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L’éolien essoufle les élus régionaux

14 avril 2015

Essertines-sur-Yverdon – Après la demande de compléments d’étude du Tribunal cantonal pour le projet sainte-crix, celui de «Tous-Vents» va faire l’objet de mesures supplémentaires. Des procédures jugées trop lourdes par certains.

Quand la route entre Nonfoux et Orzens sera-t-elle entourée des turbines du parc éolien «Tous-Vents»? Les paris sont ouverts... © Photomontage/profil paysage

Quand la route entre Nonfoux et Orzens sera-t-elle entourée des turbines du parc éolien «Tous-Vents»? Les paris sont ouverts…

Une production de l’ordre de 500 à 1000 GWh par an, soit de 12 à 25% de la consommation d’électricité du canton en 2035. L’objectif vaudois en matière d’énergie éolienne n’est pas négligeable. Cependant, dans le Nord vaudois comme ailleurs, on est encore loin de voir les premières turbines se dresser à l’horizon. Le récent verdict du Tribunal cantonal au sujet du parc éolien de Sainte-Croix -le premier à avoir émergé, voilà près de vingt ans-, donne du crédit à cette allégation. A la demande de compléments d’étude concernant le bruit et l’avifaune formulée pour le projet du Balcon du Jura s’ajoute désormais un autre exemple communiqué par l’association Paysage- Libre Vaud.

Le report d’échéance concerne le parc éolien «Tous-Vents», les communes d’Essertines-sur-Yverdon, Orzens, Pailly, Ursins et Vuarrens y sont associées, dont la mise à l’enquête était programmée ce printemps. Un revirement de situation consécutif, entre autres, à la prise de position de l’instance cantonale sur le dossier sainte-crix, comme Jean-Marc Blanc, le secrétaire général de l’association anti-éolienne le suppose? Aucunement, répond la société KohleNusbaumer, en charge de la planification, par le biais de son directeur associé Hervé Nusbaumer. «Dans une volonté d’affiner les mesures pour le choix des éoliennes et de répondre aux meilleurs standards internationaux, la décision a été prise d’attendre les premiers résultats du mât de mesure du vent avant la mise à l’enquête publique du plan d’affectation», déclare-t-il. L’activité de cette installation étant prévue sur une année, ladite mise à l’enquête «devrait finalement avoir lieu dans le courant de l’année 2016», ajoute-t-il.

Davantage de crédibilité

Philippe Dind, le syndic d’Essertines, la commune destinée à accueillir le mât, qui faisait l’objet de deux oppositions levées en Municipalité, relève qu’une telle démarche aura l’avantage d’apporter un supplément de crédibilité au projet.

S’il n’a visiblement pas eu d’impact sur le déroulement des opérations lié à «Tous-Vents», le verdict du Tribunal cantonal concernant Sainte-Croix n’en laisse pas moins le chef de l’Exécutif perplexe. «Plus de quinze ans, c’est beaucoup trop long comme procédure», déplore-t-il. Son homologue de Pailly Nicolas Brandt s’avoue lui aussi «dubitatif ». «Nous sommes un peu esseulés, livrés à nous-mêmes. Contrairement au Canton de Neuchâtel, Vaud n’adopte pas une position ferme dans le doma ine de l’énergie éolienne », observe-t-il.

Etudes à la pelle

La Municipale Gloria Capt, qui représente la Ville d’Yverdon-les-Bains au sein du Conseil d’administration d’Energie Naturelle Mollendruz S.A., juge le nombre d’études à réaliser dans le cadre des projets éoliens exagéré. «Le coût occasionné est énorme. Il s’élève rapidement à plusieurs dizaines, voire centaines de milliers de francs», relève-t-elle. Elle rappelle que, comme les autres communes partenai res du parc éol ien du Mollendruz, Yverdon-les-Bains a dû participer à la recapitalisation de la société. De tels efforts financiers à consentir sont de nature à mettre à mal la concrétisation de projets correspondant pourtant à la volonté politique fédérale, tient elle à souligner.

«Qu’est-ce qui est le plus important? La sortie du nucléaire ou la sauvergarde de l’alouette lulu?», demande-t-elle.

La municipale de la Cité thermale précise, par ailleurs, que le cas sainte-crix diffère de celui du col jurassien, où les habitations proches se résument à quelques chalets d’alpage dont les locataires sont favorables à l’implantation d’éoliennes. «A Cronay, nous avons abandonné en raison de la réticence de la population», déclare-t-elle. Martine Favre, directrice de VO Energies, met, elle aussi, l’accent sur l’indispensable soutien populaire que sa société et les autres partenaires du projet Sur Grati cherchent à obtenir à travers, notamment, la recherche de transparence en matière de communication. «Mais un projet éolien est plus un marathon qu’un 100 mètres», admet-elle.

Ludovic Pillonel