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Les cordons vitaux des bourses sportives
La triathlète de Champvent Estelle Perriard fait partie des huit régionaux à avoir reçu une bourse. © Michel Duperrex

Les cordons vitaux des bourses sportives

12 mai 2022 | Edition N°3205

Fonds du sport vaudois - Les sportifs du canton ont reçu leur part des 660 000 francs remis par la fondation distribuant l’argent de la Loterie Romande, mardi soir à Yverdon. Une bouffée d’oxygène pour ces athlètes. Quatre régionaux en témoignent.

«C’est la différence entre manger du riz ou des pâtes.» Cela fait bien longtemps que Guillaume Dutoit se bat, année après année, pour pouvoir continuer à pratiquer son sport et, on l’aura compris, il apprécie les pâtes au moins autant que le riz.

Mardi, lui et près de cent autres sportifs d’élite vaudois ont reçu un soutien financier qu’ils apprécient à sa juste valeur. Une aide que le plongeur de Vuarrens qualifie même de «vitale», comme celle de l’Aide sportive suisse. «Ce sont deux gros morceaux», souligne celui qui a besoin d’entre 40 000 et 50 000 francs pour pouvoir tourner. Les soutiens susmentionnés lui assurent, grosso modo, la moitié de son budget annuel. Membre du Lausanne Natation, il est également soutenu par la Ville de son club.

«Pour réussir à tourner, à présent que je ne suis plus aidé par mes parents, je travaille à côté du sport», raconte le champion de Suisse en série, 26 ans. En tant qu’entraîneur au sein de son club, mais également pour l’Université de Lausanne en tant qu’enseignant au plongeon et, enfin, en tant que masseur, métier pour lequel il se forme depuis des années à côté de la pratique de sa discipline au plus haut niveau mondial.

«Vous êtes celles et ceux qui suscitent des vocations, qui enflamment la passion et qui font rêver.» Philippe Leuba, ministre des Sports du Canton de Vaud, à l’endroit des sportifs 

Le discours d’Estelle Perriard n’est pas différent, elle qui parcourt le globe pour disputer des épreuves de Coupe d’Europe et de Coupe du monde de triathlon. «Si mes courses sont sur le continent, alors ça va, mais si je vais plus loin, les frais augmentent», souligne celle qui a prévu une tournée asiatique d’un mois à son programme, en fin de saison.

La triathlète de Champvent estime son budget annuel sportif entre 20 000 et 30 000 francs, en fonction de son programme. Ses partenaires sont essentiellement des équipementiers, ce qui lui permet d’économiser sur le matériel. Et si les courses se déroulent bien, elle peut compter sur quelques primes gagnées. Pas de quoi s’enrichir, néanmoins. «En fin de compte, la différence entre la première et le top 10 est énorme.»

Comme pour tous ces sportifs de haut niveau, qui ne gagnent pas encore suffisamment d’argent grâce à leurs résultats pour subvenir à leurs besoins, toute forme de soutien est une source d’apaisement. «C’est vrai qu’on n’est jamais à l’aise, reconnaît Estelle Perriard, bien qu’elle s’en sorte. On doit toujours penser à l’aspect financier.»

Si Guillaume Dutoit et Estelle Perriard ont de nombreuses années d’expérience dans le domaine derrière eux, d’autres y plongent. C’est le cas, par exemple, de Laurent Garnier, qui vient de commencer sa carrière de paracycliste au plus haut niveau. «Je suis allé rouler en Belgique dernièrement. Rien que le déplacement m’a coûté 800 francs», glisse le quinquagénaire de Grandson.

Arthur Boudier, lui, a intégré les cadres nationaux élite de badminton en septembre dernier. «Comme je démarre sur le circuit, j’ai besoin d’amasser les points et, donc, de faire beaucoup de tournois, relève l’Yverdonnois de 19 ans. Entre l’avion, l’hôtel et l’inscription, il faut compter entre 800 et 1000 francs de dépenses pour chacun d’entre eux, et il m’arrive d’en faire trois par mois. Alors oui, ce soutien du Fonds du sport fait beaucoup de bien! Mes parents m’aident beaucoup, mais je cherche des solutions pour les soulager.»

Les terrains, les volants et les entraîneurs sont mis à disposition par Swiss Badminton. L’équipement (raquettes, chaussures, etc.), coûteux, est fourni par son sponsor – ce qui n’était pas le cas auparavant –, mais le joueur du BC Yverdon a tout de même besoin de 30 000 francs annuels pour tourner. Et comme il est bientôt remis d’une blessure à un poignet, les dépenses vont rapidement reprendre. Comme pour tous les autres.

 

660 000 francs ont été distribués aux sportifs détenteurs de cartes Swiss Olympic par la Fondation Fonds du sport vaudois, mardi soir à La Marive. Les bourses or (3) sont dotées de 12 000 francs, celles d’argent (17) de 10 000 francs, celles de bronze (25) de 8000 francs et celle élite (49) de 4000 francs. Des montants auxquels ont été ajoutés 1000 francs supplémentaires par carte, comme l’an passé. Un cadeau décidé en raison des difficultés rencontrées par les sportifs en temps de pandémie.

94 sportifs (38 filles, 56 garçons), pratiquants de 35 disciplines différentes, ont reçu une bourse.

8 régionaux ont été soutenus: Arthur Boudier (badminton, photo n° 1), Marina Licini (twirling, n° 2), Guillaume Dutoit (plongeon, n° 3), Estelle Perriard (triathlon, n° 4), Loïc Gasch (saut en hauteur, n° 5) Lionel Schwander (judo, n° 6), Sylvain Fridelance (triathlon, n° 7) et Laurent Garnier (paracyclisme, n° 8). Une liste à laquelle on peut ajouter plusieurs judokas qui s’entraînent presque quotidiennement au Centre national de performance à Yverdon.

Manuel Gremion