vous avez pu influer sur une décision ou une situation d’échec?

La Semaine de la citoyenneté – mise sur pied désormais chaque année – était une proposition émanant de la session cantonale des jeunes. La motion déposée par Jessica Jaccoud lorsqu’elle était députée, traitée récemment par le Grand Conseil, demandait des périodes de prévention de la santé mentale en milieu scolaire. Elle a été malheureusement refusée et classée après un long débat et un vote serré.  C’est tout de même réjouissant d’avoir pu susciter tous ces échanges sur une proposition émanant de la session des jeunes.

Qu’attendez-vous des responsables politiques pour faciliter la participation des jeunes dans les processus de décision?

C’est important qu’on nous prenne au sérieux, car parfois, certains disent que les jeunes ne sont pas encore assez matures. Il est important que les adultes et les députés nous écoutent. Nous amenons un autre point de vue qui mérite d’être entendu. C’est ce que fait le conseiller d’Etat Vassilis Venizelos. Il consulte la commission cantonale des jeunes lorsqu’un projet de loi nous concerne.


Lutter contre le harcèlement scolaire

Abdel Saiah, sur cette image prise hier à la tribune du Grand Conseil, est actuellement en dernière année d’apprentissage d’employé de commerce. Déjà bien engagé, cet Yverdonnois de 19 ans est porte-parole de la Commission des jeunes du Canton de Vaud. Sur le plan local, il est conseiller communal et vice-président du PS d’Yverdon. Il attendait de cette session «qu’elle permette aux jeunes de débattre dans un cadre structuré, d’échanger avec des experts et de confronter leurs idées au monde politique». Concrètement, il aimerait voir se concrétiser prioritairement trois actions: l’abaissement du droit de vote à 16 ans, le renforcement de la lutte contre le harcèlement scolaire et une prise en charge renforcée pour les jeunes en détresse psychologique. Il voit dans ces trois mesures un signal fort en faveur de la jeunesse. Sur la problématique de l’éducation civique, il trouve «qu’elle devrait être davantage renforcée dans le programme scolaire, tant au niveau vaudois qu’à l’échelle fédérale. Actuellement, elle est souvent abordée tardivement, au gymnase ou durant l’apprentissage. Il serait utile d’introduire des périodes spécifiques à l’éducation civique, avec des débats sur des sujets précis, en invitant des spécialistes et des politiciens. Cela permettrait de mieux sensibiliser les jeunes aux enjeux sociétaux et à l’engagement civique. »


Les propositions formelles des jeunes

A l’ouverture de la session, le conseiller d’Etat en charge de la jeunesse, Vassilis Venizelos,  a souligné  «qu’elle est  un moment privilégié pour permettre à la jeunesse de s’exprimer et de participer pleinement à la démocratie vaudoise».

La thématique du harcèlement est celle qui a récolté le plus d’inscriptions, montrant que ce sujet touche particulièrement les jeunes. Les participantes et participants à cet atelier avaient, de près ou de loin, toutes et tous été confrontés à des formes d’intimidation ou de harcèlement et avaient des actions à proposer pour y remédier. Voici les propositions qu’ils ont formulées à l’issue de leurs débats et qui seront transmises aux groupes politiques du Parlement vaudois.

HARCÈLEMENT

• Proposition 1: créer des postes de médiateurs et médiatrices pour renforcer la prévention contre le harcèlement entre élèves, notamment sexuel et numérique.

•  Proposition 2 : instaurer une formation obligatoire et continue pour les enseignants et les médiateurs pour prévenir, repérer et agir contre le harcèlement/l’intimidation en milieu scolaire.

SYSTÈME DE SANTÉ

• Proposition 3: créer des maisons de santé régionales dédiées aux jeunes de 18 à 25 ans dispensant des soins ambulatoires par des psychologues et des médecins généralistes, ainsi que par des gynécologues et sexologues.

ALIMENTATION

• Proposition 4: instaurer des cours obligatoires (pratiques et théoriques) sur l’alimentation de la 7e à la 11e, sur la promotion de la gastronomie locale (régionale, vaudoise, suisse) ainsi que sur la réutilisation des aliments considérés comme pas esthétiques dans le commerce.

LOGEMENT POUR JEUNES

• Proposition 5:  élargir l’accès aux logements pour étudiants à l’ensemble des personnes en formation, dont les apprentis et les personnes en réinsertion, ainsi qu’aux jeunes en situation de précarité, en tenant compte de l’accessibilité.


Appel aux candidatures

A l’issue de cet événement, les inscriptions pour le renouvellement de la Commission de jeunes du Canton de Vaud sont officiellement ouvertes pour le mandat 2025-2027.

Composée de 30 membres, cette commission offre aux jeunes l’opportunité de s’engager de façon régulière dans les affaires publiques du Canton. Les jeunes de 14 à 20 ans intéressés sont invités à s’inscrire jusqu’au 5 mai 2025: www.cdj-vaud.ch.


Infos pratiques

Pour en savoir plus sur la commission cantonale des jeunes: https://cdj-vaud.ch/session-des-jeunes/