Les gardes-frontière n’ont pas chômé

Présenté hier à Martigny, le bilan d’activité 2013 du Corps des gardes-frontière Vaud-Valais fait état de 6634 interventions, un chiffre qui correspond à une hausse significative.

Couverture d’un livre d’anatomie ou bouteille en deux parties assemblables : les trafiquants ne manquent pas d’idées pour dissimuler la drogue, comme le montre le chef du Service stupéfiants de la région V, Bernard Bapst.

«L’année dernière a été un très bon cru, tant d’un point de vue qualitatif que quantitatif.» Commandant de la Région V (qui regroupe les agents du Corps des gardes-frontière des cantons de Vaud et du Valais), le lieutenant-colonnel Jean-Luc Boillat affichait un moral au beau fixe à l’heure du bilan.

Tous domaines confondus, 6634 interventions ont été réalisées, contre un peu plus de 5900 en 2012. Illustrations à l’appui, l’intervenant a tenu à démontrer que les collaborateurs de sa structure, qui «passent parfois pour des empêcheurs de tourner en rond ou des traqueurs de salami et de beurre», ont affaire à de redoutables adversaires. Plus de 100 000 euros dissimulés dans le plafonnier d’un véhicule, matériel électrique caché à l’intérieur d’appareils électroménagers destinés à l’Italie, sans oublier le nombre record de 223 boulettes retrouvées dans le corps d’une mule (personne ayant ingéré des drogues pour les transporter): les individus épinglés ne manquent pas d’ingéniosité.

Hausse d’interventions liées aux stupéfiants

Avec 1273 infractions constatées contre les 740 enregistrées en 2012, les infractions à la Loi sur les douanes (LD) liées aux produits stupéfiants sont en nette augmentation. La quantité de haschich saisie atteint 2,6 kilos, contre 129 kilos de marijuana et 6,3 kilos d’héroïne. Les 3,7 kilos de cocaïne interceptés représentent une baisse en regard des 5,5 kilos de l’année 2012.

Parmi le kilo et demi correspondant aux autres substances, la psilocybine, un hallucinogène que l’on retrouve dans des champignons, concerne la région. «Ils sont récoltés dans certains endroits du Jura de juillet à septembre », indique le chef du Service des stupéfiants de la Région Vaud-Valais, l’adjudant d’état-major Bernard Bapst.

Vallorbe est un endroit stratégique

La calandre de ce poids lourd contenait onze cartouches de cigarettes. L’augmentation des cas de contrebande professionnelle inquiète (lire ci-dessous).

Il relève que le poste de Vallorbe revêt une importance particulière dans le sens où il s’agit d’un important axe nord-sud pour le trafic. «On a tendance à l’ignorer, mais autant de camions passent par cet endroit que par la douane de Bardonnex, à Genève. D’autre part, l’aéroport voisin de Dôle se développe», signale-t-il. Il ajoute que le trafic de produits stupéfiants y est plus conséquent que sur la Côte. «Avant, on n’y interceptait pas de mule, or c’est le cas maintenant», conclut-il.

Hormis le périmètre de la Cité du Fer, le poste de Vallorbe-Nord vaudois dessert notamment les postes de douane de L’Auberson et du Brassus. Il regroupe actuellement 35 collaborateurs. Les chiffres concernant les interventions menées par les collaborateurs régionaux du Corps des gardes- frontière n’étaient pas disponibles dans nos délais de publication.

Davantage de cas de criminalité transfrontalière

L’année dernière, les gardes-frontière vaudois et valaisans ont mis la main à 111 reprises sur du butin et des objets volés et procédé 60 fois au séquestre d’outillage ayant servi ou destiné à servir à des cambriolages. A Vallorbe, un véhicule lituanien a par exemple été intercepté. Une arme de poing, des médicaments, un permis de conduire contrefait et sept téléphones portables y ont été découverts. Par ailleurs, 304 documents falsifiés ont été saisis (85% dans le trafic ferroviaire) pour l’ensemble de la Région V.

Forte hausse de la contrebande douanière

Le bilan 2013 des gardes-frontière de la Région Vaud-Valais fait état d’une augmentation conséquente des cas de contrebande douanière. A la poursuite de la progression d’importations frauduleuses liée au tourisme d’achat s’ajoutent désormais les cas de contrebande professionnelle. A plus de 210 reprises, d’importantes quantités de produits carnés, d’alcool ou du tabac ont été saisies. «Ce phénomène en plein essor nous inquiète», commente Jean-Luc Boillat, commandant du Corps des gardes-frontière.