Les conséquences du chantier inquiètent déjà
14 mars 2025Le chantier sur la route cantonale qui relie Vuiteboeuf à Sainte-Croix constitue le plus gros projet lancé par le Canton en 2025. Et il génère déjà des mécontentements.
Il est toujours difficile de faire l’unanimité sur des projets de modernisation et de sécurisation des routes. Et le cas de la RC 254 entre Vuiteboeuf et Sainte-Croix ne fait pas exception. Durant la réalisation des travaux qui dureront 4 ans en tout, les nuisances pour les riverains et les usagers réguliers pourraient prendre le pas sur la vision d’avenir d’une circulation sécurisée et fluidifiée.

14 mars 2025. Ste-Croix. 1er coup de pioche – RC254. David Robert, Directeur de TRAVYS, Nuria Gorrite, Conseillère d’Etat, Maude Schreyer, Syndique de Bullet et Yvan Pahud, Syndic de Ste-Croix. © Gabriel Lado
Vendredi à l’Hôtel de Ville de Sainte-Croix, le Département de la culture, des infrastructures et des ressources humaines (DCIRH) représenté par sa cheffe, Nuria Gorrite, a officiellement donné le coup d’envoi des travaux. La Conseillère d’Etat a donné quelques chiffres pour illustrer l’ampleur du projet : «Ce projet est un pas vers un cadre de vie plus fonctionnel, a-t-elle commenté. L’Etat investit 35 millions de francs pour sécuriser et moderniser un tronçon montagneux de 3,7km, pour y percer un tunnel de 180 mètres, créer une voie de dépassement alterné, pour sécuriser les parois rocheuses et rénover les ouvrages de soutènement. De plus, une voie de mobilité douce pour piétons et cyclistes sera également aménagée, tout comme des nichoirs à oiseaux et à chauve-souris.»
Conséquences sur le trafic
La mise en œuvre de la première étape a débuté cette semaine déjà. Et les incidences sur la circulation se font déjà sentir, notamment pour les habitants de Bullet, village par lequel sont actuellement déviés les 6800 véhicules en moyenne qui empruntent quotidiennement «La côte», dont un peu moins de 50% de frontaliers. Autant dire que cela pose quelques problèmes, de sécurité notamment, dans le village du Balcon du Jura.

Maude Schreyer, Syndique de Bullet. © Gabriel Lado
La Municipalité a mené une démarche de terrain mardi matin entre 6h30 et 8h30, en compagnie de la Gendarmerie. «Mes collègues ont arrêté les voitures qui transitaient par le village pour leur donner un flyer et un chocolat afin de les sensibiliser au fait qu’on ne peut pas traverser ce village trop vite et qu’il y a même des endroits où l’on ne peut pas croiser, a détaillé Maude Schreyer, la syndique de Bullet. On aimerait que les enfants du village puissent se rendre de l’école à la salle de gym en sécurité.» Dans la population, cette déviation et ce trafic supplémentaire ne passe pas très bien. «Nous avons été informés très tard de cette déviation qui va durer huit mois, a encore poursuivi l’élue. Il y a eu quelques soucis de communication. Mais on comprend la frustration de la population, tout en reconnaissant qu’il n’y avait pas vraiment d’autre solution.» La Commune de Bullet avait demandé au Canton de pouvoir, à des fins sécuritaires, faire passer la limite de vitesse de 50km/h à 30km/h, ce qui lui avait été refusé.
Interruption estivale
La déviation fait passer la circulation par Bullet et les Rasses jusqu’au 31 octobre. Par ailleurs, du 23 juin au 24 août prochains, la route sera complètement fermée à la circulation et la déviation passera par Champagne, Villars-Burquin, et Mauborget. « Pour l’instant, nous n’avons pas encore été consultés, a concédé Aude Forand, la syndique de Tévenon, dont Villars-Burquin fait partie. Et certains passages de la traversée du village pourraient s’avérer problématiques cet été, notamment pour les poids lourds.»
La Conseillère d’Etat Nuria Gorrite assure que ses services seront à disposition pour réagir rapidement afin de prendre des mesures pour sécuriser au mieux ces traversées de village estivales. « On va d’abord observer l’augmentation de trafic sur ces communes, qui sera réelle, mais ce ne sera pas non plus Los Angeles, a plaisanté l’élue socialiste. Les mesures peuvent être des réductions de vitesse ou la pose de panneaux pour rendre les usagers attentifs au fait qu’ils traversent des villages qui ne sont à la base pas destinés à absorber autant de trafic.» Rien ne sera donc entrepris de manière à anticiper les problèmes, mais les services de l’Etat se tiennent prêts à réagir rapidement en cas de besoin.
Jean-Philippe Pressl-Wenger