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Les aînés hyperactifs veulent rester jeunes

6 novembre 2009

Entre bénévolat, engagement politique et baby-sitting, les aînés ont un agenda aussi chargé que celui de leurs enfants. Pro Senectute Vaud rappelle qu’ils n’ont pas tous les moyens financiers pour s’occuper. Eux expliquent qu’ils s’adaptent à la société d’aujourd’hui pour ne pas se couper définitivement de la jeunesse.

Robert Vaucher.

Robert Vaucher.

Lundi: café avec une copine. Mardi: vente de pâtisseries. Mercredi: dîner avec les enfants. Considérés comme des consommateurs en puissance, les aînés semblent avoir un agenda aussi rempli qu’un trentenaire. Ces retraités formeraient-ils donc une nouvelle sorte d’hyperactifs, à l’image de l’Yverdonnoise Heidi Botteron ou du Tapa-Sabllia Robert Vaucher?

Petit bout de femme aux cheveux blancs, Heidi, 70 ans, s’investit pour son quartier et fait partie de la commission extraparlementaire du feu à Yverdon. Le reste de son temps, l’ex-conseillère communale le consacre en grande partie à sa fille et à ses petits-enfants, aujourd’hui adolescents.

L’emploi du temps de Robert Vaucher, 65 ans, n’est pas moins chargé. Membre du comité de la région Arc Jurassien de Pro Juventute, l’ancien enseignant est également membre du conseil d’administration de la Banque Raiffeisen, de l’Union des retraités de l’Etat de Vaud, président de l’assemblée de paroisse, et un heureux grand-père.

Pas tous égaux

Pour la porte-parole de l’association Pro Senectute Vaud, Charlotte Christeler, on ne peut pas généraliser. «Il existe effectivement de jeunes retraités très actifs. Ils font du bénévolat, du sport, suivent des conférences, bref, ils profitent de choses qu’ils n’ont peut-être pas eu le temps de faire avant. Ils ont cette volonté de s’occuper, ou l’intérêt, mais chaque cas est différent. Il faut aussi avoir les moyens financiers de rester actif. L’image de riches rentiers largement véhiculée par les médias ne représente qu’une partie de la réalité sociale.» Charlotte Christeler parle aussi volontiers d’un clivage de l’âge: «Les aînés voient leurs amis disparaître. La santé, qui se détériore, peut aussi contraindre certains à rester à la maison.»

Ancienne aide familiale devenue employée bancaire, Heidi en a fait récemment l’expérience. Une crise d’asthme, doublée d’une bonne bronchite, lui a fait voir la grande faucheuse de près: «Je pensais réussir à me soigner avec des méthodes de grand-mère. J’ai attendu jusqu’au jour où ma crise d’asthme m’a fait suffoquer. Je n’arrivais même pas à appeler au secours. C’est une quinte de toux qui m’a sauvée. La prochaine fois, j’appellerai le 144 dès que je sentirai la situation dégénérer. Le fait est que dans mon coeur, je n’ai pas l’impression d’avoir 70 ans!»
Etre actif serait également une question de volonté. «Dans un village, tout le monde se connaît, explique Robert Vaucher. Il y a toujours un voisin pour discuter. En ville, on peut en tout temps aller boire un café. Il ne faut pas se laisser aller. Sans vouloir s’incruster ou s’accrocher, il ne faut pas faire le vide autour de soi.» Une manière de vivre également de mise chez Heidi. Selon la grand-mère, il existe bel et bien de «vieux teigneux que la jeunesse n’a pas envie d’approcher».

Actifs par nécessité

Avec son téléphone portable à portée de main, l’Yverdonnoise est au contraire en tout temps disponible pour ses petits-enfants. Parce qu’elle le veut bien, par amour, mais aussi par nécessité: «Beaucoup de grands-parents s’investissent pour seconder un parent, seul, ou être présents lorsque les deux parents travaillent.» Taxi à ses heures, Heidi est également l’adulte qui portera plainte à la police pour un porte-monnaie perdu. «Cela me touche lorsque mes petits-enfants me disent que je suis une vieille qui a su rester jeune. Je trouve ça nickel. Pour une meilleure compréhension des générations, il est important que jeunes et vieux se côtoient.»

Baby-sitter le jeudi, Robert confirme l’importance d’un tel rapprochement, tout en relevant l’obligation de rester à la page: «Avant, toutes les générations étaient réunies sous un même toit et vivaient la même chose. Aujourd’hui, pour éviter la coupure avec nos enfants, nous sommes contraints de suivre l’évolution technologique. Nous nous adaptons.»

Désormais en meilleure condition physique que leurs parents, nos aînés apparaissent comme une nouvelle génération d’actifs qu’il est impossible d’ignorer, comme le souligne Charlotte Christeler: «Si la retraite signifiait autrefois la fin de quelque chose, aujourd’hui, elle est synonyme du début d’autre chose.»