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Les 24H du Mans avec le coeur pour seul moteur

28 août 2009
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Jean-Pierre Lovis (à g.) est relayé par le Nord-Vaudois Pierre-Alain Rinsoz. En tout, un millier de coureurs se relayaient sur le circuit Bugatti. ©SD

Une poignée de Nord-Vaudois ont participé à la première édition de la course mythique… mais à vélo! Récit. 

Le goût du cyclisme ne se perd jamais. Quand on l’a, on le garde. Jusqu’à tenter toutes sortes d’expériences un peu folles. C’est ce qu’on vécu une poignée de Nord-Vaudois le week-end dernier, lorsqu’ils se sont retrouvés plongés dans le mythique circuit Bugatti des 24H du Mans, mais au guidon d’un vélo!

«On est quelques-uns à rouler ensemble au vélodrome d’Aigle Et lorsque l’on a pris connaissance de l’événement, on a décidé de faire des équipes», raconte Pierre-Alain Rinsoz, d’Yvonand. Lui, en duo avec le Lausannois Jean-Pierre Lovis, ainsi que Jean-Paul Dutoit et Didier Mezenen (du VC Orbe), eux aussi en duo, et l’Urbigène Samuel Wyss, en individuel, sont partis pour la France, participer à la toute première édition des 24H Vélo du Mans. Un événement qui a réuni plus de 280 équipes, soit un bon millier de coureurs, dont plusieurs anciens grands noms comme Eddy Seigneur, Roger Legeay ou Stéphane Sarrazin.

Le coup de drapeau donné par Gérard Holtz a lancé ces amoureux de la petite reine pour un raid de 24 heures sur la célèbre boucle. «On imaginait que ce serait plat, mais en fait il y a une bosse de 600 mètres à 6%», souligne Pierre-Alain Rinsoz. Sur place, l’organisation est très professionnelle. Six équipes suisses sont de la partie, dont une autre du Nord vaudois, en quatuor, composée de Jean-Luc Maret, Didier Kalbfuss, Laurent Paonessa et Jean Aronis.

Rouler sur le même circuit que les automobiles est finalement tout aussi excitant que difficile: «Les virages sont plongeants et rapides et pas faits pour le cyclisme. Il y a beaucoup de relances, qui augmentent la difficulté.» Mais le Tapa-Sabllia est bien préparé: il a roulé 8000 km en 2009 et, avec ses amis, participe chaque année au Tour du monde sur piste d’Aigle. «On a tous l’expérience pour savoir gérer une course de 24 heures, en faisant des relais assez longs pour avoir le temps de manger, digérer et se reposer.» Une expérience inoubliable pour tous, dans une ambiance de paddock de course automobile, avec un public nombreux. «Des épreuves qui avant n’existaient pas pour les vieux comme moi, plaisante le Nord-Vaudois de 60 ans. C’était un événement grandiose. A refaire sans hésitation. Je n’avais jamais vu ça, si ce n’est des Championnats du monde organisés sur le Nürburgring il y a longtemps.» Et si dimanche soir, il admet qu’il n’était «pas très vaillant», les souvenirs lui ont permis de rapidement récupérer.

Au final, le duo Rinsoz-Lovis aura bouclé ces 24H à 31,61 km/h de moyenne, soit 765 km accomplis, 45 de plus que souhaités. Un peu derrière le duo du VC Orbe, «plus jeune».

Le défi personnel de l’Urbigène Samuel Wyss

«Il y a 14 mois, je remontais sur le vélo, en roulant à 15 km/h de moyenne, en une heure, j’étais épuisé.» Samuel Wyss, papa de Danilo, sort d’une maladie lourde. Il a décidé de faire ces 24H à Vélo seul. «C’est une victoire sur la vie pour moi. J’ai pu réaliser quelque chose d’un peu spécial, que je ne pensais plus pouvoir refaire un jour. J’ai pris beaucoup de plaisir et c’est une immense joie d’y être parvenu.» Mais l’Urbigène a aussi vécu une épreuve unique. «C’est totalement novateur! Au départ, on court pour aller chercher nos vélos. Tous les hymnes nationaux ont été joués. On devait rouler à 20 km/h maximum dans les stands. Comme lors d’une course de voitures.» Et puis, l’ambiance était atypique. «Les coureurs individuels, on a été très encouragés par les autres, qui participaient en groupe.» Car 24H du Mans, certes en gérant ses pauses, il faut le faire. Avec pour seul moteur, leur coeur.

Manuel Gremion