Logo
«Les choses bougent beaucoup»
Estavayer, 11 février 2020. Danilo Wyss. © Michel Duperrex

«Les choses bougent beaucoup»

14 février 2020

Danilo Wyss a entamé sa deuxième saison avec l’équipe sud-africaine NTT.

De retour d’Australie la semaine dernière, Danilo Wyss n’a pas eu beaucoup de temps pour souffler: il a été appelé à la rescousse pour compléter l’effectif de NTT (ex-Dimension Data) qui roule au Tour de Provence depuis hier, à la suite d’une défection. Mais l’Urbigène de 34 ans a repris la route de bon cœur depuis son domicile d’Estavayer-le-Lac, alors que la saison a bien démarré pour sa formation.

Danilo Wyss, l’année 2019 a été compliquée pour Dimension Data sur le plan sportif, avec peu de résultats. Comment l’avez-vous vécue?

Un bon recrutement avait été réalisé avec l’engagement de coureurs de la trempe de Roman Kreuziger, Michael Valgren, Giacomo Nizzolo ou même moi. Il y avait aussi de nouveaux vélos. Avec tout cela, l’équipe pensait passer un cap, alors ça a été d’autant plus décevant. La conséquence, c’est qu’il y a eu beaucoup de changements au niveau du staff. Et, en ce début d’année, on sent que ça marche bien. L’esprit est différent, la manière de travailler aussi. Les résultats en constituent la meilleure preuve: on a déjà remporté cinq victoires alors qu’on n’est pas à la mi-février. C’est autant qu’on en avait obtenu jusqu’au mois de juin l’an passé.

Le Danois Bjarne Riis, ancien vainqueur du Tour de France, est devenu copropriétaire de NTT en début d’année. Une arrivée qui a fait grand bruit, compte tenu de son passé, lui qui avait admis s’être dopé durant sa carrière…

Je pense que c’est quelqu’un d’intelligent, qui a su changer. Il ne va pas commettre les mêmes erreurs. Il sait très bien que s’il y a le moindre petit problème de dopage au sein de l’équipe, il sera le premier à se faire taper dessus. Il faut aussi rappeler qu’il y a encore pas mal de managers et directeurs sportifs qui ont roulé à la même époque que lui et qui sont toujours en activité. Au final, les choses bougent beaucoup au sein de l’équipe, et dans le bon sens. Bjarne Riis est quelqu’un qui parle très bien, qui donne des ordres clairs, qui sait motiver ses hommes et créer un groupe. En témoigne le fait que plusieurs personnes qui ont déjà travaillé avec lui ont rejoint le staff, des gens très compétents dans différents domaines.

Dimension Data a été racheté par NTT, opérateur de téléphonie japonais. Qu’est-ce que cela change pour vous?

Concrètement, pas grand-chose, car c’est l’entreprise qui a été absorbée. L’équipe cycliste n’a pas changé de sponsor principal. Les changements concernent surtout la structure de l’équipe et la couleur du maillot.

Et qu’en est-il de l’identité africaine de la formation?

La culture est conservée. L’équipe est d’ailleurs toujours basée en Afrique du Sud, mais on a quelques courses en plus programmées en Asie et un Japonais, Shotaro Iribe, a rejoint l’effectif, ainsi que deux Australiens.

Comment s’est passée votre préparation?

J’ai connu un hiver assez habituel pour moi. Après un camp d’équipe en Espagne en décembre, j’ai passé six semaines en Australie et j’ai participé au Tour Down Under, où j’ai terminé 34e. Les sensations étaient bonnes, je suis content et prêt pour la saison. Je me trouvais au service de Ryan Gibbons, mais il est tombé en début de semaine et en a souffert. On a tout de même remporté une étape grâce à Nizzolo. Mon programme est bien fourni, car après le Tour de Provence je vais enchaîner avec celui de Dubaï, où je ne suis encore jamais allé.

Avez-vous souffert des incendies en Australie?

Il m’est arrivé une fois de devoir faire demi-tour car une route était coupée, ou alors de sentir la fumée en fonction des vents, lors d’entraînements où je me suis dit que ce n’était pas tant bon. Cela dit, je ne me suis jamais retrouvé tout près des feux, le pays est tellement grand.

En savez-vous plus sur la suite de votre programme?

On y verra plus clair courant mars. Je suis juste quasi sûr de participer au Tour de Romandie, ce d’autant plus qu’il y aura une étape à Estavayer. Mais comme il y a pas mal de changements à l’interne en ce moment, il faut attendre un peu pour en savoir plus. Il en va de même concernant mes objectifs.

Il s’agit de votre dernière année de contrat. Comment envisagez-vous la suite de votre carrière?

Je suis motivé à continuer. Je n’ai plus l’adrénaline de mes débuts, certes, mais tant que je suis en forme, ça me plaît de rouler. Mon avenir dépendra aussi du sort de l’équipe, car 2020 est la dernière année de sponsoring de NTT. Des discussions ont cours et il faudra en voir les résultats. Je sais aussi que trouver un nouveau contrat dans une autre formation à 35 ans ne serait pas facile non plus.

C’est aussi une année olympique…

Le parcours à Tokyo est particulièrement ardu, et il y a peu de places aux Jeux. En listant les grimpeurs que l’on compte en Suisse, je suis conscient qu’il sera difficile pour moi d’être appelé. Mais on verra aussi la forme des uns et des autres.

Manuel Gremion