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«Les émotions sont très fortes, car je reviens de loin»
Simon Le Coultre, avec le n° 90. ©KEYSTONE/Adrien Perritaz

«Les émotions sont très fortes, car je reviens de loin»

11 mai 2023 | Edition N°3454

Hockey – National League Alors qu’il avait subi une ablation d’un rein fin janvier et que sa saison avait été annoncée comme étant terminée, Simon Le Coultre a réalisé un incroyable retour au jeu en playoffs. Et a participé à la conquête du premier titre suisse de l’histoire de Genève-Servette, fin avril.

Afin de protéger la sphère privée de Simon Le Coultre, la nouvelle officielle n’était sortie qu’au bout de trois semaines. On savait que le Combier de 23 ans avait été hospitalisé au Tessin après la rencontre entre Ambri-Piotta et Genève-Servette, fin janvier, mais ce n’est que mi-février que la gravité de la situation avait été divulguée: le défenseur des Aigles avait dû subir l’ablation d’un rein. Le club avait alors annoncé que si le Nord-Vaudois allait pouvoir rejouer au hockey, sa saison était en revanche terminée.

Sauf que, fin mars, coup de théâtre: le nom de Simon Le Coultre figurait sur la feuille de match lors de l’acte V des quarts de finale de playoffs contre Lugano. Résultat? Un but inscrit ce soir-là et une fin de saison en apothéose, durant laquelle l’ancien junior du HC Vallée de Joux a activement contribué à la conquête du premier titre de champion suisse de l’histoire du GSHC. Le Combier a accepté de revenir sur ces derniers mois riches en émotions.

Simon Le Coultre, l’euphorie d’avoir décroché un sacre historique est-elle toujours présente, deux semaines après avoir soulevé la coupe?

Oui, elle est toujours là. Quand on saute sur la glace à l’issue du dernier match et que l’on jette tout en l’air, il y a beaucoup d’émotions. Ensuite, on essaie de profiter un maximum avec nos proches qui sont là. Mais en fait, je ne sais pas si j’ai déjà vraiment réalisé… Je n’ai pas encore eu le temps d’être tranquille, de me repasser les images. Ce sont des émotions très récentes.

Sont-elles d’autant plus intenses que vous ne pensiez pas rejouer cette saison, après l’incident d’Ambri?

Clairement! Pour moi, les émotions sont très fortes, car je reviens de loin. Au début, je ne devais pas rejouer cette saison. Puis, on m’a dit que j’avais une chance d’être sur la glace si Genève-Servette se qualifiait pour la finale des playoffs, et j’ai tout fait pour revenir au plus vite.

Vous étiez finalement sur la glace dès les quarts, et on vous a vu très affûté physiquement tout au long des séries…

C’était chouette de pouvoir vivre cette expérience avec l’équipe. Après une blessure, il y a toujours une reprise progressive. Au moment de mettre le programme en place, on s’est donné six semaines avec le préparateur physique, sachant qu’il fallait entraîner les points principaux pour que je puisse jouer au hockey environ un mois et demi jusqu’à la fin de la saison. Il y a eu beaucoup de travail à effectuer, ce n’était pas facile tous les jours, mais je savais où j’allais.

Comment avez-vous réagi lorsqu’on vous a annoncé qu’on allait vous enlever un rein?

Je ne me souviens pas de tout, ni de ce qui s’est passé sur la glace – c’était assez bizarre –, ni après. Forcément, je n’ai pas réagi très bien, mais la nature est bien faite et elle nous a donné deux reins.

Cela a-t-il des conséquences pour vous, tant dans votre vie qu’au niveau du hockey, de n’en avoir plus qu’un?

Non, zéro. Une personne lambda doit manger moins salé et faire attention à la quantité de protéines qu’elle absorbe. En tant que joueur professionnel, j’avais déjà une hygiène de vie saine, alors ça ne change rien. Au niveau du hockey, je n’ai senti aucune différence jusqu’à présent, y compris en ce qui concerne la fatigue et la récupération. On verra par la suite.

Vous avez évoqué dans les médias le soutien de votre famille et de votre copine. Quel rôle a-t-il joué durant cette période difficile?

C’était très important d’être bien entouré, même si je pense que ce n’est pas facile pour une famille d’apprendre qu’un de ses membres va perdre un rein. Et sans ma copine, je n’aurais pas rejoué cette année. Elle m’a poussé, car elle savait qu’on avait quelque chose de spécial à accomplir avec Genève-Servette cette saison.

Les ambitions de titre du GSHC étaient claires. Après avoir terminé la saison régulière en tête du classement, y avait-il de la pression?

On ne s’est jamais cachés. Les quarts contre Lugano ont été compliqués parce que oui, il y avait la pression de devoir gagner, mais on a eu un déclic à l’acte V. Puis, contre Zoug (ndlr: qui a enlevé le titre en 2021 et 2022), on était très concentrés car on savait qu’il s’agissait d’un gros test, qu’on a finalement très bien passé. Et en finale face à Bienne, on savait qu’il fallait absolument tout donner.

On imagine que c’est une fierté de faire partie de l’histoire du GSHC avec ce titre…

Oh oui, très grande! Ce sera gravé à jamais dans l’histoire du club. Même si on savait tout au long de la saison où on voulait aller, on a senti en se qualifiant pour la finale que c’était vraiment possible. Et en disputant le match VII à domicile, on était convaincus qu’on avait peu de risques de perdre, avec l’avantage de la glace et le public qui nous poussait. Mais j’ai rarement vu l’équipe aussi concentrée que ce jour-là, et ce dès l’entraînement du matin.

Comment voyez-vous la suite, en ce qui vous concerne?

Là, c’est les vacances! Et ensuite, je reprendrai les entraînements d’été d’ici fin mai.

 

 

Convaincu par l’augmentation du nombre de joueurs étrangers

La possibilité, pour les équipes de National League, d’aligner six étrangers par match – contre quatre précédemment – lors de la saison écoulée a beaucoup fait parler lors de son introduction. Se posait notamment la question du temps de jeu dont bénéficieraient les Suisses, en particulier lors des supériorités et des infériorités numériques.

«En ce qui me concerne, je m’y suis retrouvé au niveau du temps de jeu que j’ai eu dans les situations spéciales, souligne Simon Le Coultre. Au GSHC, tout le monde a accepté son rôle. L’augmentation du nombre d’étrangers a amélioré le niveau global de la ligue, et j’ai beaucoup progressé en côtoyant ceux de Genève.»

Muriel Ambühl