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Les castors s’offrent un loft à la plage

5 mars 2019 | Edition N°2449

Yverdon-les-Bains –  Le Service des travaux a construit une hutte artificielle pour les rongeurs. Ils en ont tout de suite pris possession.

Un adulte et un jeune castor se sont installés dans leur hutte artificielle, avant même que celle-ci ne soit finie, à la plage d’Yverdon-les-Bains. La cohabitation entre l’humain et les rongeurs se présente donc sous de bons auspices, après que la Ville a décidé de leur créer un logement sur-mesure. Les petits mammifères avaient en effet pris possession du site destiné à accueillir une base nautique pour le stand-up paddle, le kayak et le pédalo, et leurs galeries souterraines fragilisaient le sol.

Famille monoparentale

Depuis 2017, les autorités ont remarqué une recrudescence de ces rongeurs au bord du lac, et notamment au bord de la Thièle et du Buron. Les castors sont arrivés dans la région par l’Orbe, puis la Menthue, et ont fini par coloniser les rives du lac et ses affluents. «Nous avons essayé de les empêcher de s’en prendre aux arbres en posant un enduit à base de sable de quartz. Mais ça n’a rien donné. Nous avons ensuite essayé de protéger les feuillus avec des grillages, relève Lionel Guichard, responsable des Espaces verts de la Cité thermale. Mais en creusant ses terriers, l’animal a provoqué des affaissements du sol dangereux pour les usagers. Comme le castor est un animal protégé, il fallait trouver une solution pour qu’il puisse cohabiter avec nous.»

Les travaux de construction de la petite hutte ont démarré lundi dernier. Des éléments en béton préfabriqués ont été posés de manière à recréer une sorte de chambre. Le lendemain matin, à leur plus grande surprise, les ouvriers ont réalisé que les castors avaient déjà pris possession des lieux et ramené des branchages. Mardi soir, la maison était terminée. «Pour nous, c’est le signe que notre projet a très bien fonctionné», se réjouit le responsable. La pose de ces enrochements a coûté quelque 8000 francs à la Ville.

«Nous savons qu’il y a un adulte et un jeune âgé d’environ huit mois. Nous avons par ailleurs découvert les cadavres d’un autre jeune et d’un adulte sur la rive du lac. Le petit avait été consommé partiellement par un animal et le grand était dans un état de putréfaction qui ne nous a pas permis de déterminer son sexe ou les raisons de sa mort, explique Patrick Porchet, garde-pêche pour la région nord-vaudoise. Du coup, cela ne nous permet pas de dire si c’est un mâle ou une femelle adulte qui s’est installé dans la hutte.»

De son côté, Antoine Sauser, responsable des forêts, des domaines et de la biodiversité au Service des travaux et de l’environnement de la ville, révèle que «de jeunes saules seront probablement plantés aux embouchures des rivières, afin d’éviter que les castors ne s’en prennent à de gros arbres. Mais cela doit encore passer par un préavis et être validé par le Conseil communal. En tous les cas, nous sommes vigilants.» Aujourd’hui, la sécurité peut être garantie sur la zone et les travaux pour l’installation de la base nautique vont pouvoir démarrer sous peu, sans qu’il y ait de risque d’effondrement. «Mais on ne peut pas garantir que les rongeurs ne s’attaqueront pas aux poteaux du ponton!», ajoute Lionel Guichard.

Dominique Suter