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L’entité Police Nord vaudois menacée

28 mai 2014

Coup de tonnerre hier matin. Engagées dans un projet de fusion avec Chavornay, quatre des sept communes membres de la police régionale ont annoncé leur volonté de quitter la structure. Une décision qui remet en cause les fondements de l’organisation.

Une conférence de presse a été organisée dans l’urgence hier après-midi par les responsables de Police Nord vaudois (PNV) pour réagir à l’éventuel départ des quatre communes. De g. À dr.: Pascal Pittet, commandant, Jean-Daniel Carrard, municipal de police à Yverdon, et Pierre Mercier, municipal de police à Orbe, respectivement président et vice-président du Comité de direction de PNV.

Une conférence de presse a été organisée dans l’urgence hier après-midi par les responsables de Police Nord vaudois (PNV) pour réagir à l’éventuel départ des quatre communes. De g. À dr.: Pascal Pittet, commandant, Jean-Daniel Carrard, municipal de police à Yverdon, et Pierre Mercier, municipal de police à Orbe, respectivement président et vice-président du Comité de direction de PNV.

L’orage grondait depuis plusieurs mois déjà et les nuages s’amoncelaient dans le ciel de Police Nord vaudois (PNV). La foudre a fini par tomber hier matin, sous la forme d’un communiqué de presse.
Quatre des sept communes membres de PNV, Suchy, Corcelles-sur-Chavornay, Ependes et Essert-Pittet, y annoncent leur décision de résilier leur contrat avec la structure régionale pour 2016, dans l’éventualité où la procédure de fusion avec Chavornay et Belmont-sur- Yverdon aboutirait. Dans cette optique, la nouvelle entité ainsi créée, qui devrait s’appeler simplement Chavornay, confiera donc sa sécurité à la Police cantonale vaudoise.

Différence de prix

Pour Dominique Widmer, président du comité de pilotage de la fusion, la décision n’a pas été prise de gaieté de cœur : «Cela n’a pas été pas facile d’annoncer que nous quittons une organisation que nous avons aidé à construire. C’était gratifiant de faire partie d’un tel projet de régionalisation. Nous étions satisfaits de Police Nord vaudois, mais nous ne pourrons plus nous l’offrir». Le syndic d’Essert-Pittet évoque la différence de prix entre la PNV, cinq points et demi d’impôts, et la Police cantonale, deux points. «La qualité ne vaut pas la différence de prix», conclut-il. Un autre argument a également pesé lourd dans la balance : en juin prochain, le poste de la Police cantonale vaudoise déménagera d’Orbe pour être installé à Chavornay. De plus, cette dernière localité compte un assistant de sécurité publique à 100%, qui continuera son mandat au niveau de la commune élargie.

Bien qu’elle ne constitue pas une surprise, la nouvelle ébranle les fondements de la police régionale, opérationnelle depuis le 1er juillet 2012, car celle-ci perdrait son unité de territoire. Une condition sine qua non. Les deux pôles, Orbe-Montcherand et Yverdon, ne seraient plus reliés. «Le cordon ombilical de notre police serait rompu», confirme Jean-Daniel Carrard, municipal de la police d’Yverdon et président du Comité de direction (CODIR) de Police Nord vaudois. Il précise que des «contacts positifs» ont déjà été pris ces derniers mois avec les communes situées de l’autre côté de la plaine afin de garder ce lien avec Orbe. Sur un plan strictement géographique, il faudrait convaincre Mathod, Suscévaz et Chamblon, subsidiairement Treycovagnes, d’adhérer à la police régionale. D’autres communes de la région seraient évidemment les bienvenues dans la structure, «Ce n’est pas la fin de Police Nord vaudois, promet Jean-Daniel Carrard. Ses contours vont être redessinés. Mais elle va subsister.»

Inquiétudes à Orbe

Reste que du côté d’Orbe, on ne cache pas ses inquiétudes. «Il y a urgence », admet Pierre Mercier, qui fut l’un des principaux instigateurs de la police régionale. «Si, en 2016, nous n’avons plus ce lien territorial avec Yverdon, nous perdrons la PNV.» Tout en reconnaissant que la police intercommunale coûte à Orbe 1,6 million de francs par année, l’Urbigène reste persuadé que celle-ci permet une présence plus efficace sur le terrain qu’une police cantonale.

Les différents protagonistes ont rappelé que les quatre communes quitteraient PNV seulement en cas de réussite de la fusion avec Chavornay. Pour rappel, ce projet concerne Suchy, Belmont-sur-Yverdon, Essert-Pittet, Corcelles-sur-Chavornay, Chavornay et Ependes. Il vise à créer une nouvelle commune de près de 6000 habitants au 1er janvier 2017. Les six conseils voteront, de manière simultanée, le 3 septembre prochain, sur la convention de fusion. Si les six conseils sont d’accord, l’objet passera ensuite devant le peuple, qui aura le dernier mot le 30 novembre 2014. Date à laquelle Police Nord vaudois sera fixée sur son sort.

 

 

L’Yverdonnois Jean-Daniel Carrard pousse un coup de gueule

«Le Canton fait du dumping»

Le municipal yverdonnois. Jean-Daniel Carrard, président du comité de direction de Police Nord vaudois.

Le municipal yverdonnois. Jean-Daniel Carrard, président du comité de direction de Police Nord vaudois.

Jean-Daniel Carrard est un homme en colère. Le municipal yverdonnois et président du comité de direction de Police Nord vaudois a profité de la conférence de presse organisée sur le futur de la police régionale pour pousser un coup de gueule. «Le fait que des communes, qui sont satisfaites des prestations de la police intercommunale, la quitte uniquement pour des questions financières, est emblématique de la fragilité et des incohérences de notre système.» «Je ne veux pas critiquer le choix de ces quatre communes qui pourraient quitter notre police intercommunale, poursuit-il. Elles étaient face à un non-choix. On ne peut pas leur reprocher d’opter pour les prestations de la police cantonale, qui ne leurs coûteront rien.» En effet, les communes vaudoises devant assumer certaines tâches jusqu’alors attribuées à la police cantonale, reçoivent du Canton l’équivalent de deux points d’impôts. Donc, selon le municipal yverdonnois, en facturant les services de la «cantonale» à deux points d’impôts, cela revient à ne rien demander du tout. «C’est gratuit !», s’emporte celui qui est également président de la Conférence des polices municipales vaudoises. «Il est intolérable que les différentes communes de ce canton ne soit pas mise sur un pied d’égalité, que certaines paient pour leur sécurité et d’autres ne paient rien.»

Pressions

Jean-Daniel Carrard n’hésite pas à accuser le Canton de faire du dumping. «La sécurité a un prix», martèle-t-il, à l’instar de son collègue Pierre Mercier, municipal de police à Orbe, qui regrette, de son côté, les pressions du Canton qui s’exercent afin de tendre vers une police unique, tout en rappelant que cette police unique avait été rejetée par une majorité des Vaudois en votation populaire.

Le municipal yverdonnois. Jean-Daniel Carrard, président du comité de direction de Police Nord vaudois. © Michel Duperrex