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Les hôpitaux font dans l’image choc pour leur promo

23 décembre 2019 | Edition N°2649

Charcutage de doigt au couteau à huîtres, fêtard brûlé vif ou encore fillette s’étouffant… La campagne de fin d’année des EHNV est humoristique, mais plus musclée que les habituels films de Noël.

On n’y voit pas de zombies parcourir les couloirs ou dévorer tout cru des nourrissons à la maternité, mais la nouvelle campagne de communication des établissement hospitaliers du Nord vaudois (EHNV) opte pour un style tout de même assez radical afin de mettre en avant le personnel qui sera mobilisé durant les Fêtes. À travers cinq vidéos de dix à quinze secondes, les EHNV dressent une petite liste des accidents qui, entre la dinde aux marrons et la bûche de Noël, pourraient ternir les festivités et mener aux urgences. Le tout avec quelques effusions de faux sang, une scène d’électrocution et des cris d’horreur… «Ces vidéos sont le fruit du travail de l’agence Grouxprod, avec laquelle nous avions déjà collaboré l’an dernier pour une série de clips sur l’attente aux urgences et la facturation, explique Loïc Favre, responsable communication. Saluée par un prix, cette précédente campagne s’inscrivait déjà dans un style humoristique mais plus direct que ce qui était d’usage jusqu’alors: «On a cependant veillé à ne pas aller trop loin, notamment en ne montrant pas directement les scènes les plus choquantes», poursuit le communicant. Sur la plupart des vidéos, l’action dramatique se déroule en effet majoritairement hors-champ, mais pas besoin d’être Einstein pour comprendre ce qu’il se passe. Image la plus dure de cette série de clips, la scène montrant une fillette s’étouffant après avoir avalé un puzzle est du reste accompagnée d’un message de prévention pour éviter que la vision d’horreur ne devienne réelle. «On ne voulait pas que ce soit gratuit. Il s’agissait d’attirer l’attention sur certains dangers, tout en mettant en valeur le personnel.»

Une consécration?

Amateur chevronné de films d’horreur, Alain Kaehr observe avec bonheur ce flirt avec un style qu’il défend depuis des années. Après les invasions de zombies des années 1960, les slashers type Freddy ou Vendredi 13 dans les années 1980, il explique que la mode est revenue depuis quelque temps à des histoires qui pourraient réellement arriver aux spectateurs. Il place le film Scream, de 1996, aux origines de cette tendance: «La communication institutionnelle a suivi la même pente, ce qui est très réjouissant», s’enthousiasme le fondateur et rédacteur en chef de CinéFun. Pour lui, l’irruption de procédés issus du cinéma de genre dans des vidéos comme celles des EHNV pourrait même redonner un sérieux coup de boost à un genre qu’il affectionne au point de courir les festivals spécialisés. «On voit que cette manière de faire fonctionne bien dans le cadre de la prévention routière, aussi. À mon sens, c’est une consécration pour un type de cinéma que le public avait un peu délaissé. J’espère que les gens auront un regard différent lorsqu’ils se retrouvent face à un tel film.»

 

Raphaël Pomey