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Les commerces dans la tourmente
Concise, 7 janvier 2019. Grand'Rue, travaux. © Michel Duperrex

Les commerces dans la tourmente

8 janvier 2019 | Edition N°2409

Concise –  En raison des travaux au centre du village, les commerçants craignent pour leur avenir. En quelques mois, certains d’entre eux ont perdu plus de 30% de leur chiffre d’affaires.

L’inquiétude se lit sur le visage de plusieurs commerçants de Concise. Depuis quelques mois, ils ont vu leur chiffre d’affaires diminuer à la suite des travaux d’assainissement des canalisations et de mise en séparatif des eaux claires et usées (lire encadré) qui ont lieu au cœur du village depuis fin septembre.

«Si ma clientèle n’augmente pas, je vais devoir fermer. C’est totalement inquiétant», déplore Sonia Bühler, tenancière de l’épicerie située en face de l’église. En comparaison avec les trois premiers mois de l’année 2018, elle a vu son chiffre baisser de 37% entre début octobre et fin décembre. Si ses étals ne sont pas vides, c’est parce qu’elle a trouvé un arrangement financier avec plusieurs fournisseurs locaux, qui ont bien voulu «jouer le jeu».

Quant à Catherine Keller, qui œuvre au kiosque du village, elle a aussi vu ses ventes diminuer d’environ 30%. «Sans les travaux, c’est déjà difficile de tourner, se tourmente-t-elle. Si ça continue ainsi, c’est la mort!» Depuis quelques semaines, elle consulte d’ailleurs les offres d’emploi «au cas où il faudrait se retourner».

«Les clients restent fidèles»

A côté du kiosque, Jimmy Dyens, un retraité qui tient un snack-bar avec son épouse, relativise: «On est ouvert tous les jours et les clients restent fidèles.» Il ajoute que, malgré le chantier, l’accès aux commerces est toujours possible.

«C’est difficile pour tout le monde, constate pour sa part André Leuenberger, de la Cave du Pontet. Les travaux en cours n’ont toutefois pas empêché sa clientèle de s’approvisionner en vin. Avec le retard du chantier à la Grand’Rue en raisons de fouilles archéologiques (lire encadré), le vigneron estime même qu’il a plutôt eu de la chance, puisqu’il a pu organiser ses portes ouvertes comme chaque année au mois de décembre. «Pour moi, ça ne va pas changer grand-chose, poursuit-il. Mais par moments, j’ai l’impression que les autorités ne se rendent pas compte de la fonction sociale des petits commerces.» A titre de représentant des commerçants, il s’est d’ailleurs  entretenu avec la Commune, en juillet dernier, pour savoir s’il serait possible d’obtenir une aide financière, en vain. «On doit se débrouiller par nous-mêmes», affirme-t-il.

Prendre son mal en patience

Patrick Jaggi, syndic de Concise, indique que la mise en séparatif des eaux est une obligation légale et que la Commune n’avait pas d’autre choix que d’entreprendre ces travaux.  «Nous en avons déjà discuté avec les commerçants, mais malheureusement, il n’y aura pas de compensation, même si c’est extrêmement dur pour eux. Ils doivent s’adapter et prendre leur mal en patience.» Selon lui, l’entreprise chargée du chantier a veillé dès le début à ce que les magasins demeurent accessibles aux riverains.

Patrick Jaggi reste toutefois perplexe sur le lien entre les travaux et la baisse du chiffre d’affaires de certains commerces. Il déplore notamment l’attitude de l’épicière. «Cela me fait un peu sourire qu’elle se plaigne à présent alors qu’elle s’était déjà apitoyée sur son sort, en juin dernier, lorsqu’elle avait lâché l’agence postale», remarque-t-il. Pour rappel, Sonia Bühler avait mis un terme à sa collaboration avec le Géant jaune au bout de quatre mois d’activité, estimant que la charge de travail était trop lourde. Cette situation avait laissé un goût amer à la Municipalité qui s’était démenée pour maintenir une agence postale à Concise.

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Valérie Beauverd