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L’enquêtrice à quatre pattes
Régis Mauerhofer et son chien Pelfy. © Michel Duperrex

L’enquêtrice à quatre pattes

14 octobre 2021

Pelfy, conduite par son maître Régis Mauerhofer est un chien de rouge. Mais quelle est sa mission?

Une fois le portail de cette jolie maison vallorbière franchi, une petite boule de poils à quatre pattes vient d’emblée m’accueillir. «Ah, elle vous attendait!» annonce Régis Mauerhofer, son maître, sur le pas de la porte. La boule de poils, c’est Pelfy, et elle ne semble pas prête à me lâcher, jusqu’à ce que je remarque ce qui la met dans cet état d’excitation. En avançant de quelques pas, de petits gémissements provenant d’un panier du salon me mettent la puce à l’oreille. «Elle vient d’avoir sa première portée de petits! Ils ont 3 jours», m’informe l’hôte des lieux. Là, dans un coin du salon, de jolis petits chiots gigotent les yeux fermés dans un panier sécurisé, constamment surveillés par la maman. Cependant, même s’ils représentent la bienveillance et l’attendrissement à l’état pur (au point qu’il est difficile de se concentrer sur sa plume plutôt que sur la douceur de ces petits êtres), ce n’est pas pour eux que nous nous sommes rendus chez la famille Mauerhofer. Celle qui attire l’attention aujourd’hui, c’est Pelfy.

«Arrivé à la retraite, j’avais envie de prendre un chien. Mais un chien qui fasse quelque chose d’utile, qui travaille», explique Régis Mauerhofer en caressant sa chienne, stressée par ses petits.

Il a alors choisi Pelfy, un petit teckel à poil dur, et surtout un compagnon pas tout à fait comme les autres… «J’ai toujours été attiré par le monde de la chasse. Alors j’ai commencé à me renseigner et à lire des livres sur les chiens de rouge.» Si cette information semble couler de source pour Régis Mauerhofer, l’appellation chien de rouge reste un mystère pour la majorité…

La petite Pelfy a donc été formée pour accomplir une mission bien particulière: retrouver les animaux blessés. Que ce soit durant la chasse ou lors d’accidents de la route. «Si une bête est touchée mais perdue, on appelle un conducteur de chien de rouge pour la retrouver», explique Régis Mauerhofer qui a dû faire suivre une formation stricte à sa chienne (voir encadré). «Pelfy est formée pour sentir le sang et surtout l’odeur du stress, laissée par le gibier.» Une sacrée mission pour cette petite chienne, qui ne peut malheureusement pas faire son travail dans la neige. «Elle est trop courte sur pattes!» explique son maître, fier de sa chienne, qui a obtenu de très bons résultats à son examen.

Mais chien de rouge, comment ça se passe exactement? «Le but est de retrouver les animaux blessés selon trois cas de figure.» C’est-à-dire dans un premier cas lorsque l’animal est mort, le chien permet ainsi de sauver la viande afin qu’elle soit consommable. Dans un deuxième cas, si l’animal souffre trop, le chasseur peut lui administrer le «coup de grâce». Ou finalement, dans le cas où l’animal n’a qu’une blessure superficielle, il peut donc repartir. «Le plus dur c’est le sanglier. Il n’y a que 50% des recherches où on le retrouve», explique le Vallorbier, qui fait désormais partie du groupement vaudois qui compte environ 25 conducteurs de chiens de rouge. «On m’appelle directement, ou les chasseurs écrivent sur le groupe pour qu’un conducteur vienne faire la recherche. Si c’est un accident de la route, c’est la gendarmerie qui nous contacte.»

Mais Régis Mauerhofer a dû, lui aussi, s’entraîner à cette tâche ardue, notamment en passant le difficile permis de chasse! «Il faut l’avoir car on porte une arme, dans le cas où des sangliers nous chargeraient par exemple. Ainsi, je pourrais aussi participer à la chasse et Pelfy à la traque.»

A l’âge de 2 ans, Pelfy est désormais apte à être conduite sur le terrain pour tenter de retrouver des animaux blessés. Si elle est prête pour son premier parcours réel alors que la période de la chasse vient d’ouvrir dans la région, elle ne pourra malheureusement pas commencer avant décembre. Les obligations familiales priment!

 

La formation de chien de rouge, c’est quoi?

 

Chien policier, chien d’aveugle, chien pour repérer le diabète… l’ami des hommes nous épate toujours un peu plus. Nombreux sont les chiens qui suivent des formations, et le plus souvent, pour une bonne cause. S’il est peu commun d’entendre parler des chiens de rouge, c’est aussi parce qu’il s’agit d’une formation compliquée. Pelfy, par exemple, a été élevée dès son plus jeune âge, pour ensuite suivre une formation de deux ans, avant d’être inscrite à l’examen final.

«Depuis toute petite, il faut l’entraîner en commençant par faire de petites pistes avec un bout de cervelas à l’arrivée. Tout fonctionne avec la récompense, cela doit être un jeu, couplé au plaisir pour le chien», explique Régis Mauerhofer, le maître de Pelfy. Puis le cervelas se transformera en pied de sanglier, puis en gouttes de sang. Le chien est effectivement formé pour sentir le sang, mais surtout l’odeur du stress laissé par une hormone que dégage l’animal tiré. Pour s’entraîner à les repérer, le conducteur doit notamment marcher avec un pied de sanglier sous la chaussure pour créer des traces.

«Un conducteur doit savoir lire son chien. La clé est dans l’obéissance, elle doit marcher au pied. Mais c’est difficile avec Pelfy, car elle va très vite. Donc derrière, il faut y aller !» Pelfy a notamment remporté le qualificatif «excellent» à tous les postes de son examen pour obtenir la meilleure note, en juillet dernier à Romont.

Léa Perrin