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Les Grottes voient poindre le bout du tunnel
Anaëlle Tock, cheffe d’exploitation des Grottes de Vallorbe, montre le bâtiment qui va disparaître.  © Michel Duperrex

Les Grottes voient poindre le bout du tunnel

3 juin 2021

Les ONG ont retiré leur opposition au plan d’affectation visant à sécuriser et à aménager l’accès au site touristique.

«Si toutes les séances de conciliation se passaient de cette manière, ce serait du bonheur!» Stéphane Costantini, syndic de Vallorbe, exprime une réelle satisfaction en évoquant le plan d’affectation des Grottes, qui consiste «en une grande remise en ordre», selon les propos que nous avions relatés en janvier dernier, lors de la mise à l’enquête. En effet, le plan a suscité l’opposition de particuliers, ainsi que de deux associations nationales, Pro Natura et la Fondation suisse pour la protection et l’aménagement du paysage (SL-FP). Au terme de la séance de conciliation tenue en avril dernier, les deux organisations ont retiré leur opposition. Les discussions se poursuivent avec les particuliers.

D’une certaine manière, les deux ONG, même si elles auraient préféré que le nouveau bâtiment d’accueil soit construit sur le parking – situé à quelques centaines de mètres de l’entrée des grottes –, pour rendre à la reculée de La Dernier son aspect naturel, ont fini, après une pesée d’intérêts, par rejoindre la position de la Commission fédérale pour la protection de la nature et du paysage (CFNP).

Directeur suppléant et responsable romand de la Fondation suisse pour la protection et l’aménagement du paysage, Roman Hapka explique le retrait de l’opposition: «Dans l’idéal, nous aurions voulu que l’accueil soit réalisé ailleurs. Par exemple dans le bâtiment désaffecté de Romande Energie, situé près du parking. Ce qu’on souhaite, c’est une mise en valeur non seulement des grottes, mais de l’ensemble du site. Cette reculée est une curiosité karstique exceptionnelle. D’ailleurs le Canton va en élever le niveau de protection.»

Pour rappel, en 2019, la CFNP avait procédé à une visite locale, à l’issue de laquelle, tout en critiquant certains aspects du projet, elle en avait souligné les qualités: «Le remplacement du bâtiment et l’intégration des installations construites contre les dangers naturels avec les améliorations sécuritaires liées offrent donc une chance d’amélioration de la situation paysagère.»

L’institution de référence soulignait également l’amélioration «de l’apparence esthétique», considérant en définitive «que le renouvellement des infrastructures prévues, en intégrant le bâtiment d’accueil, ne portera qu’une atteinte supplémentaire légère à l’IFP (Inventaire fédéral des paysages)».

Pour la Commune de Vallorbe, il ne reste désormais que trois oppositions – individuelles et collective – à traiter, celles de voisins qui sont dérangés par le trafic, routier et piétonnier, généré par le site. «Nous avons déjà eu des séances de conciliation et nous devons encore discuter avec eux», explique le syndic.

Stéphane Costantini est convaincu de la qualité du projet, qui permet au passage de réaliser une «remise en ordre» à tout point de vue: «Ce projet est soutenu par la Commune. C’est un bon projet qui permet de finaliser le site et d’offrir un accueil en adéquation avec les standards d’aujourd’hui.»

L’élu, en charge de l’aménagement du territoire, a conduit les discussions avec les opposants dans un esprit de compromis. La Commune, actionnaire de référence, est impliquée dans la société Grottes de Vallorbe SA. Elle est représentée par deux délégués au conseil d’administration. Ouvertes avant Juraparc, les grottes ont été, et restent, un des moteurs du tourisme vallorbier.

Sans nier les intérêts de la Commune dans ce dossier, Stéphane Costantini en relève les qualités. L’accueil du public pourra s’opérer dans des conditions sensiblement améliorées, tout en renforçant la sécurisation du site, sensible aux chutes de pierres. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’une dalle de protection et des filets ont été placés il y a quelques années.
Face aux représentants des ONG, le syndic de Vallorbe s’est voulu rassurant: «Il n’est pas question d’exploiter un restaurant, mais simplement d’avoir un coin cafétéria où il serait possible de servir des petites choses, comme des tranches de gâteau. Et si une fois on y fait une fondue, ce n’est pas dramatique.»

Lorsque les oppositions qui subsistent encore seront traitées, la Municipalité rédigera un préavis à l’attention du Conseil communal, qui doit donner son feu vert. Ce préavis devrait être déposé dans le courant de l’été. Le syndic conclut en relevant l’énorme travail réalisé dans ce dossier par Pierre Honsberger, spécialiste des études environnementales, et l’architecte Romain Carnal pour le compte de la société des grottes.

 

Fréquentation dopée par la limitation des voyages

 

Aussi étonnant que cela puisse paraître, les mois de fermeture imposée par les restrictions sanitaires n’ont pas eu d’influence sur la fréquentation des grottes. «Au contraire, nous avons accueilli 60 000 visiteurs, avec trois mois d’exploitation en moins. On a eu beaucoup de Suisses allemands et de Français. Et ce début de saison est excellent», relève Serge Audemars, président du conseil d’administration de Grottes de Vallorbe SA. La société a tenu son assemblée, en petit comité, fin mai. «J’espère que nous pourrons présenter le projet à nos actionnaires cet automne», ajoute le président. L’exercice 2020 s’est conclu par un excédent, avant amortissements, de 260 000 francs.

Une fois le permis de construire délivré, les travaux pourraient débuter, à la fin de l’automne. Ils seraient poursuivis et achevés durant la fermeture hivernale 2022-23. En effet, généralement, les grottes ne sont ouvertes au public que des Rameaux à novembre.

Isidore Raposo