Les finances communales sous pression
19 novembre 2012Les communes vaudoises avaient accepté de passer à la caisse pour soulager le Canton en difficulté. Aujourd’hui, elles ne sont plus disposées à payer le même prix, car leurs finances plongent vers le rouge.
Le temps où le Canton ployait sous une dette de quelque 10 milliards de francs est révolu. La conjonction d’une politique de rigueur, incarnée par le conseiller d’Etat Sainte-Crix Pascal Broulis, d’une baisse des taux d’intérêt, et d’une dynamique économique exceptionnelle -le produit intérieur brut (PIB) vaudois a régulièrement dépassé la moyenne suisse ces dernières années- a permis au Canton de Vaud de retrouver une santé financière réjouissante.
Gros effort des communes
Mais durant ces dix dernières années, les communes vaudoises ont aussi largement contribué au rétablissement des finances cantonales, en participant dans une plus grande mesure à l’effort. Elles ont, entre autres, passé leur participation à la facture sociale de trente à cinquante pourcent.
Des négociations difficiles avec l’Union des communes vaudoises (UCV), l’organisation majoriaire, et, plus tard, avec l’Association des communes vaudoises (ADCV) ont à chaque fois permis d’aboutir à un compromis.
Le vent a tourné
On rappellera les récentes négociations sur la mise en oeuvre de la police coordonnée et sur son financement, avec un mécontentement perceptible côté communes, qui ont le sentiment d’avoir été bernées lorsqu’elles analysent le rapport prix-services.
Aujourd’hui, les finances communales plongent vers le rouge et les communes veulent discuter de la répartition des charges, tout particulièrement de la fameuse facture sociale, qui, en l’espace de quelques années, est passée de 600 millions à 1,2 milliard. Une facture qui va d’ailleurs continuer à augmenter puisque le relèvement du plafond à 82 000 francs de revenu peut faire passer potentiellement le nombre de ménages et droit d’obtenir un subside à près de 190 000 (plus du quart de la population vaudoise).
Négociations
«On va négocier avec l’Etat. Lorsqu’on prépare les budgets, on se rend compte qu’on n’y arrive plus. Les dépenses explosent, en particulier à cause de la facture sociale», relève Julien Cuérel, syndic de Baulmes et membre du comité de l’UCV.
Le syndic de Baulmes ne manque pas d’arguments: «A l’époque, dans le cadre d’Etacom (programme d’économies et de nouvelle répartition des tâches), notre participation à la facture sociale a passé de trente à cinquante pourcent, sans bascule d’impôt. Il fallait aider le Canton à assainir sa situation financière. L’Etat a amené d’une certaine manière les communes à se retrouver en difficulté. Il faut que nous retrouvions un certain équilibre.»
Les négociations entre Canton et communes vont avoir lieu, dans un premier temps, dans le cadre d’un groupe de travail qui comprendra notamment, côté communes, Didier Lohri, syndic de Bassins, Claudine Wyssa, syndique de Bussigny-près-Lausanne et présidente de l’UCV, et Julien Cuérel, ainsi que des représentants des Services cantonaux des communes et des finances.
«Nous ne voulons pas entrer en guerre. Mais il faut que tout le monde prenne conscience du problème. Il faut que le Canton reprenne une partie des charges à son compte», conclut Julien Cuérel.