«Les derbies sont les meilleurs matches»
12 décembre 2024 | Texte: Lucas Panchaud | Photo: Gabriel LadoEdition N°3851
Arrivé discrètement durant l’été, Moussa Baradji fait peu à peu ses galons dans le onze d’YS. Rencontre avant le dernier match de l’année, samedi, contre Sion au Municipal (18h).
Dans l’effervescence du mercato estival, l’arrivée de Moussa Baradji à Yverdon Sport serait presque passée inaperçue. Visage encore inconnu du public yverdonnois, le milieu de terrain franco-malien débarquait dans un certain anonymat en provenance de Legnano, modeste club de la banlieue de Milan, en série C italienne.
Parti de sa région parisienne natale à l’aube de ses 20 ans pour poursuivre ses rêves dans le pays du calcio, le jeune homme, qui en a aujourd’hui 24, a pris un pari risqué en se lançant dans l’inconnu, ou presque.
«Cela n’a pas été un choix facile que de quitter mes proches. Avant cela, je ne m’étais jamais éloigné du cocon familial, donc forcément il y a eu des moments de doutes. D’autant plus que je ne parlais pas un mot d’italien. Au fil des mois, cette aventure a forgé mon mental», relate-t-il.
Une expérience qui a facilité ses premiers pas dans le Nord vaudois, où il a pu compter sur l’accueil chaleureux de ses nouveaux coéquipiers pour intégrer le vestiaire.
«J’ai tout de suite tissé de très bons liens avec les autres joueurs, en particulier William Le Pogam et Paul Bernardoni, qui est originaire de la même région que moi», explique le milieu axial.
Côté terrain, en revanche, les présentations entre le joueur formé au FC Mantois et le Stade municipal ont pris quelques semaines de retard.
La faute à une concurrence rude au sein du dispositif d’Alessandro Mangiarratti, mais aussi et surtout aux petites blessures qui ont repoussé ses débuts sous ses nouvelles couleurs. Celui qui a grandi à Limay, en Île-de-France, a donc dû, un peu plus que les autres, prendre son mal en patience.
Depuis le début du mois de décembre et une nouvelle titularisation en Coupe de Suisse face à Lugano, le porteur du numéro 28 semble enfin avoir retrouvé sa meilleure forme. Aligné d’entrée lors du dernier déplacement au Letzigrund, il a même été à l’origine de l’action menant à l’égalisation yverdonnoise signée Mitchy Ntelo.
«Aujourd’hui, je me sens bien. J’ai pu peu à peu reprendre du rythme. Dès que j’ai été suffisamment en jambes, le coach a fait appel à moi. Cela témoigne d’une certaine confiance. Avoir des minutes de jeu, c’est cela qui nous anime en tant que footballeurs.»
Ses récentes performances, bien qu’encourageantes, ne l’empêchent cependant pas de garder les pieds sur terre: «Ce serait présomptueux de dire que j’ai déjà fait ma place. Le groupe est constitué d’éléments de qualité et chacun doit continuer à travailler pour gagner la confiance du staff. C’est important pour la dynamique que tout le monde reste concerné.»
Face à Sion samedi, Moussa Baradji vivra son troisième derby romand depuis son arrivée dans la Cité thermale, après ses apparitions lors des matches aller à la Tuilière et à Tourbillon.
Une perspective qui le réjouit. «Les derbies, ce sont les meilleurs matches à jouer. Nous avons vraiment à cœur de terminer l’année sur une note positive, et d’offrir les trois points à notre public, ici, sur notre pelouse, s’enthousiasme-t-il. Pour ma part, je prendrai ce qu’on me donne. Même si le coach me fait entrer sur le terrain pour dix minutes, je donnerai tout pendant ce laps de temps. Et pourquoi ne pas aussi ouvrir mon compteur buts avant la trêve hivernale?»
Dans un coin de sa tête, le Malien d’origine garde toujours à l’idée de représenter un jour les couleurs de sa terre natale. «Ce serait une vraie fierté, mais comme ici à Yverdon, les places sont chères en sélection. Je dois encore franchir un cap.»
Un cap qu’il a l’occasion de franchir en Super League. La balle est dans ses pieds.