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Les jeunes face au fléau du racisme
Sylvie Carrel. © Michel Duperrex

Les jeunes face au fléau du racisme

29 avril 2021

Au Collège des Rives, les élèves ont mis en place un projet engagé contre le racisme. Actuellement exposé dans l’atrium de l’école, ce projet est né des médiateurs, dont Sylvie Carrel.

«Beaucoup de colère s’est exprimée chez certains élèves. Pour eux, la parole a été assez libératoire», témoigne Sylvie Carrel, médiatrice au Collège des Rives et initiatrice d’un projet contre le racisme. Qu’ils aient été directement ou indirectement confrontés à des actes ou des paroles racistes, les élèves de 9e, 10e et 11e année ont pu témoigner de leurs expériences personnelles et exprimer leur ressenti face à cette problématique, malheureusement encore très actuelle.

Pendant deux semaines, des témoignages, des dessins, des affiches et des chartes réalisés par les élèves sont exposés dans l’atrium du collège. Accompagnés d’un message poignant: «J’suis pas raciste…et toi?» qui engage chacun à se repositionner et à réfléchir face à ce fléau. Que l’on y soit directement confronté ou que l’on y assiste. Car beaucoup de témoignages, en plus d’être terribles à concevoir, dénoncent le manque d’action des témoins de scènes de racisme.

Ce travail, lancé par les médiateurs du collège, dont Sylvie Carrel, a été organisé de pair avec les professeurs qui ont travaillé sur cette thématique en cours de formation générale, français, histoire, géographie ou encore arts visuels. Ainsi, la totalité des élèves a pu y participer, de près ou de loin.

«Nous avons eu l’idée de travailler sur cette thématique car elle revient régulièrement de la part des élèves. Il y a beaucoup de souffrance exprimée par certains élèves, surtout ceux de couleurs ou de confessions différentes. Certains ont vécu des choses très difficiles en lien avec leur identité», déplore Sylvie Carrel.

Et ces expériences justement, les élèves ont pu les exprimer librement… ou presque. Les jeunes qui le souhaitaient ont eu la possibilité de raconter des histoires liées à des problèmes raciaux. Mais certains ont été censurés par les parents. «Des parents n’ont pas été d’accord que leurs enfants s’expriment par volonté de ne pas faire de vagues et d’avoir le moins d’ennuis possible», explique Sylvie Carrel. Selon elle, cette réaction s’explique dans les cas où le racisme dont les élèves parlent est souvent exprimé par des adultes, voire des enseignants. «Les parents n’ont pas envie que leurs enfants s’expriment de manière à ce que cela crée des mesures de rétorsions».

Pour d’autres au contraire, «c’était un joli exutoire, car certains n’en parlent pas à la maison».

Un exutoire qui dénonce des cas de refus de place de stage ou d’apprentissage en raison de la couleur de peau, de la violence verbale ou physique et bien d’autres témoignages qui font froid dans le dos pour des mineurs déjà confrontés à une réalité terrible mais véridique, même dans la région.

«Pour moi, il y a un gros problème de racisme anti-Noir. Lorsque l’on connaît certains élèves et qu’ils nous disent avoir été refusés à une place parce qu’ils n’ont pas la bonne couleur de peau, ça fait mal. Et ce sont souvent des bons élèves.» Des histoires comme celles-ci, Sylvie Carrel en a découvert une panoplie. «Et ce sont des gens d’ici!» s’indigne la médiatrice.
L’année prochaine, un autre sujet sera abordé dans ce cadre, comme celui de la différence.

Léa Perrin